Le prix Pergaud à Bernard Kudlak

L'association des Francs-Comtois de Paris et d'Ile-de-France récompense le directeur du cirque Plume pour son livre Abécédaire du Cirque Plume

abcirque

Le prix Louis-Pergaud 2014 a été décerné mardi 9 décembre à Bernard Kudlak pour l'Abécédaire du Cirque Plume. Dans ce livre de 272 pages, le directeur du cirque réunit des textes écrits ces trente dernières années. Préparation de spectacles, poèmes, réflexions, colères, intentions... C'est l'aventure intime de la compagnie qui est racontée dans ces textes très divers accompagnés d'une centaine de photos de 24 photographes dont une part significative d'Yves Perton.

Institué en 1953, le prix Pergaud est attribué par un jury que préside le président de l'Association des Francs-Comtois à Paris et en Ile-de-France, Pierre Gérard. Le département du Doubs offre 1000 euros et la ville de Besançon le trophée Louis-Pergaud.

Disponible sur www.cirqueplume.com

Extraits

« Le vrai début c'est dans nos têtes, chacun la sienne, nos rêves insensés, nos refus, nos refuges. Qu'allons-nous faire de nos rêves, nos utopies...? La fête ! » Décembre 1983

 

« Je cherche des appuis dans les livres, les tableaux, la nature, la musique, en écrivant, en dessinant, en écoutant, en lisant et en me promenant dans la vie pour trouver un passage entre l'infini des possibles dans lequel il est si facile de se noyer et le néant d'une prochaine création moulée à l'identique des précédentes. Car si on parle souvent de l'angoisse de la page blanche, avoir des idées n'est pas le plus difficile, loin de là : ce qui nous guette au début d'une création, c'est un néant. Pas un néant noir ou blanc comme une page sans idée, non, mais un néant de conformisme, de répétition, de peur de faire autrement, d'angoisse de remise en question, un néant de refaire ce qu'on attend de vous, un néant de formatage à ce que vous devez être, un néant de négation de ce que vous pourriez être différent et faire différemment ». Carnet de création de L'Atelier du peintre, 5 mars 2008.

 

« Comment pourrais-je faire vivre la mort du Cirque Plume et accepter celle de Robert en créant le spectacle présent malgré son absence ? Cirque Plume vivant comme tout ce qui est vivant. Mortel comme tout ce qui est mortel.
Je vis en état de deuil et de mort en actes. Et de peur. Actes de créer un spectacle. La tension qui naît de ce combat m'épuise. Vivre encore ce réel traumatique est trop. Trop. Bloqué dans le corps de ma tête. Et cette culpabilité de n'avoir rien pu empêcher que j'ai niée pendant un an. Douleur du déni. Expression de la tension. Fatigue.
J'ai exprimé cet état limite et demandé de l'aide à toute la troupe. La troupe a réagi promptement, a fait corps - et âme - pour construire Tempus fugit. Tempus fugit a révélé le fond vrai de sa raison d'être ce spectacle-là, si particulier pour nous.
La solution est venue du thème même du spectacle : la transmission ». A quelques jours de la première de Tempus fugit - lundi 6 mai 2013.

 

« Quand l'homme regarde Dieu
avec les yeux de l'homme
C'est Dieu regardant l'homme
alors l'homme regarde l'homme
avec les yeux de Dieu

Mais où est Dieu ? »
Mélanges - 1998

 

« De même que le lecteur invente le livre qu'il lit, le spectateur reconstruit le spectacle et ne le vit qu'avec la richesse de sa propre expérience. Il y a donc autant de spectacles que de spectateurs ». No animo mas anima - 1991

 

« J'ai de la semoule dans la tête et Jacques blessé me dit ce que j'aurais dû penser : "prends le manteau et fais l'ange à ma place pour la fin du spectacle !" Dont acte ! Je monte tout en haut de la structure, me ramasse un peu dans les escaliers tout noirs et je domine la salle du plus haut de la scène. Ange noir pétri de trac. Je passe les quelques dizaines de secondes de la fin du spectacle à faire descendre l'ange en moi pour le donner à la salle. Et je sens cela. Six ans que je n'étais pas monté sur scène... » New York, chapiteau sur le parking du Metroplitain Opera - Vendredi 13 juillet 2001.

 

« Un gréviste perd ses journées de travail. Une compagnie risque d'y perdre sa vie. Son existence. Ou pour le moins, les fruits de plusieurs années ou même plusieurs dizaines d'années de travail derrière elle. Cette réalité ne devrait pas compter dans les décisions des assemblées et comités d'intermittents ? Ce n'est rien ? Pensez-vous que c'est un détail négligeable ?
Pour ma part, je pense que nous devons prendre en compte cette réalité dans toutes les décisions des assemblées. Ensuite il se passera ce qui se passera. C'est notre réalité ». Lettre envoyée aux collègues circassiens du "syndicat du cirque de création" à propos de l'annulation du festival "Le Printemps de comédiens" à Montpellier - 2014

 

« Le Théâtre de la Roulotte et le Cirque Plume étaient parmi les compagnies françaises qui tournaient le plus en France et à l'étranger. Souvent nos compagnies apparaissaient sur les mêmes programmes de saison, nous avions des partenaires communs (la Coursive de la Rochelle en tête). Nous avions en grand commun l'indifférence de la ville de Besançon qui nous ignorait superbement ou pas loin, en tout état de cause le maire d'alors et les édiles, les élus, ne comprenaient rien à rien à ce qui se passait chez eux. Rien ». Extrait des carnets de L'Atelier du peintre - 2009

 

« Le racisme qui touche les Roms, appellation récente pour désigner les fils des nomades indiens qui sont arrivés chez nous en 1419 accueillis comme égyptiens (les gitans, les manouches, les Kaldérasch, les bohémiens, les caraques, les romanichels, les sintis) est aussi celui adressé au cirque. Car longtemps ce furent ces populations nomades, errantes, les tziganes, les égyptiens, qui faisaient des tours, montraient des ours ou des signes mélangés à des aventuriers, des belles perdues, rouliers de sac et de corde, des comédiens et des vagabonds, qui peuplaient également les équipes de cirque. Mêlant à cela la divination et les médecines de plantes, les soupçons de sorcellerie ». 2013

 

« Dans l'ignorance, ce qui est formidable, c'est que tu ne sais pas tout d'avance. Quelquefois, grâce à l'ignorance, on peut créer, inventer, surprendre, être neuf (...) La différence fondamentale entre un artiste et un critique, ou un universitaire, est que, en principe, l'artiste n'accumule pas de savoirs encyclopédiques sur l'objet de son désir (...) La créativité est nourrie par le savoir, sans aucun doute, mais c'est la vacance qui est son vrai terreau. Source inépuisable ». 2011
 

 

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !