Patrick Pécherot était à Pas serial, s’abstenir !

Patrick Pécherot participait au 22e festival des Littératures policières, noires et sociales. Pas serial s'abstenir ! L'occasion, d'une balade dans sa jeunesse, sa découverte des idées libertaires, son engagement syndical jusqu'à devenir permanent CFDT… Et l'écriture qui s'impose. 

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Patrick Pécherot participait au 22ème festival des littératures policières, noires et sociales, les 11 et 12 mai 2019, à Besançon. Pas serial s’abstenir, toujours piloté par Thierry Loew, est un moment important de la vie culturelle bisontine et régionale, grâce à la qualité des ouvrages présentés, ainsi qu’à la capacité de ses auteur-e-s de rendre compte de sujets noirs, sociaux... motifs d’enquêtes policières souvent  menées de mains de maitres.

Le souvenir de Fabrice Pichon, décédé en mai 2018, celui de sa gentillesse, celui de la qualité de ses romans, ont habité la mémoire de nombre des visiteurs amateurs de polar. Factuel avait chroniqué son Pas de problème.com (voir ici).

Les habitués du festival ont pu croiser Didier Fohr, journaliste et auteur. Factuel a chroniqué Le pacte, son dernier roman. Frédéric Bertin-Denis, auteur d'un magistral Viva la muerte ! sortira bientôt un nouveau roman dont nous parlerons ici.

Sébastien Lepetit (aujourd’hui sous-préfet à Sarlat) signait Il y aura du sang sur la neige, son dernier roman. Factuel qui a chroniqué L’origine du crime, s'en fera aussi l’écho. Nous ne pouvons que saluer le retour du commissaire Morteau dont nous aimons tant le côté grincheux, solitaire, alcoolo, ses techniques d’enquête à l’ancienne…

Indispensable dans l’animation de ce festival, Jean-Hugues Oppel… Il n’est plus à présenter…

Serena Gentilhomme, bisontine dont Factuel a chroniqué son Circeo, Anatomie d’un massacre annoncé (lire ici), sort un nouveau livre en septembre. Un essai-roman aussi noir que Circeo, peut-être même plus, dit-elle. Le titre en annonce la couleur : Ce que ça fait de tuer, à partir d’un fait divers sanglant, à Rome, en 2016. Aux éditions de La Manufacture du Livre, cette fois.

Et tant d’autres auteur-e-s… Que du beau monde !

Signatures, causeries possibles avec les auteur-e-s, la fameuse partie de boules le dimanche matin, un concert, de quoi lire et… de quoi boire… une expo… Voilà qui a fait le sel et le sang de ce festival !

Les conférences-débat qui réunissent toujours un bon nombre de lecteurs, avides de rencontrer les auteur-e-s, mais surtout d’écouter ce qu’ils ont à dire sur des sujets souvent graves font également l’intérêt et le succès de Pas serial s’abstenir. Une façon de restituer des parcelles de vérité, de développer de façon romanesque des points de vue éclairés sur l’état du monde, son histoire, ses hommes admirables, ses parfaits salauds…

Patrick Pécherot participait à l’une de ces conférences sur le thème de « l’Algérie Noire », suivie d'un débat animé par Fabrice Riceputi, enseignant, auteur, blogueur… spécialiste de la guerre d’Algérie.

Avec Patrick Pécherot, Frédéric Paulin, pour son roman, La guerre est une ruse.

En exergue :

Al Harb Khouda, tu sais ce que ça veut dire ?

Ça veut dire, la guerre est une ruse.

Mohamed Merah, à un agent de la DCRI lors du siège de son appartement le 21 mars 2012.

« Lorsqu’on s’engage sur la voie du djihad, il n’y a pas de retour en arrière possible »

Algérie, 1992. Une poignée de généraux, les « janviéristes », ont pris le pouvoir. L’état d’urgence est déclaré, les islamistes pourchassés ont pris les armes. Le pays sombre dans une violence sans précédent… Tedj Benlazar, agent de la DGSE, suit de près les agissements du tout-puissant service du renseignement militaire, la sinistre DRS qui tire toutes sortes de ficelles dans l’ombre.

Avec ce roman ambitieux, Frédéric Paulin plonge le lecteur au cœur de la décennie noire qui ravagea l’Algérie et préfigure une nouvelle ère de terreur inaugurée par les attentats du 11 septembre.

Frédéric Paulin écrit des romans noirs depuis presque dix ans. Il utilise la récente Histoire comme une matière première dont le travail peut faire surgir des vérités parfois cachées ou falsifiées par le discours officiel. Ses héros sont bien souvent plus corrompus ou faillibles que les mauvais garçons qu’ils sont censé neutraliser, mais ils ne sont que les témoins d’un monde où les frontières ne seront jamais plus parfaitement lisibles. (Extraits de la quatrième de couverture). Factuel. info reviendra sur ce roman.

Sans doute des fusées éclairantes suspendues à des parachutes…

Le deuxième auteur, François Muratet, lance une sorte d’injonction avec son titre Tu dormiras quand tu seras mort, sur fond de couverture aux allures de feux d’artifice. Il s’agit sans doute des fusées éclairantes suspendues à des parachutes et larguées par un avion, au-dessus d’une des scènes de combat de ce roman, dans le Djebel.

1960 : André Leguidel est un jeune officier promis, en raison de sa formation linguistique, à un travail peu excitant en Allemagne dans les bureaux du renseignement militaire. Contre toute attente, il se voit envoyé en Algérie en tant que simple soldat pour confirmer la fidélité à la France du chef de son commando de chasse, Mohamed Guellab. Ce dernier, d’origine musulmane, est en effet suspecté d’avoir tué l’officier français qui l’avait remplacé et d’être en passe de rejoindre les rebelles avec sa section et ses armes.

[…]

La guerre du Vietnam a inspiré des films comme Platoon, Apocalypse Now, et Full Metal Jacket.

François Muratet propose pour sa part un texte aussi haletant que bien documenté sur la guerre d’Algérie, en mettant l’accent sur ce qu’elle a réellement été : une guerre civile dans laquelle les concepts de défaite et de victoire finissent par perdre leur sens.

François Muratet est né en 1958 à Casablanca. Son premier roman, Le pied rouge, [1999], a reçu le prix du Premier Polar SNCF 2000 et, la même année, le prix de la Truffe noire de Cahors. François Muratet a aussi remporté le prix Rompol du polar pour Stoppez les machines [2001]. La révolte des rats, son troisième roman, a été publié en 2003.(Extraits de la quatrième de couverture)

Factuel.info reviendra sur Tu dormiras quand tu seras mort.

Patrick Pécherot présentait Hével, roman qui a obtenu, en 2018, le prix Marcel Aymé, décerné par l’Association des Lecteurs et des Auteurs Comtois. (ALAC). Dans Factuel. Info, on peut lire ou relire la chronique qui a été faite au sujet de ce roman, ainsi que celle au sujet de Une plaie ouverte, qui fait revivre la Commune

Dans Hével, la guerre d’Algérie est largement évoquée par des hommes qui l’ont vécue.

Mémoire et mensonges s’entremêlent dans le dédale d’une confession où tout semble illusoire, fuyant, incertain… En un mot emprunté à l’Ecclésiaste : hével.

Un débat sur l'histoire et l'Algérie…

Le débat réunissant des hommes de convictions et des auteurs talentueux fût passionnant. Les grandes dates de la guerre d’Algérie, certains de ses grands, ou petits personnages, suivant le point de vue que l’on adopte, furent évoqués. Fabrice Riceputi rappela l’histoire de Francine Rapiné-Fleury, chrétienne et porteuse de valises.

Fictions et vérité, ou vérités, de ces épisodes d’une guerre pas si lointaine que ça, trouvèrent une sorte de cohérence grâce aux interventions de l’animateur du débat. Il n’est pas facile d’en parler, de cette guerre, tant les conséquences de son issue se font encore sentir aujourd’hui. Y compris en Algérie, de nouveau secouée par des soubresauts politiques, et dont l’avenir est incertain.

Les récits proposés par les trois auteurs présents tentent de restituer la complexité des faits, des situations, des enjeux… Ils adoptent d’autres façons de relater les épisodes de cette guerre, que celle de Jean Lartéguy, par exemple. Certains des romans sur le sujet, écrits par l’écrivain-journaliste, connurent un succès certain en son temps, c’est-à-dire dans les années 60.

Les romans revisitent l’Histoire, tout autant que l’Histoire se revisite elle-même, dans un mouvement - sans fin ? - pour comprendre, analyser, décortiquer les faits, mettre à jour des mensonges, des alliances clandestines, des turpitudes, des trahisons, des approximations…

La question de la violence, et des violences– car il y eut violences des deux côté – de ces temps-là fut abordée. La violence du FNL d’hier, n’est-elle pas portée par les mouvements terroristes d’aujourd’hui ? Une sorte d’héritage sanglant d’une histoire pas réglée ? Mal réglée ?

La contestation du pouvoir commencée en février de cette année, en Algérie, fait remonter à la surface la question des disparus de 1990. Disparitions suite à la guerre civile qui, pendant dix années terribles, a vu s’affronter diverses factions [Le Groupe Islamiste Armé, l’Armée Islamique du Salut, le Front Islamique du Salut] contre le pouvoir en place et l’armée nationale populaire.

Prise en tenaille, la population civile. Attentats à la bombe, massacres, exécutions sommaires… sans oublier le viol des femmes. 

Le viol. Une arme de guerre…

Le temps imparti à cette conférence-débat était trop court pour prétendre faire le tour de la question de la guerre d’Algérie, de la colonisation, de la décolonisation…

Hier et aujourd’hui. Aujourd’hui à la lumière d’hier… L’Histoire est encore en marche. Vers quoi ? Vers Le naufrage des civilisations ? ainsi que titre son dernier essai-biographique, Amin Maalouf ? Factuel. Info reviendra sur cet essai. 

Les auteurs des romans ont parlé de leurs sources d’inspiration, de travail, de documentation. Journaux anciens, films, autres romans ou essais… Chacun a sa « recette ». Patrick Pécherot, par exemple, s’est tellement imprégné de l’air du temps qu’il a traversé et qu’il traverse encore, de l’Histoire et de ses histoires, qu’il n’a pas besoin de se plonger dans des archives plus ou moins poussiéreuses. Il est mémoire.

Il a été fait référence à Didier Daeninckx, à son indispensable Meurtres pour mémoire, publié en 1983. Ce roman relate le massacre des Algériens, à Paris, le 17 octobre 1961.

En 2018, Daeninckx publie Artana ! Artana !, roman dans lequel il montre l’emprise de l’Islam radical, politique et guerrier, dans la commune de banlieue parisienne où son personnage principal a grandi. Appartenant au sérail d’une certaine gauche dont il dénonce les compromis, voire les compromissions devant les assauts d’un islam politique, Daeninckx se fait, en quelque sorte, lanceur d’alerte.

L’Histoire continue sa marche à pas forcés… Et il semble que la fonction romanesque d’un texte sur un sujet grave, celui de la guerre d’Algérie, celui de ses suites dans la vie des hommes et dans l’équilibre des sociétés, puisse être le moteur d’une prise de conscience.

Accompagnée de ces questions posées par Patrick Pécherot :

Que reste-t-il de la vérité ? Que va-t-il rester de cette histoire ? Que reste-t-il des mémoires ?... et qu’est-ce qu’il reste des hommes ?

Hével ! Tout est hével…

Hével. En hébreux tardif : réalité éphémère, illusoire, absurde. Ancien testament, Livre de Qohélet.

Anarchiste et syndicaliste

Patrick Pécherot, un homme, un écrivain engagé, un passeur de mémoire, a accepté de répondre à quelques questions plus personnelles, pour Factuel.info. La rencontre a eu lieu hors l’enceinte du festival. Elle a pris des allures de conversation à bâtons rompus. Patrick Pécherot est cordial, attentif aux autres, fort d’une empathie discrète. Fort aussi de convictions qu’il énonce de façon mesurée. Il venait de rentrer d’un voyage en Iran, pays dont il a parlé avec chaleur, enthousiasme même.

Il aime les chats, et les abeilles. Ayant suivi une formation d’apiculteur, à Paris, il ne désespère pas de faire vivre, un jour, sa propre ruche et de fabriquer son miel.

Au détour d’une confidence, il déclare être un contemplatif. Il pourrait rester des heures à regarder une abeille, écouter le chant d’un oiseau, celui du vent dans les arbres… Il n’a pourtant pas fait que contempler le monde. Il y a été très actif en militant pour la cause ouvrière, il y est encore en écrivant.

Non violent, il est convaincu que les mots, que la pensée, doivent prévaloir sur les armes, sur la violence. C’est entre-autres pour cette raison que sa définition de son adhésion au mouvement anarchiste, est celle à son courant pacifiste, non dogmatique… Ce qui ne fait pas de lui un doux rêveur ! Loin s’en faut. Il est poreux à tout ce qui se passe autour de lui, les noirceurs des hommes ne lui sont pas inconnues.

Il ne rêve pas de Révolutions. Elles donnent trop souvent lieu à de terribles exactions, elles donnent trop souvent naissance à des dictatures. Il préfère l’écrit. Alimenter les esprits, leur donner à boire et à manger des solutions qui ne feront pas couler le sang en montrant ce que c’est vraiment, le sang qui coule. L’absurdité de la violence, ses ravages dans les corps et dans les esprits.

Assassins ? Peut-être le sommes nous tous. Caïn et Abel, on n’en a pas fini, dit Gus, un des personnages de Hével. Quelques phrases avant cette terrible constatation, il dit également : Tout est hével/ Voilà, tout est vain et poursuite du vent/ Rien ne reste sous le soleil, dit l’Ecclésiaste.

Patrick Pécherot le pense aussi, certainement.

Une légère variante de Nous vivrons ce que nous changerons, empruntée à la CFDT, organisation syndicale dans laquelle il a milité, pourrait-être sa devise personnelle… Je vivrai ce que je changerai… mais il garde aussi le nous.

Patrick Pécherot est né en 1953, à Courbevoie. Il est élevé par des femmes, sa mère et sa grand-mère tout particulièrement. Alors qu’il a 5 ans, il est victime d’un grave accident. Une septicémie va même le conduire aux portes de la mort. Il passe des mois emprisonné dans une coque de plâtre, presque jusqu’au menton.

Sa mère et sa grand-mère lui lisent des histoires. Une façon de s’évader de la prison de plâtre. Il s’en empare si bien, de ces histoires, qu’il les raconte aux autres patients de l’hôpital. Le personnel croit alors qu’il sait déjà parfaitement lire. Son imaginaire est nourri des romans que les enfants lisaient dans les années 50/60. Le club des cinq… Plus tard, Les six compagnons… Bob Morane… les BD… Spirou… Pilote… Les aventures de Tintin et Milou

Vient ensuite le temps de la lecture de Hara-Kiri hebdo, puis celle de Charlie-Hebdo… Reiser et Fournier le conduisent vers l’écologie. Cavanna vers la non-violence… Sans oublier l’importance, pour lui, du cinéma. Et aussi et surtout, Léo Malet créateur du célèbre détective, Nestor Burma.

La saga des brouillards, (Les brouillards de la Butte. Belleville-Barcelone. Boulevard des Branques) trilogie parisienne écrite par Patrick Pécherot, rend hommage à Léo Malet ainsi qu’à Nestor Burma. On sait que certains personnages de papier échappent à leur créateur. Ils deviennent plus vrai que vrai. C’est le cas de Nestor Burma.

Patrick Pécherot, quand il écrit, ne travaille pas à partir d’un canevas très élaboré. Il avance dans son récit, porté par le même sentiment d’empathie pour ses personnages que celui qui le fait s’intéresser à ses semblables. Il leur laisse la liberté d’agir et de penser. Posant sur eux le même regard pensif qu’il pose sur nous ?

Un personnage, dit-il, est comme un être humain, il est changeant. C’est sans doute pour cette raison que l’on se sent souvent si proche de certaines de ses créations, qui deviennent alors des compagnes ou des compagnons de route… 

Patrick Pécherot entre rapidement dans le monde du travail. Dans les années 70, il est employé à la CPAM, la sécurité sociale, la sécu, ainsi qu’on le dit couramment, à Puteaux. Il y exerce la fonction de guichetier, ce qui lui fait rencontrer des vrais gens avec de vrais problèmes.

Cette qualité d’empathie qui le porte vers autres, avec discrétion, douceur et efficacité, le fait s’engager dans le syndicalisme. Ce sera à la CFDT, jusqu’à devenir un permanent de l’organisation, et rédacteur en chef de Syndicalisme hebdo, l’hebdomadaire de la CFDT.

Nous vivrons ce que nous changerons.

Je vivrai ce que je changerai.

Patrick Pécherot a continué son engagement syndical jusqu’à ce qu’il devienne un retraité, toujours engagé, grâce à l’écriture. Lors de l’émission sur France Culture, Le réveil culturel, cette belle déclaration : « L’histoire oublie souvent les individus et massifie les récits, j’aime visiter ses coulisses pour comprendre à l’échelle humaine ces événements ».

Ses premiers écrits sont syndicaux. Des tracts… Il écrit pour le journal de l’Union pacifiste, dans les années 70. Cela lui donne le goût d’écrire, et de mettre son talent au service de causes qu’il pense justes. L’homme est profondément humain. Fraternel. Il se fait le témoin d’injustices et d’atrocités infligées à des hommes par d’autre hommes…

Et il agit, dans la droite ligne de ses convictions. C’est ainsi qu’ayant correspondu avec un détenu suite à la mutinerie de prisonniers à Papeete, il témoigne en sa faveur aux assises, lors de son procès. Il s’engage également contre la reprise des essais nucléaire en Polynésie.

En 1995, un nouvel accident l’immobilise. Une immobilisation productive puisqu’il en profite pour écrire Tiuraï, son premier roman publié en 1996, chez Gallimard, grâce à Patrick Raynal qui reconnaît immédiatement le talent de Patrick Pécherot.

Il ne va plus cesser d’écrire. Pour la jeunesse également.

Sa bibliographie montre l’importance de son engagement dans le décodage de l’Histoire, dans ce qu’elle a d’éclairant sur le comportement des hommes, sur leur complexité.  Peut-être que tout est hével.

Mais il est certain que la densité de certaines rencontres donne du piment, de l’espoir, matière à réfléchir, à comprendre, à agir… aux êtres périssables que nous sommes. La rencontre avec Patrick Pécherot, l’homme, le syndicaliste, l’écrivain, ne peut-être que nourrissante…ou nourricière. On peut entrer dans ses romans sans craindre de faire fausse route.

Nous vivrons ce que nous changerons.

 

 

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