Du grand reportage au refuge de montagne

Olivier Danrey, journaliste à France Culture, s'est posé en 2003 au Berbois, près de la Borne aux lions, à La Pesse dans le Haut-Jura. Pour que le monde vienne à lui.

Il a parcouru le monde, il attend maintenant que le monde vienne à lui. Olivier Danrey, ancien journaliste à Radio-France Besançon, a franchi le pas le jour de ses 35 ans, le 17 avril dernier. Il a troqué sa carte de grand reporter à France Culture pour le tablier multifonctions de tenancier de refuge de montagne ! Après avoir « entendu le silence » du désert de Namibie, oeuvré à la reconstruction du lycée français de Kaboul, enseigné le journalisme à Strasbourg, ce Jurassien du vignoble s'est posé au Berbois.
C'est un petit paradis situé à une heure à pied du crêt de Chalam (1545 m) d'où l'on voit pointer le Mont Blanc par dessus la chaïne des Monts-Jura. Surplombant la vallée de la Valserine, il est à deux pas de la Borne au Lion qui marquait la frontière entre la Comté espagnole et la France d'avant 1678, et accueillit un maquis de la Résistance.

« Aussi besoin de me taire »

 
Ce séducteur bourré d'énergie aime le partage, disent ses anciens collègues de l'émission Pot au feu qu'anime à 18 h 20, avec une érudite impertinence Jean Lebrun, un ancien du quotidien {La Croix}. Olivier a ainsi disposé des souvenirs de voyages dans la partie publique de sa maison. Il a créé un salon où l'on peut s'isoler avec un bouquin des rires de la salle à manger.
Amoureux de l'endroit où il vient skier et randonner depuis des années, il n'a pas réfléchi longtemps quand l'opportunité s'est présentée. Changer tout ? Oui et non : « Après mon premier voyage en solitaire, un safari au Zimbabwe, j'ai su que je rencontrerais les gens par mon travail. J'ai fait un métier de parole, mais j'ai aussi besoin d'écouter, de me taire ». Pas si simple avec les flux tendus qui contaminent aussi les média : « Je n'arrivais plus vraiment à rencontrer les gens. Non par incapacité, mais parce que je n'avais plus le temps. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai arrêté. J'ai aussi perdu deux potes en Afghanistan. Je voudrais laisser d'autres traces que des traces de sang... »
Au Berbois, à 1.270 mètres d'altitude, il entend désormais « prendre le temps ». Essayer des choses, voir s'il peut accueillir des handicapés ou des musiciens, tenter des animations à la demande, proposer peut-être des jeux de pistes dans les alpages : « Je verrai ce qui me convient, mais ce qui est sûr, c'est que ça restera un refuge : ce n'est ni un bar ni une brasserie ! »
Pourtant, on y mange, et pas seulement de la tradition comtoise. On y dort : en bat-flanc ou sous un tipi. Et des stages sont organisés. 
 
 
 

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