Pour Yan Pei-Ming, Gustave Courbet est « un peintre pour les peintres »

La même puissance dans le pinceau ou la brosse… La même gifle esthétique devant certains tableaux. La même humanité dans les portraits. La même évidence de la petitesse de l’homme devant certains paysages sombres… Le choix de Pei-Ming pour rendre hommage au maître de la vallée est judicieux...

Yan Pei-Ming, fils spirituel de Gustave Courbet.

À l’occasion du bicentenaire de la naissance de Courbet, Yan Pei-Ming a été invité à rendre hommage à Gustave Courbet,   « un peintre pour les peintres », dit-il.

Si le choix de cet artiste peut paraître surprenant, il s’avère extrêmement judicieux, tant au final, la peinture de Gustave Courbet se retrouve parfaitement dans la peinture de Yan Pei-Ming.

La même puissance dans le pinceau, ou la brosse… La même gifle esthétique devant certains tableaux. La même humanité dans les portraits. La même évidence de la petitesse de l’homme devant certains paysages sombres…

                                                  

Yan Pei-Ming, l’homme dont le talent est reconnu, n’a pas laissé le succès lui tourner la tête. Il est cordial, disponible, attentif à répondre à toutes les questions. Yan Pei-Ming, le peintre, a établi un rapport de connivence très fort avec la peinture de Courbet.

Né en Chine, à Shanghai, mais vivant en France, s’il a accepté d’être l’alter ego du natif d’Ornans, c’est avec une demande : celle de travailler dans le dernier atelier de Gustave. Le bâtiment, racheté par le Département du Doubs n’est pas encore rénové. Néanmoins, le vaste espace intérieur a permis à Yan Pei-Ming d’y travailler. Quatre très grandes toiles y sont accrochées, dont un portrait de Courbet ainsi qu’une immense forêt d’arbres sombres.

 

Les portraits peints par Yan Pei-Ming sont aussi saisissants que ceux peints par Courbet. Le spectateur à l’impression d’être en face d’êtres vivants, avec qui il pourra échanger… sur la qualité de cette exposition, par exemple.

D’ailleurs, quand il peint dans l’atelier de Courbet, Yan Pei-Ming dit qu’il sent la présence de son ancêtre en peinture.

C’est vrai. De cette grande salle qui ressemble encore à un hangar vide, hormis les tableaux qui l’habitent aujourd’hui, sourd une rumeur. Celle de l’arrachement du peintre à sa condition d’homme. Celle de son travail titanesque, parfois. Celle du murmure des modèles et des visiteurs. Celle des fureurs et des grandeurs de la Commune de Paris. Celle de l’exil.

Aujourd’hui, celle du dialogue entre deux géants.

Quand il vivait encore en Chine, Yan Pei-Ming connaissait déjà l’œuvre de Courbet. On en parlait, non pas dans la rue, mais dans les académies de peinture. Le peintre était une référence pour les artistes. On le connaissait aussi pour son engagement politique.

Yan Pei-Ming a engrangé dans sa mémoire, les images des tableaux et les faits d’arme de Courbet. Quand il a visité Ornans pour la première fois, il est allé se recueillir sur sa tombe. Un peintre fait pour les peintres.

Par-delà les siècles, une filiation entre les deux artistes s’est tissée.

Elle se concrétise par un travail nouveau sur les sujets chers à Courbet. Ses truites ont muté en d’effrayants crocodiles sous le pinceau de Yan Pei-Ming. Ses chiens de chasse deviennent loups noirs, gueules sanglantes aux crocs acérés. Ses cerfs et autres biches habitent les corps tout en muscles de redoutables tigres…

Quant aux “marines” de Courbet, elles sont, sous le pinceau de Yan Pei-Ming, tristement contemporaines. Entre un ciel noir torturé, et une eau bleu Méditerranée, flotte un bateau sur le pont duquel une nuée d’hommes est amassée.

À chacun sa colonne Vendôme !

En face de ce tableau, La dame au podoscaphe, tableau de Courbet rapatrié du Japon, pour l’occasion. Le contraste est saisissant.

Yan Pei-Ming, n’est pas fasciné par L’Origine du monde. Il lui fait tout de même un clin d’œil appuyé avec un tableau de femme prostituée, accroupie sur ses escarpins. Elle a un nom : Amélie.

On connait aujourd'hui celui du modèle de L'Origine du monde : Constance Quéniaud, une des maîtresses de Khalil-Bey.

Prostituée, Amélie. 

Le chêne de Flagey ? Yan Pei-Ming le fait cohabiter avec une très belle évocation de Shangaï.

Les paysages de l’un et de l’autre sont époustouflants de puissance, évoquant ce que devaient sans doute être les paysages des origines du monde.

L’esprit de Courbet flotte toujours dans son atelier. Nul doute que celui de Yan Pei-Ming continuera à flotter longtemps au musée d’Ornans.

 

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !