Le street-art creuse son trou à Besançon

Après quinze jours d'effervescence, le festival Bien Urbain continue avec l'ouverture jusqu'au 5 septembre de son quartier général, un ancien bar musical de la rue Battant.

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Bien Urbain est un jeune festival qui vient de souffler ses cinq bougies. C'est l'Association Juste Ici qui est derrière cet événement artistique devenu au fil des ans une pierre angulaire de l'art local. Au menu, création de parcours artistiques dans (et avec) l'espace public à Besançon. Cela a eu lieu cette année du 06 au 21 juin, c'est encore tout chaud, avec un final apothéotique le jour de la Fête de la Musique. On parle de street art ici, art de rue si on traduit. Eh oui, la rue n'est pas que ce carrefour de la rencontre, de la discussion et de la bande passante, c'est aussi un vecteur d'art et un véritable réceptacle à émotions.

Le graffiti est certainement le moyen d'expression le plus connu mais il en existe plein d'autres. L'art sous une myriade de coutures, c'est ce que Chloé Cura, la chargée de communication de Bien Urbain, tisse soigneusement pour nous.

Quatre murs puis l'expansion

Pour les historiens de la rue Battant de Besançon, Bien Urbain se situe dans les murs de l'ancien bar Le 19ème Parallèle, un lieu qui à l'époque proposait concerts et ambiances dansantes. On ne change pas un art qui gagne. L'Association Juste Ici vit toute l'année d'actions scolaires de sensibilisation tournée vers l'art. Au départ, David Demougeot, le coordinateur de l'association, affiche une passion claire pour le visuel et pour le sonore, il veut les mélanger, les mêler à la foule et mettre ainsi en place une interaction entre l'artiste et le public, faire sortir le créateur de sa tour d'ivoire et le faire échanger avec les gens.

On ne peut qu'apprécier cette volonté sincère de vulgarisation. À Bien Urbain, on souhaite que l'art soit à hauteur d'homme et non dans les cîmes élitistes et brumeuses vers lesquelles il siège habituellement... et malheureusement. Peintures murales, installations, expositions, journées d'études et créations sonores sont proposées pour tout le monde, « pas juste l'ado qui dessine sur le mur mais aussi l'enfant avec ses parents », précise Chloé, appuyant la doléance de départ qui est d'ouvrir les couleurs, les sons et les formes à tout un chacun et pas juste à un petit cénacle de soi-disant élus de l'art !

L'artiste à la façon Bien Urbain

L'art est donc partout et surtout dans la rue. Sont mis en abîme des artistes qui travaillent en lien avec l'espace public. « Bien Urbain a pour mission de les promouvoir et de désacraliser les clichés du street art », confie Chloé, « ce principe est à la base chez nous, on s'y tient et on ne veut pas changer de cible ». On a bien compris qu'il est question d'éthique et d'intégrité. Pas de faux-semblants, de l'art pur et du pur art. « Ne pas prendre la grosse tête et rester fidèle aux souhaits du début », voilà la belle mission de Chloé qui s'exprime finalement pour tous les acteurs de Bien Urbain, une vingtaine au total, du cuisinier en passant par le graphiste et par le sérigraphe.

Bien Urbain en 2015, ce sont quinze jours pleins d'effervescence et de coups de coeur mais la nébuleuse dure en réalité trois mois, du 6 juin au 5 septembre avec l'ouverture du QG du festival, Chez Urbain, situé au 11, Rue Battant, point de rencontre éphémère de la manifestation. C'est un lieu de vie où se côtoient curieux, bénévoles et artistes dans une ambiance atypique. Cette année, carte blanche a été donnée à l'artiste Eltono qui « affectionne tout particulièrement le travail d'artistes sachant utiliser l'expérience de la pratique d'une activité furtive dans un environnement donné pour la mettre en forme dans une production plastique nouvelle ».

Et le reste de l'année pour Bien Urbain ? Eh bien, c'est un travail de fond pour trouver les créateurs et une activité de friche permanente.

Un bordel organisé

Voilà à quoi ressemble l'enceinte Bien Urbain. Des post-its, des ordinateurs, des dessins, des posters, un vrai cerveau humain couché sur papier et sur murs.

« L'avenir, l'amour n'est pas écrit, ne tient pas qu'à chacun, et surtout, pas de destin, que ce que nous en faisons », c'est l'une des nombreuses phrases lisibles sur les murs. « C'est un peu une ambiance de colo ici », lance Chloé quand nous regardons tout cela ! Ça sent bon le travail d'équipe, la réflexion commune, la friche collective et le partage. Une ébullition savoureuse pour un travail entièrement dédié à l'art.

Bien Urbain casse les acquis, reste à l'écoute et se pose des questions. C'est comme cela que le projet naît et c'est comme cela qu'il perdure.

L'organisation est assurée par des artistes et par des non-artistes, Chloé souligne que « l'initiative permet de garder un regard critique sur ce que nous proposons, à la fois la parole d'un initié et celle d'un non connaisseur ». Tout doit en effet se compléter et former un équilibre.

On sent bien que cela relève d'une gymnastique perpétuelle pour rester alerte, neuf, original et riche.

Comment rendre l'art digeste à la foule?

« Il faut interroger le passant et accepter ses critiques. Tenir compte des choses qu'on entend. Tout n'est pas pertinent mais plein de choses nous permettent d'avancer ».

Bien Urbain a cinq ans et attire aujourd'hui beaucoup de monde. C'est un rendez-vous incontournable qui récompense le travail d'artistes heureux d'être présents et d'ouvrir leurs performances aux gens comme vous et moi. Rendez-vous compte, si on vous proposait de prendre un pinceau et de collaborer en couleurs à l'une des futures peintures murales de 2016, vous n'hésiteriez pas ! Prenez le maillot de bains le plus coloré que vous avez, c'est l'été, avancez sans crainte sur le plongeoir de l'art et esquissez votre plus beau sourire, vous chutez librement dans l'eau sonore. Les artistes, authentiques maîtres-nageurs, vous réceptionnent et vous admirent autant que vous les admirez.

Chez Bien Urbain, pas de frontière, tout le monde se marie, le blanc et le noir donnant foncièrement le plus digne des gris.

Plus de couleurs sur www.bien-urbain.fr

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