A l'heure de la retraite, Jean-Louis Poirey enseignant-chercheur en géographie à l'université de Franche-Comté, a souhaité « donner libre cours à son imagination après l'écriture rigoureuse des travaux scientifiques ». L'idée d'écrire un livre et celle de créer une maison d'édition sont venues en même temps. Il fonde en 2009 les Éditions du Citron bleu, une SARL familiale où « personne n'est rémunéré et tout le monde a une responsabilité ». Il précise avec humour : « Madame Poirey est directrice générale des services financiers, je suis gérant, Florence qui a déjà écrit une vingtaine d'ouvrages de littérature jeunesse est directrice générale éditoriale, Frédérique est directrice générale des comités de lecture, Bruno directeur général de l'export. Les choix sont partagés et faits dans un esprit ludique. On s'amuse bien en famille ». Il écrit donc aussi un premier roman « La Révolte des poules en bois », l'histoire d'une femme qui décide de tout plaquer, boulot et mari en région parisienne et vient s'installer dans un hameau isolé de Haute-Saône. Cette femme pense pouvoir vivre en fabriquant artisanalement des poules en bois mais ça ne marche pas. Elle ouvrira finalement une société de traduction sur internet qui elle fonctionnera. « L'idée générale a été que l'isolement peut être rompu où que ce soit grâce notamment à internet. » Jean-Louis Poirey entend livrer une vision positive de cet outil de communication.
Ni régionalisme ni passéisme
« En Franche-Comté beaucoup d'écrivains et d'éditeurs s'intéressent à l'histoire mais il manquait des livres qui décrivent la région telle qu'elle est aujourd'hui, une région ouverte qui a des liens avec l'extérieur en même temps qu'une région où il fait bon vivre. Notre ligne éditoriale nous conduit à choisir les écrits de fiction qui se rapportent à ce qui se passe dans notre société, mais avec des allers-retours en d'autres lieux ». « L'ouverture sur l'extérieur est un fait en Franche-Comté » insiste l'auteur et éditeur, contre ceux qui mettent l'accent sur le repli de la région, « la partie nord que je connais le mieux a été une terre d'émigration importante ». Il évoque son père, franc-comtois d'origine, parti travailler à Paris comme une bonne partie de la famille. Lui-même est né dans la capitale et s'est installé à Gy où il constate encore « un fort brassage de population depuis 25 ans ».
« Mon lien avec la géographie est l'attachement aux lieux. Je demande toujours aux auteurs qu'ils décrivent les lieux avec précision, c'est ce qu'a fait Fabrice Pichon dans son dernier ouvrage où tous les renseignements concernant les lieux sont exacts. Je me suis aperçu que les lecteurs aiment suivre les héros dans des endroits qu'ils connaissent ». Citron bleu a publié quinze livres dont plus de la moitié de polars. Tous se déroulent pour partie dans la région. « L'imagination est alimentée par les journaux, la presse et on se dit parfois qu'on n'oserait pas écrire en fiction ce que l'on apprend dans les faits divers. En écrivant de la fiction on veut montrer des possibles, des potentialités non explorées. Le polar a un succès important car le suspens y est souvent bien entretenu et qu'il y a une sorte de fascination pour la violence à notre époque. Il y a aussi un intérêt pour une littérature où tout ne se passe pas à Paris. » Un seizième livre d' un auteur de Montbéliard est en préparation.