Une page (d’écran) se tourne à Factuel

Personne n'est irremplaçable. Après le départ en retraite de son fondateur, Factuel va continuer avec le même esprit et toujours l'objectif de proposer un journalisme sérieux et fouillé, sans publicité ni racolage...

factuelfly

Nombre d'institutions publiques et privées malmènent les personnes les plus impliquées ou celles qui ont le plus besoin d'elles. A l'instant où j'écris ces lignes, je découvre bouleversé le courrier qu'a laissé une directrice d'école de Seine-Saint-Denis avant de mettre fin à ses jours sur son lieu de travail. J'ai aussi une pensée pour ce facteur du Haut-Doubs qui fit de même il y a trois ans, comme ce forestier jurassien il y a dix ans, ce médecin des urgences de Besançon qui tenta de le faire l'an dernier... J'ai une pensée pour tous ceux que le travail a broyés, qu'ils soient ouvriers, éducateurs, flics ou paysans, et qui ne l'ont pas supporté, moi qui ai survécu au travail, m'y suis passionnément engagé, sans jamais me laisser déposséder de moi-même.

A l'heure où je prends ma retraite, je réalise que j'ai eu la chance d'avoir le caractère à m'impliquer dans un métier d'initiatives, dans le syndicalisme, puis dans la création de Factuel, ce petit journal qui tente de faire entendre des voix trop souvent ignorées, sinon méprisées.

Vous le constatez, cet éditorial est un peu particulier. Personnel même, mais pas seulement. Car vous avez bien lu, je prends ma retraite après une vie professionnelle commencée en 1974 par un job d'été dans un service hospitalier de Haute-Saône, bien avant l'obtention de ma carte de presse en 1988. Certains m'ont dit : « mais tu ne vas pas t'arrêter pour autant ! » S'ils pensaient que j'allais mourir à l'ouvrage, accroché à mon carnet de notes par tous les temps ou à des heures indues, penché sur mon clavier d'ordinateur ou l'oreille rivée au téléphone, ils se trompaient.

Je vais cultiver mon jardin jurassien et faire de la montagne, prendre un peu de distance avec le journalisme tout en gardant un œil sur Factuel dont je suis le fondateur et le principal actionnaire, ce qui me confère encore la responsabilité de directeur de la publication.

Car autant le dire tout de suite, personne n'est irremplaçable. Sans moi à la manœuvre, Factuel va continuer avec le même esprit et toujours l'objectif de proposer un journalisme sérieux et fouillé, sans publicité ni racolage.

L'animation de la rédaction est confiée à Guillaume Clerc. C'est un journaliste exigeant et scrupuleux, juste et précis. Il est licencié en histoire de la faculté de Besançon et diplômé du centre universitaire d'enseignement du journalisme de Strasbourg, une des meilleures écoles du pays. Il a cofondé avec Sonia Pignet le magazine trimestriel Lutopik qui a publié vingt numéros d'excellente facture entre 2013 et 2018, explorant autant de thématiques relatives aux enjeux de notre époque : grand âge, système de santé, rapports humains-animaux, énergie, déchets, médias, urbanisme, etc.

Guillaume mettra son énergie et son talent, son sens critique et ses qualités pédagogiques au service d'une information pertinente et utile aux citoyens. J'emploie le futur, mais cette perspective puise ses racines dans un travail et une réflexion partagés depuis plusieurs mois. Guillaume a ainsi déjà publié sur Factuel plusieurs informations exclusives. Il a été le premier à rétablir la vérité à propos de la prétendue invasion du commissariat de police de Besançon par des manifestants le 1er mai dernier, révélé l'accord secret avec l'Etat que la direction de General Electric n'a pas respecté, produit quelques reportages bien sentis, par exemple sur les urgences en grève du CHU de Besançon ou la visite d'Emmanuel Macron à Ornans en état de siège... Il a également initié un rapprochement avec les rédactions de Médiapart et Médiacités, largement contribué à la troisième version de Factuel, actuellement en chantier, que vous découvrirez début 2020.

La rédaction de Factuel, c'est aussi des plumes que vous connaissez. Celles que Michèle Tatu et Patrick Tardit consacrent au cinéma avec savoir-faire et esprit ; celle de Danièle Secrétant qui traite avec instinct de littérature et se pique parfois de peinture ; celle, nerveuse, curieuse et chatouilleuse, de Toufik-de-Planoise... Elles sont toujours de l'aventure et d'autres devraient les rejoindre.

Pour ma part, je ne disparais pas complètement. Je donnerai un coup de main de temps en temps, j'accompagnerai Guillaume, j'écrirai à l'occasion...

Quant à toi, lectrice, lecteur, toi sans qui tous ces efforts ne rimeraient à rien, je ne t'oublie pas. Toi l'indispensable par ton engagement qui permet cette aventure, au sens le plus prosaïque. Merci d'être encore là, même si j'aimerais que tu sois parfois plus rapide à renouveler ton abonnement quand il vient à échéance, à transformer plus vite en acte ta promesse de t'abonner... On t'aime et... on te respecte, lectrice, lecteur, car tu es notre planche de salut !

Je n'oublie pas non plus les abonnés blogueurs qui apportent leur expertise, font part de leur (bonne ou mauvaise) humeur, de leur colère, témoignent de leur humour, de leur expérience, développent leurs idées ! J'en profite pour rappeler que cet espace des blogs hébergés par Factuel est conçu comme étant interactif : il autorise les commentaires, et par conséquent ouvre des débats, ce dont notre époque manque sans doute le plus.

Je lance enfin un appel aux impliqués, aux engagés, aux associations, aux syndicats : vous aussi, apportez votre contribution pour que Factuel vive, parvienne à faire décemment vivre Guillaume, à rétribuer de nouvelles collaborations professionnelles : abonnez-vous, créez un blog et écrivez y, remplissez et consultez l'agenda... Et si vous avez un peu de monnaie devant vous, faites un don, vous économiserez sur votre impôt si vous avez la chance d'en payer ! Tiens, voilà que la retraite me fait devenir commercial...

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