« Une tourbe cupide, sans pudeur et sans lois… »

Citant Auguste Blanqui en exergue, Artana ! Artana ! le dernier roman plus que sombre de Didier Daeninckx fait enquêter un vétérinaire sur un meurtre en Thaïlande et le faire revenir dans la commune de banlieue parisienne où il a grandi. Elle est gangrenée par le trafic de drogue, l'emprise des religieux et la corruption politique...

artana

Dans les romans noirs, policiers et politiquement engagés, la place des animaux deviendrait-elle un ingrédient incontournable ? Pour comprendre l’introduction qui suit, se référer à la précédente chronique au sujet de Loups solitaires, roman de Serge Quadruppani.

Encore des animaux ! Sauf que les animaux de Didier Daeninckx ne servent pas à empapaouter, à entourlouper, à enfumer (avec brio) le lecteur ou la lectrice dans un nuage de poils, de plumes, de caquètements, de hurlements de chagrin à la lune, de choucas fonçant en escadrille pour abattre un drone, et autres envolées de mécaniques diaboliques déguisées en abeilles… Ils sont ceux de la vie ordinaire d’un vétérinaire, Erik Ketezer, que les impératifs de l’amitié, de l’amour surtout, vont conduire à enquêter sur un meurtre.

Et s’il y a un coup de pied de l’âne dans ce roman, je ne l’ai pas vu.

Il faut dire que celui qu’assène Serge Quadruppani à Didier Daeninckx, dans Loups solitaires, est un roc, est un pic, est un cap, est une péninsule, aussi énorme que le nez dans la figure de Cyrano de Bergerac !

Dans Artana ! Artana ! quelques tacles en direction du Front de Gauche, des socialistes, des communistes… Bref, la gauche au sens large du terme en prend pour son grade ! Et comme c’est quelqu’un du sérail qui écrit… Sans oublier un coup de griffes à Dieudonné, Alain Soral, Mehdi Meklat et le Parti des Indigènes de la République.

Lanceur d'alerte...

Didier Daeninckx, avec ce roman, prend sa place dans la troupe des lanceurs d’alerte d’aujourd’hui. Nul doute qu’il va en payer le prix fort, qu’il sera taxé d’islamophobie ou de Dieu sait quoi encore… (je retire ce Dieu sait quoi encore, Dieu n’ayant pas sa place dans cette histoire. D’ailleurs il ne devrait, sous ce nom ou sous un autre, ne pas avoir de place du tout dans les affaires de la Cité, mais…)

Un meurtre. Une enquête.

Rayan Zaimien, fils de Sakina, frère de Sylvia et de Loubna, a été assassiné en Thaïlande. Erik Ketezer se rend dans ce pays afin de faire rapatrier le corps à la demande de Loubna. Il cherche aussi à comprendre pourquoi le jeune homme a été assassiné, et par qui. Son enquête met à jour d’étranges connexions entre la Thaïlande et quelques notables véreux de la ville de Courvilliers. Un revolver, trouvé sur les lieux du crime, a déjà parlé à Courvilliers… Un certain Ochaulla est une sacrée crapule…

Erik Ketezer va de découvertes en découvertes, aidé dans son enquête par d’anciens amis qui ne se sont pas laissés corrompre.

Des femmes magnifiques, souvent blessées par la vie, par les hommes…

Sylvia, la femme de sa vie d’Erik Ketezer. Blonde aux yeux verts, elle était d’une douceur excessive dans le quotidien, mais il suffisait qu’on braque le projecteur sur elle, au milieu de la plus humble scène, pour qu’elle donne libre cours à la folie qui l’habitait et dont seul un amant avait la connaissance.

[…]

... C’était au cours de sa période « américaine », lorsqu’elle s’était prise de passion pour les poètes de la Beat génération dont elle faisait sortir les mots de leur cercueil de papier. Burroughs, Ferlinghetti, Gregory Corso ou Hedwig Gorski.

Sylvia était une comédienne capable de faire sentir au spectateur sa gorge sèche et brûlante, la souffrance, la fièvre, le feu de ses entrailles…

Sa famille la fait interner dans un hôpital psychiatrique, après qu’elle a fait ses besoins sur la tombe d’un certain Fabrice Ochaulla. Avant cet incident, Sylvia était déjà un peu décalée. Pourquoi en voulait-elle autant à cet homme ?

Ketezer est hanté par cette question, maintenant qu’elle a rejoint Artaud dans les espaces asilaires.

Loubna, sa sœur et celle de Rayan, s’en veut.

Je m’excuse pour Sylvia. On ne pouvait pas comprendre, on l’a prise pour une folle. J’ai beaucoup réfléchi depuis toutes ces années… C’est remonté quand on est passés devant la chapelle de la famille Ochaulla. J’étais mal, j’ai failli m’évanouir. C’est aussi ça qu’elle ne supportait pas, sauf qu’elle avait vu, à l’époque, ce que personne ne voulait voir.

Virer l'imam du cimetière...

Loubna va s’opposer à un imam, jusqu’à le virer du cimetière, lors de l’enterrement de son frère Rayan, tué par balle en Thaïlande.

[…]

Qu’est-ce qu’il a raconté ?

Elle se frotte les yeux.

Il a commencé par des louanges à Allâh, maître des Mondes, et à souhaiter paix et salut sur celui qu’Allâh a envoyé comme miséricorde pour le monde entier, ainsi que sur sa famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au jour de la Résurrection. Je ne suis pas née de la dernière pluie, je sais décoder ce type de discours. C’est comme s’il me tendait sa carte de propagandiste du salafisme… Nos parents, nos amis, ont payé au prix fort en Algérie pour sortir des cavernes mentales où ces fous voulaient les enfermer ! Deux cent mille morts… Ensuite, il s’est permis d’affirmer que le défunt, Rayan, ne trouverait jamais le repos dans un lieu consacré aux mécréants.

Karima, rencontrée par hasard à la terrasse d’un café, se fait traiter de salope, de connasse, parce qu’elle fume une cigarette.

Excusez-moi, monsieur, mais on est en extérieur, ce n’est pas interdit…

À Ketezer qui s’est assis à côté d’elle afin qu’elle ne soit pas seule devant l’agression verbale qui pourrait bien devenir physique, elle explique.

J’ai rendez-vous pour visiter un studio, et comme j’étais en avance je suis venue boire un thé, pour patienter. Je ne me suis pas aperçue que j’avais retraversé la Méditerranée et que j’étais arrivée au bled… Il ne m’impressionne pas. Ma famille est de Mostaganem. Quand j’allais en vacances, pour les filles, c’était tous les jours comme ça… Si je prends l’appartement, j’aurai au moins l’impression de vivre au pays. Vous habitez ici ?

« Quand je suis arrivée à Auschwitz, j’ai compris que Dieu n’existait pas... »

Hannah Sommer, épouse Belaïd, a caché à ses enfants qu’elle était Juive. Son fils le découvre alors qu’un dimanche, il apporte à sa mère une pastilla confectionnée par sa voisine de palier marocaine.

Madame Belaïd, est devenue la veuve du martyr pour les Kabyles de Courvilliers, après que son mari a été tué pendant la manifestation d’Algériens d’octobre 1961, à Paris.

Didier Daenincks a repris cet événement dramatique dans un roman édité en 1984 : Meurtres pour mémoireUne ville de la banlieue parisienne, Courvilliers, y est déjà citée.

La phrase en exergue… En oubliant le passé, on se condamne à le revivre.

Et là, patatras ! Je la trouve en train de boire du thé avec deux rabbins à papillotes, en caftan noir, chapeau vissé sur la tête, un livre en hébreu ouvert sur la table de la salle à manger…

[…]

Je lui réponds qu’ils ont dû faire une erreur, qu’elle est musulmane, tout comme moi, même si elle ne respecte pas le rituel… Et c’est là qu’elle défait le bouton de sa manche gauche de chemisier, relève le tissu et me montre le numéro tatoué sur son bras ! Je n’ai jamais vu ma mère autrement qu’en robe, recouverte de vêtements. Jamais à la piscine, jamais à la plage… Je savais ce que cela signifiait, ces marques d’un bleu délavé, sauf que c’était tellement incompréhensible, tellement invraisemblable… Je me suis assis, j’ai pris ses mains dans les miennes et j’ai écouté… Sa première phrase disait tout : « Quand je suis arrivée à Auschwitz, à l’âge de dix-sept ans, j’ai compris que Dieu n’existait pas, après j’ai fait semblant.

Serge Quadruppani écrivait en 1983 (rapporté par Ariane Chemin dans un article du Monde que l’on peut lire dans l’encart de la chronique consacrée à son roman Loups solitaires, « Le déporté [y] devenait un numéro, est-il écrit. Mis en fiches et cartes par la Sécurité Sociale et tous les organismes étatiques et para-étatiques, l’homme moderne juge particulièrement horrible et barbare le numéro tatoué sur le bras des déportés. Il est pourtant plus facile de s’arracher un lambeau de peau que de détruire un ordinateur. »

Non monsieur ! Le morceau de peau sur lequel est tatoué son numéro de prisonnier dans les camps de concentration, n’est pas plus facile à enlever… que son numéro de sécurité sociale de la mémoire d’un ordinateur ! Quand même ! Certaines équivalences dans le raisonnement ne sont vraiment pas… de bon ton… pour rester correcte.

Quant au port du vêtement intégral qui devient une quasi obligation pour certaines de nos concitoyennes, s’il sert à nier le corps des femmes, il sert aussi à masquer bien des blessures qui ne demandent qu’à être soignées, puis guéries !

Le boxer de la baronne

Des animaux, donc. D’emblée, nous entrons dans une salle d’opération.

[…]

Dès que le dispositif est mis en place, je me saisis d’un scalpel tout en regardant les radios affichées sur le mur lumineux, derrière la table d’opération. Les deux hernies discales lombaires sont bien visibles, stade 5, et il va falloir retirer les lames dorsales des deux vertèbres pour ouvrir une fenêtre sur la moelle épinière. Du travail de haute précision qui nécessite une maîtrise parfaite du geste.

Le patient dont il est question s’appelle Fidel, c’est le boxer d’une baronne, Mélanie Clayes. Grâce à elle, Erik Ketezer a installé son cabinet ainsi que sa clinique, à Portejoie, un endroit plein de charme, chargé d’histoire.

Un éleveur de chevaux me réclamait, inquiet de la toux caverneuse d’un étalon récemment acheté à prix d’or, à Deauville, et je devais me rendre d’urgence dans son haras situé à une quinzaine de kilomètres, sur la route D’Elbeuf. Mon téléphone posé sur le siège du passager se met à sonner alors que je contourne les étangs par la chaussée de l’Andelle. Je pends la communication en voyant sur l’écran que l’appel émane d’un numéro inconnu, à l’étranger, sans me douter que ce simple effleurement de la touche de mon smartphone, du bout de l’index, va bousculer mon existence.

[…]

Malgré l’enquête qui le conduit de Portejoie à la Thaïlande, puis à Courvilliers, un ancien fief communiste de la région parisienne où il est né, Erik Ketezer, n’oublie pas les animaux qu’il soigne avec attention. Fidel, le boxer trop bien nourri de la baronne Clayes a été sujet à un choc postopératoire de moyenne intensité, mais tout est rentré dans l’ordre.

[…]

Je traverse la salle d’attente occupée par une dizaine de personnes flanquées de leur chien, de leur chat, de leur cage à oiseaux. Je les salue au passage, avant de frapper à la porte du cabinet de consultation où Frédéric, mon remplaçant, recolle la carapace d’une tortue d’Hermann visiblement victime d’un passage de débroussailleuse.

Dans la presse que lit Ketezer, pour les besoins de son enquête, Le premier article qui capte mon attention me concerne sur le plan strictement professionnel. La responsable d’une association baptisée L’école des matous s’étrangle d’indignation, confrontée à une tentative de destruction massive des chats de son quartier du canal au moyen de jets d’acide.

[…]

Une intervention délicate sur un étalon du haras des Roches est programmée et elle nécessite une anesthésie générale. L’animal s’est brisé le paturon, un os de la jambe, lors d’une chute six mois plus tôt, et un collègue de Cannes l’a sauvé de l’euthanasie, réduisant la fracture grâce à la pause d’une plaque.

Le cri d'alerte des guetteurs

Il y a les rats, aussi. Ceux qui prolifèrent dans la ville, dans les caves, dans les logements de Courvilliers. Les mêmes que ceux de Camus, dans La Peste ?

Les élus municipaux ont mieux à faire que de s’occuper du bien-être de leurs administrés. Une manifestation de citoyens exaspérés donne dans l’humour avec un slogan « Adopte un rat, sauve une poubelle. »

On est envahi par des armées de rats depuis plus d’un an. Personne ne fait rien. Les autorités restent sourdes à nos appels de détresse. J’en ai retrouvé un dans la baignoire de ma salle de bain, au troisième étage. Il est monté par les canalisations… Dans la cité d’à côté, ils ont pris la décision de condamner les vide-ordures, mais depuis, une partie des locataires balancent leurs déchets par la fenêtre, et les gaspards viennent profiter du restaurant en plein air ! Le maire est responsable de l’hygiène publique, de l’état sanitaire de la ville, mais il laisse faire comme pour le reste.

Quand la ville se transforme en jungle.

J’oblique vers une place minérale bordée par un centre social, une antenne de la bibliothèque, une annexe de Pôle emploi, et traversée par des scooters dont les roues arrière, en dérapant sur la terre, font naître des nuages de poussière. Assis sur un banc, un jeune type fait admirer à ses copains un python ocre jaune repu dont le corps paresseusement enroulé, trois mètres à première vue, repose près de lui.

[…]

Dans ce nouveau bestiaire, on trouve aussi un âne sodomisé par son propriétaire. Ketezer a rédigé un rapport attestant que la bête ne présentait aucune lésion ni de troubles du comportement à la suite de cet accouplement. Le propriétaire indélicat évoquait quant à lui un hypothétique consentement, l’animal accueillant, prétendait-il, ses approches par des braiments de contentement.

Alors que Ketezer passe par la cité Grindel avant de retrouver son logement temporaire des cris retentissent.

Artana ! Artana ! le cri d’alerte des guetteurs quand ils doivent prévenir les dealers qu’un étranger entre sur leur territoire.

Je m’enfonce dans le dédale des ruelles, soumis à un véritable déluge de décibels qui se déverse sur le quartier. Je frôle des physionomistes encagoulés qui me toisent avec insistance. Le chien qu’un des guetteurs tient au moyen d’une chaîne métallique très courte se met à vomir une sorte de bile foncée lorsque je passe près de lui. Je ralentis mon pas, m’arrête pour m’adresser au maître.

Ça lui arrive souvent ?

Le type me toise d’un air qu’il voudrait mauvais.

Qu’est-ce que ça peut te foutre, c’est pas ton chien…

Non, ce n’est pas mon chien, mais j’aime bien les mastiffs, même si ce ne sont pas des bêtes faciles… Ce n’est pas bon signe quand c’est noir comme ça… Est-ce qu’il a eu des diarrhées ces derniers jours ?

Une ville en coupe réglée

Une ville : Courvilliers, ancien fief communiste de la région parisienne… ce qui a changé plus profondément encore que le décor : le délabrement des corps.

Courvilliers, aux mains des trafiquants de drogue, aux mains des islamistes, aux mains d’un personnel politique corrompu… Tout ce beau monde s’entendant parfaitement bien pour faire régner leur loi, aux antipodes de celles de la République. Une ville qui fait bel et bien partie de ces territoires perdus de la République. Trafics en tout genre, dont le trafic de drogue, organisé depuis un service de la Mairie, faux-emplois, système d’achat des votes, agressions, attentat terroriste dû à un employé de la Mairie, place laissée libre aux marchands de sommeil, ascenseurs dans les immeubles qui ne fonctionnent plus, rappeurs violents, pitbulls en liberté, bornes à incendie transformées en geysers, caves systématiquement pillées, vols de portables à l’arraché, de sacs à main, de colliers, de boucles d’oreilles, de bracelets, dépôts permanents d’ordure sur les trottoirs, insalubrité générale, école en perdition…

La charge est d’autant plus lourde, qu’on ne peut pas se réfugier derrière le fait que ce n’est qu’un roman. C’est un cri d’alerte dont l’objectif diffère fondamentalement de celui que lancent leurs guetteurs aux dealers. Il est celui qu’un citoyen averti lance à d’autres citoyens, en espérant peut-être qu’une certaine gauche cessera de se voiler la face.

La citation en exergue donne le ton du roman. Elle est d’Auguste Blanqui, dans sa déposition à l’audience du 31 mars 1849 lors de son procès devant la Haute Cour de Bourges.

La corruption mine la France, tous les partis en sont malades… La France est à la fois pervertie par l’exemple de la corruption et ulcérée du spectacle de cette corruption, elle ne voit plus dans les hommes d’État qu’une tourbe cupide, sans pudeur et sans lois.

Pour les besoins de son enquête, et après avoir organisé le rapatriement du corps de Ryan, Erik Ketezer retourne dans cette ville dans laquelle il a grandi et qu’il ne reconnait plus.

[…]

Le vent pousse des quantités des détritus que retiennent les alignements de chicanes en béton, et il faut traverser les rues au péril de sa vie pour passer du parvis de la mairie à la halle du marché.

[…]

Les bornes d’accès à la zone piétonne sont descellées, les voitures, les scooters zigzaguent entre les passants sous le regard indifférent des patrouilleurs de la police municipale qui discutent, cigarette au bec, appuyés sur la carrosserie de leur véhicule décoré aux armes de la ville. Les bâtiments qui abritaient la Bourse du travail et la Fédération du Parti communiste n’existent plus.

[…]

…, je mets plusieurs minutes à prendre conscience de ce qui a changé plus profondément encore que le décor : le délabrement des corps. Sans même m’en rendre compte, je détourne la tête à plusieurs reprises en croisant des hommes, des femmes, qui portent les stigmates de l’exclusion, dents abimées, cheveux sales, vêtements élimés.

[…]

Au moment où je commence à désespérer de trouver un éclat de beauté dans tout ce qui m’entoure, le regard d’une jeune femme à la chevelure confisquée par un tissu soyeux bleu azur s’accroche au mien. Nous échangeons un sourire triste, étonnés de faire le même constat.

[…]

Devant le commissariat gardé par trois militaires armés de mitraillettes et revêtus de gilets pare-balles, des types font des roues arrière, tête nue, juchés sur leurs motos pétaradantes, pour épater les gamines du lycée professionnel qui retournent en cours.

Une ville que Loubna, la sœur de Rayan, a quittée pour vivre au Canada.

Pourquoi crois-tu que je suis partie avec mes enfants ? Ici, c’est devenu le bled ! Quand je sortais en jupe, avec un petit décolleté, je ne pouvais pas faire cent mètres sans me faire traiter de putain par les frères qui se tripotent sous leur qamis ou leur djellaba.

Au terme de son enquête, Ketezer saura qui a tué Rayan, et pourquoi Sylvia a fait ses besoins sur la tombe d’un type nommé Ochaulla.

Sylvia avait prêté sa voix à Ginsberg en disant de longs passages de Howl, dans la maison d’Huismes que Max Ernst avait occupée pendant près d’une dizaine d’années, puis le lendemain dans l’atelier que le sculpteur Calder s’était fait construire à Saché, quelques kilomètres plus loin.

Moloch en qui je m’assois et me sens seul !
Moloch où je rêve d’Anges !
Fou dans Moloch !
Suceur de bite en Moloch !
Sans amour et sans homme dans Moloch !
Moloch qui me pénétra tôt !
Moloch en qui je suis une conscience sans corps !
Moloch qui me fit fuir de peur hors de mon extase naturelle !

 

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