Rose Gold, hommage à une trapéziste

L'exposition proposée par Cécile Bart, conduit notre imaginaire à se faire trapéziste, elle nous conduit à être acteurs de l'exposition, le temps d'un instant magique. À faire partie de l'oeuvre d'art.

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 Du 19 septembre au 3 janvier 2021, le Fond Régional d’Art Contemporain, propose une exposition d’œuvres de l’artiste Cécile Bart. Rose Gold, en hommage à une trapéziste.

Cette exposition s’inscrit dans le programme 2020-2021du Frac Franche-Comté, programme consacré au dialogue entre les arts visuels et la danse.

Une réflexion artistique autour l’intérêt que les artistes peuvent avoir pour le corps. Corps en mouvement, corps démembrés, corps aériens, tel celui de Rose Gold… Factuel info s’est fait l’écho d’une précédente exposition, Dancing Machine.

Le travail artistique de Cécile Bart, dans cette exposition intitulée Rose Gold, en hommage à une trapéziste célèbre (née en 1922 en Autriche, décédée à Vienne à la fin des années 90), est par bien des aspects aérien, léger, tout en subtilités chromatiques, à l’image, sans doute, des subtilités acrobatiques de la trapéziste.

Cécile Bart

Au Frac l’exposition est construite comme un parcours qui débute par une « farandole », passe par une scène où se déploient des trajectoires, pour aboutit à l’installation immersive intitulée Silent Show. Notre déambulation fait partie intégrante de la proposition de l’artiste. Elle la chorégraphie en quelque sorte tout en laissant une large place au hasard. (Sylvie Zavatta. Plaquette de présentation)

 

Chaque salle de l’exposition a son identité propre, une identité faite des multiples facettes du travail de l’artiste, de son utilisation de différents supports. De la peinture-écran, jusqu’à des projections animées, d’extraits de films ou d’images numérisée, en passant par des peintures-collages, et des lisses, longs fils de laine et de coton tendus verticalement.

Quand le visiteur-spectateur, devient acteur de l’œuvre et œuvre d’art éphémère

C’est une expérience à vivre, tout particulièrement dans les salles 1, 4 et 5.

Dans la salle 1, des traits de peinture du sol au plafond forment des trajectoires, une chorégraphie visuelle, qui pousse le regard du visiteur à se laisser happer par le mouvement des lignes. Qui le pousse à se positionner, entre les lignes ? Sur les lignes ? À l’écart des lignes ? De plus, au fond de la salle, une peinture écran,  transparente, pose une question : celle de sa présence dans cet endroit précis. Une question que peut se poser le visiteur-spectateur. Qu’est-ce que je fais ici ? Sachant que les salles, ainsi que l’artiste, intègrent formidablement bien le spectateur-visiteurs. À certains endroits, il devient acteur de l’œuvre, et œuvre d’art éphémère, quand il adopte tel ou tel positionnement corporel.

C’est encore plus intéressant dans la salle dite salle des lisses. Au plafond, très haut, des cercles de bois semblables aux métiers de tapisserie. De longs fils de laine ou de coton en tombent, formant des cages-rideaux. Ou des mini-labyrinthes dans lesquels on ne peut pas se perdre. La douceur des couleurs des lisses est reposante, le fait que lorsque l’on entre dans la cage-rideau, ou mini-labyrinthe, on puisse en ressortir sans problème est sécurisante. À l’intérieur ou à l’extérieur de la construction, nous restons à la fois acteur et spectateur de ce qui se passe, de ce qui se voit dans la salle en étant vus par les autres.

Reste à savoir si l’on s’autorise à faire bouger les lisses, ou à y passer les doigts comme sur les cordes d’une harpe, ou à les écarter afin de se frayer un passage autre que celui autorisé...

À chaque extrémité de chaque lisse, un plomb lui donne de la tenue. Si cette construction est bien issue de la pensée de l’artiste, il a fallu des « petites mains » pour la réaliser. Des heures de travail sans doute. Une participation active à la création de l‘œuvre. Le visiteur-spectateur vient y ajouter sa touche. Son empreinte, le temps de son passage.

Une conséquence troublante

Elle est confirmée par l’artiste. Les œuvres qui ont été marouflées (collées) sur les murs, ne survivront pas à leur décollage. Ou plutôt, elles continueront à vivre dans la mémoire de leur créatrice, et dans celles des visiteuses et des visiteurs. J’ignore pourquoi, mais cette fin de l’œuvre peut faire penser à la destruction du mur de Berlin et à ces centaines de personnes qui ont tenu à garder des morceaux du mur, décoré de graffitis, des dessins, de slogans…

Des fragments de cette œuvre de Cécile Bart seront peut-être encadrés ? On les retrouvera dans la bibliothèque d’une maison ? Dans un salon ?

Le corps en mouvement

Il l'est dans la salle dans laquelle sont projetés des morceaux de films, des images… Une salle noire. Grâce au jeu des lumières projetées par les écrans, les ombres de nos corps en mouvement participent à la chorégraphie mise en scène par Cécile Bart. Nous devenons à notre tour trapézistes, mais au sol.

 

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