Il a la voix grave du fumeur et les yeux rieurs. Jean-Paul Jody aime la rencontre et la découverte. Né à Nantes «il y a longtemps», il a commencé à 11 ans à «écrire des conneries à l'internat», et depuis a «fait 40000 boulots». Le dernier en date, c'est auteur. Pas écrivain, auteur. «Ce qui m'intéresse, c'est raconter des histoires et partager ce que j'apprends. J'écris sur ce que je ne connais pas, je rends ce que j'ai appris...»
Il a vendu des voitures en Afrique et a gardé une fascination pour le continent : «Dans un film de Gainsbourg, quelqu'un dit : l'Afrique, on croit qu'on va se la faire et c'est elle qui vous met...» Il n'est pas allé au Rwanda, mais a écrit dessus pour «d'abord comprendre comment et pourquoi ça [le génocide] s'est passé». Internet permet des enquêtes sans se déplacer. Comme dans La Route de Gakona : «Dans mon roman, il fallait qu'un couple passe clandestinement du Canada en Alaska où se trouve la station de recherche Haarp de l'armée américaine... J'ai demandé que quelqu'un m'aide au Canada et de fil en aiguille, je suis tombé sur des gens faisant des courses de traîneaux sur des rivières gelées qui m'ont décrit le passage...»
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Ce week-end, Jean-Paul Jody revient pour la trois ou quatrième fois au festival Pas Sérial s'abstenir, mais ça fait deux mois qu'il est à Besançon, en résidence d'auteur
L'atelier d'écriture, c'est une des facettes du travail de Jean-Paul Jody. «On s'expose dans l'écriture, il faut se libérer de ses propres contraintes, des gens n'y arrivent pas car il font des fautes d'orthographe, mais tout le monde fait des fautes. Je ne lis pas ce qu'écrivent les gens, j'écoute, je dis "il faudrait changer ça"... C'est dommage de ne pas écrire simplement car on ne veut pas que quelqu'un d'autre voie nos fautes... Parfois je dis aux gamins : je t'écoute, mais je ne vois pas le film... A la fin de l'atelier, certains me disent : monsieur Jody, j'ai mal à ma tête !»
Comment voit-il Pas Sérial s'abstenir ? «Il y a pléthore de salons de polar. Celui là est l'un de ceux qui se distinguent, il y a un accueil et une ambiance, les auteurs s'y sentent bien... Thierry [Loew] fait un travail formidable, il a une simplicité à faire les choses, sans stress...» Comment Jean-Paul Jody voit Besançon, la région ? «Je ne peux pas me faire d'idée de la région, Besançon si. En novembre, je suis venu aux Petites fugues, deux semaines pendant lesquelles on envoie des auteurs dans la campagne, je suis allé à Valentigney, au lycée de Valdoie, à Glamondans... Je ne connais pas la ruralité, je n'ai pas réussi à me faire d'idées... Ce que je cherche, c'est une grotte, un endroit où je peux bosser quand je veux, et un lieu de sociabilité. A Besançon, je fréquente deux cafés, le 42 et le Carpediem... Besançon est très accueillante, c'est une ville qui m'a souri».