Des OGM chez un faucheur volontaire

L'histoire pourrait faire grand bruit. Jean-Paul Henry, producteur de lait à comté à Grand-Combe des Bois, sur le plateau du Russey, nous a confirmé le 8 novembre 2009 s'être fait livrer quelques jours auparavant par son fournisseur habituel, Néolait, 600 kg d'aliments pour veaux contenant, selon l'étiquette, 25% de soja transgénique, forcément importé.

L'histoire pourrait faire grand bruit. Jean-Paul Henry, producteur de lait à comté à Grand-Combe des Bois, sur le plateau du Russey, nous a confirmé le 8 novembre 2009 s'être fait livrer quelques jours auparavant par son fournisseur habituel, Néolait, 600 kg d'aliments pour veaux contenant, selon l'étiquette, 25% de soja transgénique, forcément importé. Il s'agit d'une « alimentation complémentaire des céréales pour le démarage des veaux d'élevage », vendue sous le nom de Néovo Masch C50.
L'agriculteur, estomaqué à la lecture de la composition du produit, assure ne pas avoir ouvert le sac. « Mes veaux avaient un problème de transition entre le lait et l'alimentation solide. Mon fournisseur, que je connais et à qui je fais confiance, m'a proposé d'essayer ce produit pour une meilleure disgestion. Le lendemain de la livraison, au moment où j'allais utiliser le produit, j'ai regardé l'étiquette. Je ne suis pas sûr que celui qui me l'a vendu sait ce qu'il y a dedans, il connaît [ma position sur les OGM->215]. Au début, je lui demandais si ses produits avaient l'agrément du CIGC ». 
Engagé dans la lutte militante contre les OGM, Jean-Paul Henry a été faucheur volontaire. Syndiqué à la Confédération paysanne, il a évoqué les faits avec ses amis. 
Après réflexion, il a décidé d'écrire à Néolait pour demander des explications, ainsi qu'aux présidents de la chambre d'agriculture, de la FDESA du Doubs et du CIGC, le comité interprofessionnel du comté qui organise la filière. 
Une filière qui a décidé il y a déjà quelques années de ne pas recourir aux OGM, entraînant dans la foulée les autres fromages AOC de la région : morbier, mont d'or, bleu de Gex. Les chambres d'agricultures du Doubs et du Jura ont voté des délibérations dans le le même sens, ainsi que le Conseil régional de Franche-Comté.
A la Confédération paysanne, on s'interroge. Et l'on s'inquiète de l'effet que cette affaire peut produire sur l'image du comté, et par conséquent sa commercialisation. Et par là-même peser sur son prix, encore rémunérateur aujourd'hui, grâce à l'organisation de la filière qui a su conserver une bonne part de la valeur ajoutée à la production. 
Garder le silence aurait comporté le risque de se voir reprocher l'usage d'OGM, ce qui aurait été un comble. Et comme tout finit par se savoir, cela aurait été contre productif, laissant imaginer que la filière n'est pas aussi pure qu'elle l'affirme. 
Le cahier des charges de la première AOC fromagère de France est en effet l'un des plus rigoureux. Outre le refus des OGM, il suppose une agriculture extensive par la limitation de la fertilisation, du nombre d'animaux sur les pâturages (pas plus d'une vache à l'hectare), l'interdiction d'aliments fermentés comme le maïs ensilage... 
Des contrôles des factures d'intrants ont lieu régulièrement chez tous les producteurs.

 

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