« Dans la forêt il faut regarder, regarder avec attention. » Alain Goy s'émerveille à l'avance d'y faire encore des découvertes. Il est aussi conteur, « comme il en existait dans le village de Monbarrey au coeur de la forêt de Chaux il y a un siècle et demi. En Afrique on dirait que ce sont des griots ». Il est un conteur d'aujourd'hui qui s'adresse en particulier aux enfants, un conteur d'arbres, peut être le seul. Ce week-end à Dole, il participera au festival du livre jeunesse pour sa troisième édition.
Alain Goy est né à Lons-le-Saunier et a grandi à Clairvaux-les-Lacs, dans le Jura. Il est devenu technicien forestier en Corrèze avant d'intégrer l'ONF pour travailler dans la forêt de Chaux pendant vingt-cinq ans. Il y a « pris racine ». Il préside l'association des villages riverains du massif et s'est piqué d'écriture et d'illustrations dans les années 1980. En 1997, il a fondé avec huit autres personnes l'association des Conteurs du pays de Chaux. Les histoires de nature, d'animaux et surtout d'arbres constituent l'essentiel d'un répertoire d'une centaine de contes qu'il fait découvrir dans les écoles ou au cours de veillées.
Le mystère et le gigantisme
Vendredi 5 avril, le festival est réservé aux enfants. Pour Alain Goy, « ce sera un moment privilégié. Ma meilleure récompense est de voir les étincelles dans leurs yeux. Dans mon activité de forestier j'ai toujours pu consacrer du temps à faire découvrir la forêt aux écoliers : la botanique, la faune, la géographie, l'architecture, les traditions. Je suis intervenu ces derniers mois dans dix classes du CE1 au CM2. Entre temps, les enfants ont réalisé dix contes, les ont illustrés. Ils seront tous là vendredi pour nous les faire découvrir. »
La forêt de Chaux est « la forêt du mystère et du gigantisme », dit-il. Elle n'en finit pas. On raconte qu'à la traverser « on y usait sa paire de sabots. Les gens qui habitaient en lisière n'ont pas manqué de fantasmer sur cette forêt ». En 1986, avant une veillée à La Loye, l'écrivain franc-comtois André Besson lui a demandé de raconter une histoire de loups. Il a préparé un texte et s'apprête à le lire. Besson l'arrête et lui demande de dire sans lire. Sa « carrière » de conteur débute. Il illustre également des histoires qu'il recueille dans la région et ailleurs, puis qu'il adapte. En 2006, par crainte de perdre ses histoires il les enregistre et les publie. Le cinquième tome sera une création, « Le cerisier de Mitsoulou », écrit avec Rosine Romain, de Besançon.
Ses sources d'inspiration sont diverses, universelles (« partout dans le monde il existe une sorte de dévotion aux végétaux ») : lecture de contes collectés depuis le 18ème siècle, rencontres d'anciens dont la mémoire est à transmettre et imaginaire personnel nourri du terroir. Il a été spécialiste du cerf élaphe, mais l'arbre, le chêne est le véritable objet de sa fascination. Au point de devenir conteur d'arbres, de mettre les arbres en scène. L'un de ses contes s'évertue à donner à saisir la réalité de l'autisme aux enfants. Un arbre tordu, souffrant, pousse seul dans un fossé. Un enfant japonais de passage, reconnaît sa propre douleur, son isolement du monde…
Alain Goy sera entouré d' enfants vendredi. Samedi et dimanche, il est possible d'écouter ce conte et d'autres à 16h à la salle du premier étage de la Commanderie à Dole.
