Douzième festival de caves : 280 représentations, 92 lieux…

Le festival de théâtre intimiste et résistant né à Besançon s'étend dans la région et au-delà. 38 spectacles dont 15 créations sont joués du 28 avril au 24 juin pour un maximum de 19 spectateurs. Attention et écoute garanties !

caves

Cinq mille spectateurs pour 38 spectacles dont une quinzaine de créations, 280 représentations dans 92 lieux... Pour sa douzième édition, le festival de caves né à Besançon ne change pas de principes. Intimiste, chaque pièce est une petite forme réclamant, exigeant, une attention soutenue, tant de la part du public limité à 19 personnes, que des acteurs. Composant une véritable troupe d'une dizaine de comédiens issus du DEUSTdiplôme d'études universitaire scientifiques et techniques théâtre de l'université de Franche-Comté, le festival « appartient à ses acteurs », souligne son directeur Guillaume Dujardin.

Autrement dit, ils « proposent » pièces, textes et mises en scènes « à la différence de la verticalité » des structures classiques « où les décisions reviennent aux metteurs en scène ». Cela conduit à une certaine homogénéité, un état d'esprit, mais aussi une « temporalité de production ». Cela peut paraître abstrait, mais il y a comme la revendication d'un retour au travail collectif : « c'est la troupe qui fait le festival, je crois beaucoup dans les troupes », explique Dujardin.

La troupe comme socle des projets et des créations. Par opposition aux compagnies construites autour d'une équipe administrative et d'un(e) metteur en scène qui, ces quelque trente dernières années, ont supplanté les troupes, éloignant les acteurs des choix, les faisant aller d'un projet à un autre.

La cave est l'autre principe. Il correspond à l'époque : « Jean Villar disait qu'il n'y a pas de théâtre dans grande foule, mais c'était dans les années 1950, quand la France avait besoin de se rassembler... La cave fait penser au vin, à la torture, à la planque. Elle est politiquement indicible. Beaucoup de nos spectateurs ne viennent pas souvent au théâtre. Là, on peut dire bonjour à chacun », dit Guillaume Dujardin.

« L'intermittence a sauvé le théâtre »

On dit bonjour lors de ce curieux moment qui constitue le troisième principe : le rendez-vous en un lieu différent de la cave vers laquelle on se rend sans qu'on sache où elle est. On fait parfois connaissance entre spectateurs en cheminant vers le lieu de la représentation. Ça évite les arrivées en retard, quand le spectacle a déjà commencé. La proximité et le respect empêchent qu'on parte avant la fin...

Le quatrième principe est plus classique : le festival ne peut exister sans le régime des intermittents du spectacle : « nous avons la chance, dans le théâtre français, d'avoir des salariés intérimaires bien formés, qui savent leur texte quand ils arrivent en répétition. L'industrie en rêve, le théâtre l'a fait... L'intermittence a sauvé le théâtre ». C'est ce régime qui permet le foisonnement d'initiatives et d'expérimentations que Guillaume Dujardin compare à des « amap de théâtre ». 

Le régime permet la professionnalisation, mais pas la routine : « ce qui nous guette, c'est l'institutionnalisation, mais on en est loin ! Il y a deux modèles en Europe. En Allemagne, il y a l'équivalent de la Comédie française dans chaque land. Le problème avec les troupes permanentes, c'est qu'il y a peu de place pour les petites compagnies. Le budget de la culture en Allemagne est trois plus élevé qu'en France où c'est moins institutionnalisé. On a davantage de troupes, mais le risque de la troupe, c'est la lassitude. Au festival, on s'est donné une règle : sauf exception, un comédien ne travaille pas avec le même metteur en scène deux ans de suite, afin de redonner à chaque fois de la fraîcheur... »

Enfin, le festival s'étend. Désormais dans tous les départements de la grande région fusionnée Bourgogne-Franche-Comté, il va non seulement dans des villages, mais aussi jusqu'en Aquitaine, en Provence, en Picardie, en Alsace...

Son petit budget d'environ 160.000 euros est financé par la billetterie (30%), les subventions (55%) et les coproductions (15%). Celles-ci permettent un fonctionnement original : « un spectacle peut avoir une deuxième vie après le festival. Pendant, il appartient au festival, après il appartient à la compagnie invitée... »

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