OGM et comté : coup de torchon à Besançon

L'affaire du soja transgénique livré à son insu à un producteur de lait à comté, faucheur volontaire d'OGM, a provoqué de vifs échanges lors de la session plénière de la chambre d'agriculture du Doubs. Le président Daniel Prieur a fustigé ceux qui « amènent la suspicion » sur les AOC». Réponse de Gérard Coquard : « Je n'aime pas les sous-entendus, la Conf' est visée alors qu'elle a énormément travaillé pour l'AOC ».

L'affaire du soja transgénique livré à son insu à un producteur de lait à comté, de surcroît faucheur volontaire d'OGM, a provoqué de vifs échanges, hier lors de la session plénière de la chambre d'agriculture du Doubs. Le président Daniel Prieur a fustigé d'emblée ceux qui « amènent la suspicion » sur les AOC, et mettent ainsi « en péril l'économie d'une région ».
Élu de la Confédération paysanne, Gérard Coquard a évidemment réagi : « Je n'aime pas les sous-entendus, la Conf' est visée alors qu'elle a énormément travaillé pour l'AOC ». Il a surtout défendu l'agriculteur en question, Jean-Paul Henry, adhérent de son syndicat : « Certains dans l'AOC jouent contre leur camp. Jean-Paul Henry l'a dit pour que ça cesse, ça a cessé. Il faut être attentif car les solutions habituelles ne sont pas à la hauteur ».
Daniel Prieur a répliqué en indiquant que Jean-Paul Henry, « ancien technico-commercial en aliments pour bétail sait ce qu'est la composition ». Il est persuadé qu'il a fait un coup de « marketing syndical » au détriment de la « défense de la profession », indiquant que l'achat d'aliments est de la « responsabilité de l'éleveur ». Étienne Lachat, élu FDSEA, est aussi sévère, invoquant « des gens qui font de la politique dans la filière ». 
Pour Gérard Coquard, « si ces attaques sont si violentes, c'est que notre combat est juste ». Devant l'ampleur de la polémique, nous nous devons, pour notre part, de faire une mise au point. Daniel Prieur, Étienne Lachat et plusieurs de leurs proches pensent sincèrement que la Confédération paysanne a voulu faire un coup en rendant publique l'affaire. Nous pensons qu'il n'en est rien. Nous l'avons apprise par une autre source et avons, comme il se doit, cherché à vérifier cette information.
Nous avons donc rencontré Jean-Paul Henry alors qu'il était en compagnie de Denis Narbey, autre élu de la Conf'. D'emblée réticents à évoquer l'affaire, ils ont refusé de nous donner des détails, indiquant redouter une « tempête médiatique » qui pourrait « porter atteinte à l'image du comté ». C'est après une âpre négociation, qu'ils ont accepté de nous en dire plus. Nous avons notamment argumenté ainsi : « quelle serait l'image du comté si l'on apprenait que des OGM sont livrés à des producteurs et que vous refusez de le dénoncer ? »
La suite est connue. La publication de la nouvelle a entraîné la décision du fournisseur, Néolait, d'abandonner la commercialisation du complément alimentaire en question.
Dans cette affaire, retenons aussi la déclaration de Claude Vermot-Desroches, le président du CIGC (comité interprofessionnel du comté) : « Nous sommes cernés par les OGM » alors même qu'ils sont proscrits par le cahier des charges du comté établi par le CIGC. Cela appelle ce commentaire : est-ce de bonne stratégie de crier haro sur le premier qui accepte de dénoncer publiquement une telle menace ?
Plusieurs agriculteurs nous ont dit qu'en pareille situation ils contacteraient leur fournisseur pour qu'il reprenne illico sa marchandise. 
En catimini ? C'est justement comme ça qu'avancent les OGM. Cachés.

 
 
 

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