Soumission, insoumission

Michel Houellebecq surfe sur des peurs qui, l’attentat contre Charlie le montre, ne sont pas que fantasmées. Sa « réponse », Soumission, est aux antipodes de celle apportée par ces millions de Français descendus dans la rue pour dire : « Nous sommes tous Charlie ! »

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Le jour où le dernier roman de Michel Houellebecq, Soumission, sort en librairie, Charlie Hebdo paie de sa vie son insoumission aux diktats de l’islamisme radical. La tête de Charlie a été coupée et son cœur arraché. Sans oublier les deux policiers. Tous morts pour une certaine idée de la France. Tous morts pour que vive la démocratie.

Théocratie contre démocratie ? Cette démocratie dont l’écrivain à la triste figure prétend qu’elle est une valeur morte.

Il a le droit d’écrire, lui aussi. Sa soumission à un certain air du temps lui apportera de l’argent. L’insoumission de Charlie, le boulot des deux policiers dont un était chargé de la protection de Charb, leur ont coûté la vie.

Comment en sommes-nous arrivés à pareille situation ? La rédaction d’un journal méthodiquement assassinée. Du jamais vu en France. Un geste éminemment politique.

L’Église, le Pape… n’ont pas été épargnés par Charlie.

Théocratie contre démocratie. N’est-il pas temps de remettre quelques pendules à l’heure ? De réaffirmer haut et fort les valeurs républicaines, dont la laïcité ? N’est-il pas temps de laïciser l’Islam ? Les religions, cette religion, dit Philippe Val, doivent accepter d’être critiquées.

J’ajoute qu’elles doivent aussi accepter d’être moquées.

Les cloches de Notre-Dame sonneront aujourd’hui, en signe de deuil. Je dis bravo ! L’Eglise, le Pape… n’ont pas été épargnés par Charlie.

Alors, qu’est-ce que cette Soumission, de Michel Houellebecq.

François, le personnage central, le témoin, l’alter ego de Michel, prof de fac, spécialiste de Huysmans vit dans une France déchirée. … au fil de pages qu’on sent dictées par l’esprit du temps davantage que par une individualité propre, un être incertain, de plus en plus fantomatique et anonyme.

Je lui emprunte cette phrase. En effet Michel Houellebecq surfe, lui aussi, sur des peurs qui, l’attentat contre Charlie le montre, ne sont pas que fantasmées.

Mais sa « réponse », Soumission, est aux antipodes de celle apportée par ces millions de Français descendus dans la rue pour dire : Nous sommes tous Charlie ! Charlie continuera à vivre, à penser, à rire, à se moquer, à dessiner. Non ! l’esprit de Charlie n’est pas mort ! Nous allons le ressusciter !

« Pas de problème, monsieur, on est juste venus rendre visite à nos sœurs... »

Nous devons cesser de twitter, nous devons nous remettre à penser, à nous défendre, à défendre nos valeurs.

Dans le roman, qui n’en est pas vraiment un, ou qui n’est pas seulement un roman, mais une sorte de profession de foi assez répugnante, les élections, truquées, finissent par mettre un musulman au pouvoir. Modéré, dit Houellebecq.

Devant la porte de ma salle de cours — j’avais prévu ce jour-là de parler de Jean Lorrain - trois types d’une vingtaine d’années, deux Arabes et un Noir, bloquaient l’entrée, aujourd’hui ils n’étaient pas armés et avaient l’air plutôt calmes, il n’y avait rien de menaçant dans leur attitude, il n’empêche qu’ils obligeaient à traverser leur groupe pour entrer dans la salle, il me fallait intervenir. Je m’arrêtai en face d’eux : ils devaient certainement avoir pour consigne d’éviter les provocations, de traiter avec respect les enseignants de la fac, enfin je l’espérais.

« Je suis professeur dans cette université, je dois donner mon cours maintenant » dis-je d’un ton ferme en m’adressant à l’ensemble du groupe. Ce fut le Noir qui me répondit, avec un grand sourire. « Pas de problème, monsieur, on est juste venus rendre visite à nos sœurs... » fit-il en désignant l’amphithéâtre d’un geste apaisant. En fait de soeurs il n’y avait que deux filles d’origine maghrébine, assises l’une à côté de l’autre, en haut et à gauche de l’amphi, vêtues d’une burqa noire, les yeux protégés par un grillage, enfin elles étaient largement irréprochables, me semblait-il.

Encore un intellectuel (?) qui a des problèmes avec les femmes...

‟François Houellebecq”, vie triste, sexualité triste, pensée déclinante, sans grandeur, encore un intellectuel (?) qui a des problèmes avec les femmes.

en réalité je n’ai jamais été persuadé que ce soit une si bonne idée que les femmes puissent voter, suivre les mêmes études que les hommes, accéder aux mêmes professions, etc. Enfin on s’y est habitués, mais est-ce que c’est une bonne idée, au fond ?

mais les jours de Jennyfer étaient sans nul doute comptés, ils ne proposaient rien qui puisse convenir à une adolescente islamique. Le magasin Secret stories par contre, qui vendait de la lingerie de marque à des prix dégriffés, n’avait aucun souci à se faire : le succès des magasins analogues dans les galeries marchandes de Riyad et d’Abu Dhabi ne s’était jamais démenti, ni Chantal Thomass ni La Perla n’avaient quoi que ce soit à craindre de l’établissement d’un régime islamique. Vêtues pendant la journée d’impénétrables burqas noires, les riches Saoudiennes se transformaient le soir en oiseaux de paradis, se paraient de guêpières, de soutiens-gorges ajourés, de strings ornés de dentelles multicolores et de pierreries ; exactement l’inverse des Occidentales, classe et sexy pendant la journée parce que leur statut social était en jeu, qui s’affaissaient le soir en rentrant chez elles, abdiquant avec épuisement toute perspective de séduction, revêtant des tenues décontractées et informes.

Un peu de nostalgie, chez François-Michel.

c’était l’islam, donc, qui avait aujourd’hui repris le flambeau. À force de minauderies, de chatteries et de pelotage honteux des progressistes, l’Église catholique était devenue incapable de s’opposer à la décadence des mœurs. De rejeter nettement, vigoureusement, le mariage homosexuel, le droit à l’avortement et le travail des femmes. Il fallait se rendre à l’évidence : parvenue à un degré de décomposition répugnant, l’Europe occidentale n’était plus en état de se sauver elle- même - pas davantage que ne l’avait été la Rome antique au Ve siècle de notre ère. L’arrivée massive de populations immigrées empreintes d’une culture traditionnelle encore marquée par les hiérarchies naturelles, la soumission de la femme et le respect dû aux anciens constituait une chance historique pour le réarmement moral et familial de l’Europe, ouvrait la perspective d’un nouvel âge d’or pour le vieux continent. Ces populations étaient parfois chrétiennes ; mais elles étaient le plus souvent, il fallait le reconnaître, musulmanes. Il était, lui, Rédiger, le premier à reconnaître que la chrétienté médiévale avait été une grande civilisation, dont les- accomplissements artistiques resteraient éternellement vivants dans la mémoire des hommes ; mais peu à peu elle avait perdu du terrain, elle avait dû composer avec le rationalisme, renoncer à se soumettre le pouvoir temporel, ainsi peu à peu elle s’était condamnée, et cela pourquoi. Au fond, c’était un mystère ; Dieu en avait décidé ainsi.

Aux hommes et aux femmes de principes et de cœur d’entrer en action !

Dieu en avait décidé ainsi ?

Alors, aux hommes et aux femmes de principes et de cœur d’entrer en action !

Même s’il y a mieux, c’est la grandeur de la démocratie de permettre à Michel Houellebecq d’écrire ce genre d’inepties. Pourquoi trouvent-elles un écho parfois si favorable ?

En face de Michel Houellebecq, d’Éric Zemmour, de Marine Le Pen…, il y a urgence à réaffirmer nos principes républicains et laïques. De les redéfinir. De les mettre en action, sans faiblesse.

Liberté. Liberté d’expression. Liberté de son culte dans l’espace privé. Ma liberté, m’apprenait-on dans l’école gratuite, laïque et républicaine, s’arrête ou commence celle des autres.

Que se passerait-il, par exemple, si tous les athées (dont on ne parle pas, qui ne font pas de bruit), se trouvaient un chapeau sur lequel ils écriraient « Je suis athée » ? et se promenaient ainsi coiffés dans la rue ? Ou dans certaines zones réputées de non droit ?

Égalité. Devant les droits, mais aussi devant les devoirs. Égalité homme/femme. Égalité dans le mariage pour tous. L’égalité est un principe exigeant, ce n’est pas un principe de mollesse.

Fraternité. Elle ne va pas sans une définition forte de ce qu’est le « vivre ensemble ». Elle ne va pas sans règles admises par tous, et respectées par tous.

Laïcité. Il y a nécessité de relire, de réexpliquer la loi sur la séparation de l’Église et de l’État qui est tout le contraire d’une loi liberticide.

 

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