Dans ce récit, j’ai découvert une femme au caractère bien trempé. Il le fallait. Car même si le voyage se fait sous la direction d’un guide, muni d’un fusil… et d’un téléphone satellitaire, partir seule, (sur l’île, elle retrouvera d’autres intrépides à son image) à l’autre bout du monde, sur une terre assez hostile, la dernière île avant le Pôle Nord, ne relève pas de la balade paisible, sur un chemin de halage, au bord du Doubs.
Aurore Mamet est des Fins, à côté de Morteau. Elle et sa famille sont solidement enracinés dans leur terroir. Un de ses aïeux a été de ceux qui ont participé à fixer les caractéristiques de nos magnifiques vaches, et à en favoriser l’homologation : La race des montbéliardes.
Le peintre Charigny en sème ses tableaux. Une belle façon d’immortaliser une représentation de la nature. Immortaliser une belle représentation du Spitzberg, c’est aussi l’ambition d’Aurore Mamet. Objectif atteint.
Dans son récit, elle établit des ponts entre le Haut-Doubs, et le Spitzberg. Du coup, nous en sortons grandis ! Notre région est aussi digne d’intérêt que cette île dont, je dois l’avouer, je n’avais jamais entendu parler.
Elle parle de son amour pour la neige.
Les peintres Roz et Zingg la mettent si bien en valeur sur leurs toiles. Roz et ses neiges plutôt bleues, celles de Zingg plutôt rouge. Sans parler de Courbet, qu’Aurore cite lorsqu’elle est devant un paysage beau à vous couper le souffle.
Équitation, trekking, arts martiaux
Après avoir lu son récit, tremblé de froid avec elle, tremblé de peur aussi à certain moments de l’aventure, je me sens autorisée à l’appeler Aurore.
C’est une femme à l’esprit bien trempé, courageuse, un peu poète dans sa façon de raconter la nature. Une femme qui se définit comme faisant partie de la Terre. D’une façon forte et engagée. Une femme qui est dans l’être, et pas dans le paraitre. La formule pourrait sembler passe-partout. À la lire et à l’entendre, elle prend toute sa force.
La ligne d'un éditeur
Les éditions Coxigrue ont édité deux excellents polars, signés par Philippe Koeberlé : Autopsie d’une truite, et Le Sorcier d’Ornans.
Pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait, ces trois livres sont à lire d’urgence. Plaisir garanti ! Et, dans les trois (c’est la ligne éditoriale de Coxigrue) des informations documentées sur les risques que nous faisons courir à la nature, donc aux hommes, donc à nous.
Aurore est engagée dans la défense de la nature, avec qui elle entretient un rapport quasi charnel, et dont elle parle en toute connaissance de cause. Elle fait de l’équitation, de la marche, du trekking et… des arts martiaux.
Que viennent faire les arts martiaux, dans l’intérêt pour la nature ? Dans la bouche d’Aurore, il y a, dans la pratique de ce sport, ou de cet art, l’exercice d’une philosophie de vie mise en action. Que l’on retrouve dans son récit de voyage.
Goût de l’effort, goût de la transmission d’un savoir, d’un savoir faire, et surtout, d’un savoir être. Goût du risque, exigence dans la discipline.
Plusieurs métiers
Aurore, quand elle n’est pas à cheval, ou sur le Spitzberg, outre qu’elle élève une petite fille, avec son mari, est infirmière anesthésiste. Ce qui, vous en conviendrez, n’est pas un métier de tout repos.
Plusieurs métiers donc. Infirmière, éducateur sportif (elle ne veut pas du politiquement correct éducatrice sportive) à titre bénévole, aventurière, et écrivain.
Comment Aurore arrive-t-elle à gérer toutes ses vies qui n’en font qu’une ? Parce qu’elles sont cohérentes. Les hommes, les animaux, la nature. Tous à défendre, tous à sauver.
Deux romans en gestation
Lorsqu’elle raconte ce qui est peut-être l’agonie du Spitzberg, nous avons envie de défendre une certaine idée de l’homme, une certaine idée de la nature, et une certaine idée de notre rapport au monde animal. Loin des intérêts mercantiles. Avec une vision à long terme, qui laissera à nos enfants, nos petits enfants, ceux qui suivront, un monde harmonieux, et pourquoi pas, paisible.
Aurore va continuer à nous distraire et à nous informer. Le parallèle de l’ours, est le premier volume d’une trilogie. Le deuxième volume sera un roman noir, sur le Spitzberg. Le troisième un roman d’anticipation, toujours sur le Spitzberg. Sa mise à mort à cause de la bêtise, de l’âpreté aux gains de beaucoup trop de nos dirigeants ? Je l’ignore, mais nul doute que ce sera un cri d’alerte.
Aurore à écrit son récit d’aventure, en même temps qu’elle était en congés maternité. Un enfant, un livre. Elle écrira le deuxième, pendant son prochain congé maternité. Un deuxième enfant, un deuxième livre.
Le troisième, je ne sais pas.