« Plus grand, plus aéré, plus profond », dit une employée à propos d'un équipement culturel majeur qui rouvre après quatre ans de travaux. La rénovation lui a fait le plus grand bien avec 1000 tableaux restaurés, 40% d'œuvres sorties des réserves, une trentaine d'acquisitions et la perspective de plus fréquentes expositions temporaires...
Ci-contre, Allégorie sur la poursuite de la fortune, de Lambert Sustris...
Les derniers préparatifs avant l'inauguration du musée des beaux-arts et d'archéologie de Besançon, rénové après quatre ans de travaux, vont bon train pendant la première visite de presse, réservée aux médias régionaux, ce mercredi 14 novembre. Celle de jeudi est pour la presse nationale et internationale et doit se conjuguer avec le coup de projecteur sur la ville que doit représenter la présence d'Emmanuel Macron pour couper le ruban, vendredi. Une campagne d'affiches dans le métro parisien complète le dispositif qui n'est pas seulement envisagé comme outil culturel régional, mais aussi comme vecteur d'attractivité touristique.
Hôte des journalistes, le maire Jean-Louis Fousseret s'exclame : « C'est extraordinaire, merveilleux ! ». Sa voix est portée par l'écho du grand hall d'accueil où pas grand chose n'a changé. Enfin si : le meuble du large guichet est reculé derrière les colonnes. « Vous allez être impressionné », promet Pascal Curie, adjoint au maire et président du groupe municipal LREM.
Première sensation : il y a davantage d'espace, et si l'esthétique a peu varié, elle s'est enrichie. « C'est plus clair, plus aéré, plus profond », confirme une employée qui veille à la propreté des galeries. « C'est plus lumineux et plus grand », approuve sa collègue. Du coup, elles seront, et les visiteurs aussi, plus à l'aise dans un espace auparavant par endroits confiné, voire oppressant.
De ce point de vue, l'intervention de l'architecte Adelfo Scaranello, à qui a été confiée la scénographie, est une réussite. Il n'a pas cherché à faire table rase de l'existant, mais s'est appuyé dessus pour établir plusieurs « dialogues ». Entre la pierre de l'initiale et éphémère halle aux grains de Pierre Marnotte en 1843, et la rampe hélicoïdale de béton rajoutée par le disciple du Corbusier Louis Miquel en 1970.
600 m² pour les expositions temporaires
Ces deux structures cohabitaient en se tournant le dos, Scaranello les réunit en révélant leur articulation et leurs caractères propres. Pour cela, il a « tout remis à nu », enlevant notamment des « ajouts et scories apportés depuis trente ans ». Résultat : 1500 m² supplémentaires qui portent le parcours du musée à 3900 m², et réservent 600 m² en quatre salles aux expositions temporaires qu'on ne pouvait organiser auparavant qu'en déménageant une partie de l'exposition permanente. Une nouvelle charpente et des verrières de toitures font entrer la lumière du jour, avec des puits de lumière jusqu'à 12 m de haut.
Enfin, des baies vitrées sur l'extérieur remplacent des murs opaques et font « passerelles entre le badaud et le visiteur ». Le rédacteur du dossier de presse se plait même à imaginer « des curieux s'approchant des vitres, tels des enfants, pour mieux voir à l'intérieur ». On peut ainsi, en sortant du marché couvert ou du cinéma voisins, en attendant le tram ou en longeant le musée, guetter une partie des collections d'archéologie qui ont enfin l'écrin qu'elles méritent. Et comme les réserves ont été transférées, dès avril 2014, sur 2000 m² à « dix minutes à pied », on mesure le gain de place.
Du coup, de l'Egypte antique et du paléolithique régional à l'art contemporain, 1500 œuvres sont exposées, dont 40% inédites. 1000 ont été restaurées pendant les quatre ans de fermeture. Cela se voit dans les couleurs et l'éclat des peintures. On pense notamment à la fameuse Déploration sur le Christ mort de Bronzino dont on vient voir, se réjouit Jean-Louis Fousseret, du monde entier les bleus et l'élégante finesse typique du maniérisme toscan. Bisontin depuis 1545, ce grand tableau avait été offert à Nicolas Perrenot de Granvelle par Cosme 1er de Médicis qui le destinait à une petite chapelle du Palazzo Vecchio de Florence...
Éloge de la lumière
On l'a dit, l'archéologie dispose, non seulement d'espace à la mesure des collections, mais aussi des découvertes effectuées sur les chantiers récents. Deux mosaïques de la villa gallo-romaine mise au jour à l'emplacement du collège Lumière sont superbement mises en valeur dans une lumineuse et spacieuse galerie nord-est. Le parti a été pris de placer verticalement le Triomphe de Neptune, « comme un tableau », souligne Julien Cosnuau, l'archéologue du musée. A quelques pas, une crypte à une seule entrée et au plafond bas, la magnifique sépulture égyptienne de Seramon, sarcophages et momie, incite davantage à la méditation...
L'amélioration du confort visuel est plus subtile sur la rampe hélicoïdale. C'est lorsque le parcours parvient sous une verrière qu'elle est plus évidente, d'autant que les tableaux ont été restaurés. Dans ces conditions, sous un puits de lumière, on peut admirer le très sensible Saint-Paul de Giovanni Battista Beinasch en cours d'acquisition.
La vaste salle du 19e siècle offre aussi une luminosité, mais aussi le recul, qui manquaient jadis. Des toiles de grandes dimensions, comme Les Derniers moments de Léonard de Vinci, de Jean Gigoux, qui fait partie de la trentaine d'œuvres acquises, ou L'Hallali du cerf, de Gustave Courbet, prennent ainsi une autre allure. Entrant par la fenêtre, la lumière de la rue Courbet magnifie jusqu'au buste posthume en marbre du peintre dont on célébrera le bicentenaire l'an prochain. Il a été réalisé par Aimé-Jules Dalou, qui rallia la Commune et la Fédération des artistes créée par Courbet dont le retour d'exil fut marqué par de nombreuses commandes publiques, dont ce buste...
Un nouveau projet scientifique et culturel
A musée rénové, nouveau projet scientifique et culturel. Il s'agit d'être « pertinent et impertinent », de « marquer les esprits », « démystifier sans désacraliser », assure Nicolas Surlapierre, directeur des musées du centre de Besançon. En fait, rendre intelligible et accessible. On l'a vu, l'architecture y répond mais pas seulement. Il y a aussi la mise en accessibilité pour laquelle a été utilisée la technique marketing du storytelling « dépouillée de son aspect consumériste » au profit de la « médiation narrative ».
Il s'agit par exemple d'expliquer un tableau ou une sculpture en quelques lignes afin de le-la contextualiser. On a aussi prévu des lieux de respiration, comme un « salon de médiation » pour faire « une pause dans la visite, consulter des catalogues, expérimenter des supports tactiles ou adonner les plus jeunes à des activités d'éveil ». Comme le numérique devient un peu envahissant, on l'a limité à quelques bornes tactiles et à des audio-guides sur tablette ou smartphone appelés « compagnons de visite » donnant l'accès à la notice d'une œuvre.
L'accessibilité a également été pensée aux goûts et exigences de l'époque. Tous les porteurs de handicaps, visuel ou moteur, auditif ou mental, sont bienvenus et le label Tourisme et Handicap a été sollicité. L'accessibilité est aussi sociale et culturelle, c'est pourquoi des partenariats sont annoncés avec le milieu scolaire avec une priorité pour les maternelles, et une « bienveillance » revendiquée en direction des familles.
Autrefois parents pauvres du lieu, les expositions temporaires seront désormais au programme quasiment toute l'année. Deux démarrent à la réouverture ce 16 novembre, quatre sont annoncées pour 2019 et 2021, trois pour 2020 et 2022 (voir encadré plus bas)... La faible part de l'art contemporain dans les collections n'a pas échappé aux gestionnaires du site. C'est pourquoi ils ont choisi de « ponctuer le parcours » d'une quinzaine d'œuvres de moins de 45 ans, notamment issues du FRAC.
En fait, c'est une exposition dans l'exposition, appelée Et le Désert avance... Organisée autour de quinze artistes, elle est conçue comme la présence de contrepoints devant – pouvant ? – conduire à « une réflexion sur la désertification que soulignent parfois la vacuité de nos espaces urbains, des impasses architecturales et des soins palliatifs numériques ». Un programme à visée philosophique, esthétique, voire spirituelle... car « le désert n'est pas un épuisement du sens, il favorise au contraire des réflexions ».
Informations pratiques, tarifs, horaires, jours de gratuité... sur le site du musée ici.
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