La coquette trompée de Dauvergne : juste une mignardise

Isabelle Poulenard domine la distribution vocale. Laurent Le Chenadec (basson), Violaine Cochard (clavecin) et Heloïse Gaillard (flûtes, hautbois) de l'Ensemble Amaryllis affichent une belle complicité.

La Coquette trompée de Dauvergne par l'Ensemble Amaryllis

Trois chanteurs, une dizaine de musiciens et une toute petite demi-salle étaient réunis ce mardi soir pour redécouvrir l’ouvrage d’Antoine Dauvergne accommodé et complété par le compositeur Gérard Pesson et l’écrivain Pierre Alferi.

L’opéra comique de Dauvergne sur un texte de Charles Simon Favart est une illustration assez banale du thème du travestissement. Florisse, déguisée en homme, séduit Clarisse au grand désespoir, très passager d’ailleurs, de Damon.

Le timbre et la déclamation d'Isabelle Poulenard

Isabelle Poulenard, beau timbre et déclamation parfaite, domine de loin la distribution vocale. Laurent Le Chenadec, au basson, Violaine Cochard au clavecin et Heloïse Gaillard aux flûtes et au hautbois, emmènent un ensemble Amaryllis qui affiche une belle complicité.

L'Opéra comique La Coquette trompée de Dauvergne (1753), complétée d'un prolongue, d'intermèdes et d'orchestrations de Pierre Alferi et Gérard Pesson (2014), était donné au théâtre de Besançon le 2 décembre.

Le beau phrasé des violons d’Alice Piérot et Louis Créac’h se perd cependant souvent dans l’acoustique par trop sèche du Théâtre Ledoux pour cette formation réduite.

Charmant, divertissant, mais... routinier

La musique d’Antoine Dauvergne, assez charmante et divertissante, ne dépasse pas la routine de ce qui se composait au mètre à l’époque.

L’originalité de la proposition résidait dans les ajouts de Pierre Alferi :

Un prologue poétique et des intermèdes commentant de manière parfois fort drôle les sentiments et actions des personnages. Les textures musicales proposées par Gérard Pesson sont très intéressantes, utilisant le caractère propre des instruments d’époque mais aussi les musiciens comme choristes et les chanteurs comme percussionnistes. L’alternance entre son langage musical et celui de Dauvergne manque cependant cruellement de maîtrise dans la transition de l’un à l’autre. N’est pas Luciano Bério qui veut. Et ce que le maître italien a réussi dans sa Sinfonia ou son Rendering, en passant de manière magique du langage de Mahler ou de Schubert à son écriture propre, Pesson le rate malheureusement ici.

Enfin, il serait bon, que les directeurs de Théâtre, que Mozart avait fort bien cernés dans son opéra éponyme, arrêtent de prendre les spectateurs pour des gogos. Quand on donne une version de concert, donc sans mise en scène, de quatre saynètes, il serait préférable de ne pas le vendre comme « un opéra ».

 

 

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