Les Petits débrouillards à la Cité Brûlard

Le festival des « petits explorateurs » se tenait chaque année à Planoise pour partager le concret d'expériences scientifiques et techniques. Il a apporté bien du plaisir à 150 à 200 enfants du quartier des 408, à Besançon.

Gloria et l'apprentissage du b a ba de la chimie... Photos DB

« Avec l'actualité des 408, c'est bien de venir pour amener du positif... » Coordinateur de l'antenne franc-comtoise du réseau associatif national de culture scientifique et technique Les Petits débrouillards, Aurélien Djamei explique pourquoi le festival annuel des petits explorateurs qui se tenait jusqu'alors à Planoise, s'est installé mercredi 13 mai sur les abords de la maison de quartier de ce qu'on appelle aussi la Cité Brûlard.

Il ne s'agit pas seulement d'une question d'image. Celle que renvoie les médias qui ont fait des faits-divers une priorité éditoriale n'est pas reluisante. Pour ceux-ci, qui relaient idées reçues et discours entendus, émanant parfois d'élus et même d'institutions, les 408 ne seraient qu'une zone de non droit. Résumer le quartier à cela, aux récentes interpellations suivies de condamnations, serait oublier qu'on y vit, va à l'école, jardine ou mène une vie associative... Qu'on y subit aussi la crise davantage qu'ailleurs, avec un taux de chômage double de la moyenne, voire davantage pour les plus jeunes.

« Et si on met du chou rouge dans de l'acide ? »

Pour ce jeune travailleur social, les petits explorateurs ont aussi « ramené un peu de dynamique dans un quartier enclavé dont les habitants sortent peu : avec l'implantation de la maison de quartier, on les a habitués à une hyper-proximité, mais il n'y a pas de poste ou de banque et peu de commerces ». Du coup, l'installation de stands consacrés à la découverte et à la réflexion concrète où enfants et parents pouvaient pratiquer ensemble, a donné une joyeuse allure colorée au secteur. Une allure de fête...

Là, Gloria, étudiante espagnole en thèse de chimie, fait littéralement toucher du doigt la différence entre acide et base. Il suffit d'un chou rouge et d'un peu d'eau, de vinaigre blanc et de bicarbonate. Avec un calme à toute épreuve, elle fait des mélanges qui changent les couleurs, provoque des « oh ! » et des « ah ! », laisse les enfants faire eux-mêmes, pose des questions qui, mine de rien, amènent à trouver soi-même des réponses. « Et si on met du chou rouge dans de l'acide, ça fait quoi comme couleur ? »

Réchauffement climatique et préoccupations sociales

Sous la tente du CAUE, Etienne Chauvin et Mylène Brévod ont étalé le plan d'un village. « Il s'agit de construire de nouvelles habitations avec la même densité qu'au centre du village, soit quinze à seize logements par hectare pour éviter de consommer des terres agricoles ». Les enfants ont deux instruments : un cadre d'un hectare et des petits cubes matérialisant les maisons : « ça permet de comprendre les notions de densité, d'étalement urbain ». 

Plus loin, on parle du réchauffement climatique. « On en parle plutôt avec les adultes, mais ça semble assez loin des préoccupations du quotidien car les préoccupations sociales sont plus importantes », explique Nathalie, militante environnementaliste qui prépare le salon Alternatiba. Keldi Nouredine, étudiant électricien venu de Mayotte, chanteur de rap créole, confirme.

« Quand il n'y a pas de réponse à la pauvreté... »

A l'ombre du parvis de la maison de quartier, Eliane, Josette et Priscilia tiennent un petit stand de boissons et de gâteaux. La recette servira à acheter des produits de toilette pour l'épicerie sociale dont elles assurent le fonctionnement au jour le jour. Des dizaines de familles y trouvent, pour un tarif loin des prix du marché, des denrées alimentaires de première nécessité. Nièce de Josette et étudiante en droit, Alexandra est venue « donner un coup de main » et passer un bon moment.

L'association Vélo-Campus a amené son matériel : « on a repéré entre quinze et vingt vélos ». A quelques mètres, Antoine tenait un stand consacré à l'énergie : « un sujet d'adulte, certains ont sensibilisé leurs enfants... Il y a des connaissances très différentes dans la tête des enfants, mais les relier au changement climatique ou à la question énergétique demande un long travail ».

Quand vient l'heure de replier stands, abris gonflables et tentes, après la distribution des récompenses, Aurélien Djamei fait les comptes : « on a bien vu 150 à 200 enfants, et autant d'adultes... » A voir les sourires qui s'échangent, on a aussi passé un bon moment. Zone de non droit ? De quels droits parle-t-on, semble dire le travailleur social : « Quand il n'y a pas de réponse à la pauvreté, les gens se débrouillent avec ce qui n'est pas bon. Ce qui permet à certains de vivre, c'est le trafic... »

Les Petits débrouillards montrent que la débrouille peut être ailleurs...

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