Noël et les pixels

Joël Colado a annoncé du soleil sur toute la France de l’Est à l’Ouest et du Nord au Sud. Assis à une terrasse, une discussion entre amis : et ton ordi, il a combien d’octets ? Et ton appareil photo numérique combien de pixels ? Et sur Facebook, tu as combien d’amis ? C’est ce qu’on appelle les nouveaux fondamentaux. Après deux heures de discussions sur le e-commerce, la googlelisation de notre savoir, je file à la Cité des Arts pour savoir si ailleurs, il existe encore de quoi faire mijoter mon imaginaire.

Joël Colado a annoncé du soleil sur toute la France de l’Est à l’Ouest et du Nord au Sud. Assis à une terrasse, une discussion entre amis : et ton ordi, il a combien d’octets ? Et ton appareil photo numérique combien de pixels ? Et sur Facebook, tu as combien d’amis ? C’est ce qu’on appelle les nouveaux fondamentaux.
Après deux heures de discussions sur le e-commerce, la googlelisation de notre savoir, je file à la Cité des Arts pour savoir si ailleurs, il existe encore de quoi faire mijoter mon imaginaire. C’est une seconde nature chez moi la quête de la nouveauté, l’installation, la performance, bref, le lieu où le réel s’efface devant la poésie. Enfin, c’est comme ça que j’imagine la découverte de l’art.
La foule des grands jours est là. « Test pattern (N°4) de Ryoji Ikeda invite le visiteur à entrer dans un univers ultra contemporain, à faire l’expérience d’une immersion dans l’image, la lumière et un son électronique minimal » explique la plaquette. Je m’approche à pas de louve de la salle obscure. A l’entrée petit questionnaire médical : êtes-vous sujette aux acouphènes ? Êtes-vous épileptique ? Tout en rassurant l’hôtesse sur mon état de santé (sans fournir de certificats médicaux adéquats) je me demande ce qu’on va faire subir à mon corps. J’avance avec précaution et… je ne sais pas si vous allez me croire, je me retrouve dans une sorte de programme informatique qui convertit les signaux sonores, en images de code barre. L’installation est composée d’images posées sur le sol. Me voila donc titubant sur un tapis de codes barres noirs et blancs en prise avec la vitesse du son… En fait primitivement, c’est l’expérience de la mire du téléviseur (J’avoue ici ne jamais être entrée dans une grille ou un interlude de la télé !). Tout ça c’est une mise à l’épreuve de la vitesse du monde pour nous montrer la capacité à percevoir les données informatiques qui pénètrent notre quotidien (si j’ai bien compris le concept !)
Je suis toute perdue. Comme Alice au pays des merveilles dans une forêt plus grande qu’elle sauf que moi, je suis dans un code barre géant, les oreilles en charpie comme si je sortais de « Massacre à la tronçonneuse ». J’ai comme l’impression que je vais m’évanouir.
Pour reprendre des forces, je bois un café au restaurant « Le Pixel » (très bon le café).
Dehors les oiseaux piaillent et les fleurs s’ouvrent dans la douceur de ce premier jour de printemps. Je m’allonge sur un banc et m’endors.
Une ombre se penche sur moi. Noël et son saxo.
- « Tu es toute pâle », murmure-t-il. « Qu’est ce qui t’arrive ? »
- « Je ne sais pas ce que j’ai. Je me sens toute pixellisée… »

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !