Un homme providentiel pour les Forges de Baudin ?

Spécialiste de marketing et agent d'artistes, Stanislas Belhomme porte un projet de musée des arts urbains et de street-art, le MAUSA, à côté de Sellières. Le premier de France, assure-t-il au conseil départemental du Jura qui penche pour lui vendre les Forges de Baudin. L'affaire doit être scellée cet automne.

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Stanislas Belhomme est-il l'homme providentiel qui va sauver les Forges de Baudin de la ruine ? Le mot a été prononcé par Danièle Brûlebois, la cheffe de l'opposition de gauche au conseil départemental lors de la session du 8 juillet. Pour Robert Tournier, ancien vice-président PS du département et président de l'association Les Amis des Forges de Baudin, son projet est « la meilleure solution ».

Formé à l'Ecole du Louvre, Stanislas Belhomme a 46 ans, se présente comme agent artistique, éditeur et marchand d'art. Il a travaillé dans la publicité, notamment pour la régie de l'ancien groupe Hersant, et été directeur du développement du quotidien d'Orléans, La République du Centre, où son épouse, prématurément décédée, était journaliste. C'est par elle, dont la famille est jurassienne, qu'il a découvert la région où il possède une résidence près de Lons-le-Saunier dans laquelle il vit depuis un an quand il ne voyage pas pour son travail.

Un lieu avec « une histoire à raconter »

Fils d'entrepreneur, il a « fondé plusieurs boîtes » dont Naturasciences, un laboratoire de cosmétiques bio dont il a été directeur du marketing avant de vendre ses parts après un rachat. Il a aussi été quelques mois administrateur de la Société d'enseignement et d'éducation pour jeunes filles, une école normale catholique de Paris...

A Baudin, il projette de créer un musée d'art urbain street-art, qu'il appelle déjà MAUSA. Il explique avoir, grâce à la veille informationnelle mise en place dans son entreprise, découvert que le site était à vendre et a rapidement adapté le dossier déjà monté pour un premier site, près d'Orléans. Présentant une capacité d'exposition plus vaste, le « merveilleux site » situé à proximité de Sellières a également sa préférence car il « a une histoire à raconter », répète-t-il. 

Jardins partagés et résidences d'artistes

Sur le plan juridique, une SCIsociété civile immobilière achèterait le foncier, une SASsociété par actions simplifiée déjà créée passerait en commandite pour exploiter le musée et un fonds de dotation artistique où investiraient des mécènes serait propriétaires des oeuvres. Ce fonds permet de défiscaliser partiellement les dons et interdit le recours à des subventions. Stanislas Belhomme indique avoir levé 1,8 million d'euros dont 80% provenant de quatre investisseurs. 200 à 250 pièces constitueraient la base d'une exposition permanente, en partie en extérieur pour les plus imposantes.

Le MAUSA proposerait aussi des expositions temporaires, des performances, des ateliers.Ce serait aussi un « lieu de vie » avec jardins partagés, résidences d'artistes, restaurant bio, café littéraire, reproductions d'oeuvres vendues en boutique dont « le chiffre d'affaires sera supérieur à la billeterie » comme dans la plupart des musées.

M. Belhomme s'est rapproché des Amis des Forges de Baudin et entend associer son petit musée d'ethnographie industrielle au projet. Il estime que la proximité de la Suisse, où le marché de l'art contemporain est florissant, est un atout. Il table sur une fréquentation de 20.000 à 35.000 visiteurs par an, envisage des opérations avec les scolaires, des collaborations avec le Moulin de Brainans, un circuit des forges avec Syam et Fraisans. Agent de Monsieur Chat, annonçant des artistes « mondialement connus » comme Jef AérosolC215 et quelques autres, il annonce des partenariats avec des galeries parisiennes, suisses ou belges...

Dix millions d'euros
en trois tranches

Il chiffre le projet à une dizaine de millions d'euros en trois phases. Une première « réhabilitation rapide » de 3,2 millions permettrait d'ouvrir pour l'été 2017 à condition de démarrer cet automne. Une seconde tranche serait lancée au printemps 2018 pour rénover les façades en « lien avec les Monuments historiques ». Enfin, en « fonction du succès », la troisième phase serait celle de « reconstruction de la forge comme elle était avant avec la fameuse cheminée », celle qui penche un peu plus que la tour de Pise...

Après avoir entendu cette présentation, Danièle Brûlebois a estimé le projet « séduisant » et porteur d'une « nouvelle utopie », disant son accord pour l'orientation artistique car « le street art est populaire ». Jean-Louis Millet (DVD, Saint-Claude) a souhaité « un montage financier complet pour l'automne » afin de savoir « qui paie », tout en disant craindre qu'on « frappe à la porte du département ». « Il n'y aura pas de participation financière directe », a répondu le président Clément Pernot. « On a la surface financière », a assuré Stanislas Belhomme, « on ne sollicitera pas le département sauf pour des opérations éducatives, une campagne de pub pour le Jura ou un arrêt de bus à rapprocher... »

« On ne peut pas
se passer de l'association
des Amis des Forges de Baudin »

Jean-Louis Millet est revenu à la charge quant à la pérennité des Amis de la forges : « garderez-vous les collections ? » Réponse de Belhomme : « on a les mécènes pour l'association, on ne peut pas se passer d'elle, elle est cruciale mais n'a que 1600 visiteurs par an... » A Christophe Bois (LR, Lons) qui demande des précisions budgétaires, il explique que la première phase de 3,2 M€ se compose notamment de 2,2 M€ de travaux avec les barrières, et de 0,8 M€ pour la scénographie.

Il distille aussi la nécessité de décider vite : « la fondation a un projet en région Centre, mais on aimerait être ici où les artisans sont moins cher. On peut donc investir un peu plus pour un café... » Danièle Brûlebois veut savoir ce qu'il adviendra des trois locataires actuels. « On ne les a pas rencontrés car il n'y a pas encore eu de vote, mais il y aura des contraintes pendant les travaux... »

 

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