Ils sont jeunes. Ils cultivent la terre et l’humour. Ils habillent leur quartier de plantes et de couleurs vives. Ils le sillonnent à bicyclette. Ils aiment y vivre, en colocation le plus souvent. Ils ne sont jamais à court d'idées. Cela fait six mois que ce collectif appelé aussi Monsieur Plume et Madame Plume travaille à la création du festival des arts de la rue qui aura lieu dans les cours du quartier Tarragnoz et sur la Place du Jura.
« Ce quartier situé au pied de la Citadelle explique Martine Girole présidente de l'Association, est constitué de cours intérieures qui font partie du patrimoine bisontin. Et les arts vivants sont le meilleur moyen de faire découvrir les lieux cachés. Par ailleurs la cour intérieure se prête au spectacle amateur. Il s'agit d'une petite jauge, d'un petit théâtre qui permet de travailler l'espace public sans les conditions difficiles de la structure en dur. Cela permet une étape pour des troupes amateurs ou en voie de professionnalisation. Le Festival s'adresse à ces compagnies qui n'ont pas d'espace pour travailler (il y a de moins en moins de résidences) et qui peuvent ainsi montrer leur travail. La Compagnie Mystica Salvaje spécialisée dans les arts du feu, se tourne depuis peu vers un spectacle qui sera présenté pour la première fois dans notre festival, une soirée de contes ».
Musique, convivialité, clowns...
Comment s'est fait le recrutement des troupes ? « Par les réseaux universitaires. Par ailleurs, nous avons eu de nombreuses candidatures spontanées : On ne préjuge pas de la qualité artistique du spectacle. Nous ne sommes pas des sélectionneurs. Nous voulons simplement servir de tremplin à ces troupes ; il y aura donc plus de vingt spectacles avec une dominante musique et convivialité sur la Place du Jura le samedi soir. Dans les cours il y aura du théâtre et surtout des clowns. Nous tenons à montrer des spectacles familiaux afin de sensibiliser tous les publics ».
Les arts de la rue revisitent la tradition foraine des bateleurs, du mime, de la chanson de rue. Jongleurs, conteurs, fanfares, redessinent un monde où le béton s'efface, où la poésie est encore possible et où le quotidien se transforme en espace de rêve.
Comment peut-on aujourd'hui imaginer l'espace urbain, le repenser à une échelle plus humaine ?
« Le quartier Village Tarragnoz a changé grâce à la création du Marché bio du mardi soir reprend Martine. Aujourd'hui, on vient dans ce lieu pour acheter des produits bio ; depuis deux ans, il est devenu un lieu de convivialité. Mais ce quartier n'a pas de véritable lieu pour se dynamiser et accueillir les gens. La Place du Jura est avant tout un parking ; le marché bio ne dispose que de la moitié de l'espace, une fois par semaine. Si l'on fait en sorte que les gens sortent sur la place, se retrouvent, on impulse une énergie dans la vie du quartier. On en fait un vrai lieu de rencontre pour les habitants. Ensuite les choses bougent : et pourquoi pas faire une fête de la soupe en hiver ? »
Préparer des galettes-saucisses !
Le Festival a bénéficié de subventions du Crous, du CRIJ, du grand Besançon et de la Vie Associative.
L'entrée des spectacles est libre et la plupart des troupes ont accepté de venir gratuitement pour cette première édition.
Le petit quartier de Tarragnoz à l'entrée de Besançon n'a pas vécu l'arrivée de l'aire du tram. Il a sa vie propre, son goût de la fête et de la convivialité. En attendant le Festival, les nombreux bénévoles s'affairent pour les derniers préparatifs : solliciter les habitants du quartier, penser à l'accueil à tous les niveaux, à des repas pour les bénévoles, des galettes saucisses pour les spectateurs…
Il y aura de quoi se restaurer, refaire le monde sous les tilleuls. Les enfants et les adultes déambuleront d'un lieu à l'autre.
En redonnant à la place son allure de village, l'Association du Bitume et des plumes remet de la vie dans le quartier.
A l'issue du Festival, la ville de Besançon préoccupée par la modernité et transformée par les espaces piétonniers depuis quelques décennies devrait se poser la question de l'enjeu de ce nouvel espace public : en modifiant les lieux, on retisse le lien social. Sur le bitume, la légèreté de l'envol des plumes pourrait séduire les habitants… A moins qu'une autre plume, très affûtée réécrive l'histoire et qu'au lendemain de cette manifestation, une autre identité culturelle soit donnée à cette place.
