Il était une fois… Cosette à l’Elysée

Danièle Secrétant a lu Le livre de Valérie Trierweiler. Elle est sévère, dit sa colère et sa nausée pour « un livre anti citoyen » qui « dessert la cause des femmes ». Elle suggère aussi un meilleur remboursement des soins dentaires par la Sécu !

Valérie Trierweiler, Merci pour ce moment ou Cosette chez Barbe-Bleue. Edition Les arènes

Il était une fois, une petite fille pauvre qui habitait dans un HLM. À force de courage, de détermination (grâce à sa libido aussi, prétend Michel Onfray), elle arriva au château. Elle rêvait de porter de jolies robes, ce qui la changerait de celles qu’elle avait dû acheter dans des fripes, lorsqu’elle était jeune. Avec le seigneur et maitre, elle espérait vivre heureuse et avoir beaucoup d’enfants. Las ! Le conte de fée tourna au roman noir. Son amoureux vira du Thénardier au Barbe-Bleue.

Au vu, au lu et à l’entendu de tout le tintamarre médiatique, je n’ai pas acheté Merci pour ce moment. Mais, ainsi que très peu l’on fait, (autour de moi, tout le monde s’écrie, Moi, jamais !), je l’ai lu.

Ce livre n’est ni de la littérature, ni un essai sur le pouvoir, pas plus qu’un travail de journaliste puisque la dame l’est, parait-il.

Ce livre relève d’un travail de paparazza, alors que Valérie Trierweiler voue ce genre de confrères aux gémonies, dès qu’il y atteinte à sa vie privée.

Tout n’est que médiocrité et méchanceté.

Nous avons eu droit à : Moi, Président…

Nous avons droit à : Moi, Valérie Trierweiler…

Alors, pourquoi faire une chronique au sujet de Merci pour ce moment ?

Parce que je suis en colère.

Ce livre est un acte anti-citoyen.

La France n’avait pas besoin de ce genre de déballage.

Un président ne se conduit pas comme ça quand les usines ferment, que le chômage augmente et que sa cote de popularité est au plus bas. À cet instant-là, je me sens davantage atteinte par le désastre politique que par notre faillite personnelle. Écrit-elle.

Pourquoi ne s’est-elle pas appliquée cette ligne de conduite !

Une femme, l’ancienne compagne du Président de la République ne se conduit pas comme ça quand les usines ferment, que le chômage est au plus bas.

Lui, au moins, il faisait ça discrètement. Dans le privé.

Ce livre dessert la cause des femmes.

Madame Trierweiler offre l’image déplorable de femme, pardon, de mégère, de harpie, de virago, qui ne sait pas « contrôler ses nerfs », se montre méchante et vindicative

Ce livre est une vulgaire opération mercantile.

Réussie, il faut le dire. Le regretter aussi.

L’argent n’a jamais été mon moteur, mais j’ai peur du lendemain, c’est viscéral. Peur de la précarité, de ne pas avoir un toit quand je n’aurai plus l’âge de travailler.…

Je me suis construite sur ce rejet : jamais je ne dépendrais financièrement de personne. Pas une fois dans ma vie, je n’ai demandé d’argent à quiconque. Qui plus est à un homme.

Bravo ! Ceux et celles qui vont payer, ce sont ceux et celles qui ont acheté ce livre.

La complaisance des médias pour les fonds de cuvettes

Ce livre me fait me poser beaucoup de question sur la complaisance des « médias », dès qu’il s’agit d’explorer les fonds de cuvettes.

Ce livre me fait me demander si madame Trierweiler, ne nous prend pas pour des cons.

Ce livre me fait me demander pourquoi tant de gens achètent ce genre de « littérature ».

Ce livre me fait constater qu’au final, si je ne l’ai pas acheté, je l’ai lu, et que j’en fais une chronique.

Ce livre est une sorte de prise d’otage.

Normalement, on s’en fout ! Sauf que là, on ne peut plus s’en foutre, de ce bouquin.

Ce livre est une atteinte à la vie privée. La sienne, elle en fait ce qu’elle en veut.

Celle du Président de la République, elle n’aurait pas dû.

Ce livre ne peut pas être le livre porte-parole des femmes abusées, jetées comme un kleenex usagé.

La dame a des griffes, des dents, tout ce qu’il faut pour être à la hauteur d’un univers impitoyable. Dallaaaas….Elle n’est pas une victime d’un méchant bonhomme comme ils le seraient tous. En matière de fauves, puisqu’on parle de fauves en politiques, ce qui en dit long !, la dame fait partie du bestiaire.

Deux dames, deux fauves dans l’histoire : je dirais une hyène en face d’une louve. J’aime mieux la louve.

Ah ! Oui ! J’allais oublier la troisième dame dite « l’actrice », ou « cette fille », par madame Trierweiler, de la façon la plus méprisante.

Méprisante parce que « l’actrice », n’est pas pauvre. Non, ses parents ont un château. L’occasion de nous jouer l’air de Cosette, et de nous rappeler qu’elle Valérie… la HLM…

À la lire, j’ai parfois cru entendre Nabila, ou Loana.

Une sotte ?

Un égo surdimensionné ?

À la lire, c’est ce que j’ai cru comprendre.

Moi, Valérie Trierweiler…

Partie de ma HLM, pour arriver au Palais, qu’est ce que j’ai cru ?

Que j’étais supérieure à mon destin.

L'habit d'un clown pathétique...

Un héros est peut-être celui qui accepte son destin et sait en endosser l’habit avec panache. Il semblerait que Valérie, dépassée, ait endossé celui d’un clown pathétique. Celui qui reçoit les coups qu’il a cherché avec obstination.

Elle a loupé le coche, elle n’a pas su jouer la partie. Elle a travaillé à sa perte avec une farouche détermination.

Sans s’en rendre compte, c’est ce qu’elle écrit à chaque page de son « œuvre » vengeresse.

Partie de sa HLM, arrivée au Palais, elle casse son jouet, elle le piétine.

Et voilà qu’elle se plaint ! Qu’elle se pose en victime !

Tu parles d’une victime ! Qui va bientôt s’asseoir sur un sac d’or. Le prix de la trahison. Un judas au féminin.

Mélangeant discours et plaintes de midinette, de femme jalouse, de femme intrusive, à de soi-disant révélations sur la réalité du Président de la République, elle n’est pas crédible. Elle ne devrait pas l’être. Elle sert une soupe infâme, vomitive, dans laquelle chacun ira chercher les morceaux qui lui plaisent.

Ce que j’ai fait.

Une lecture dont on ne sort pas grandi, et plutôt nauséeux.

Sur les dents, ou plutôt l’absence de dents chez « les pauvres », sait-on ce que disent, dans le privé, les médecins, les chirurgiens, de leurs patients ? Parfois des horreurs, parait-il ! Et les journalistes qui s’indignent, que disent-ils dans le privé ? Que chacun se regarde et s’écoute ! Tous, dans le privé, il nous est arrivé de dire des horreurs plus ou moins grandes, et je connais les miennes. C’est souvent une soupape, dans des métiers ou des engagements difficiles. Je me méfie de ceux qui, les yeux au ciel, parlent « des pauvres » de façon enamourée. Ce que fait Valérie Trierweiler.

Moi, Valérie Trierweiler, les pauvres, mon combat !

Tu parles !

Des goujates et des goujats sévissent dans tous les milieux !

Donc, moi, Valérie Trierweiler, a vécu dans une HLM.

Moi, Valérie Trierweiler, a quitté un mari exemplaire, une famille heureuse dans laquelle, les mercredis après midi, elle confectionnait avec amour des gaufres et des crêpes, pour… un sans grade, un inconnu quasiment.

Le coup de foudre, quoi. Ça arrive, parait-il.

Moi, Valérie Trierweiler, j’exige des baisers sur la bouche en public, j’envoie un tweet ravageur, parce qu’à part Moi, Valérie Trierweiler, rien ne compte que mon désir d’appropriation de la place de la première épouse, ma soif de vengeance.

Jalouse, la dame.

On peut l’être avec élégance, Crénom !

Moi, Valérie Trierweiler, manque vraiment de ces élégances qui n’ont rien à voir avec l’appartenance à telle ou telle classe sociale. Des goujates et des goujats sévissent dans tous les milieux. Il faut dire qu’en matière de goujaterie, elle en connaît un rayon !

Le baiser sur la bouche imposé, le tweet, sans parler d’autres interventions de madame, là, ça se gâte, François commence à en avoir par-dessus la tête de Moi, Valérie Trierweiler. Le Président de la République aussi. Elle s’en étonne.

Moi, Valérie Trierweiler, issue d’un milieu pauvre, quand je veux m’assommer de cachets, je me précipite sur le sac en plastique dans lequel je les ai rangés.

Un sac en plastique du Franprix d’à côté ?

Moi, Valérie Trierweiler, après que François m’a chassée du Palais, quand je suis en Haïti, aux côtés d’un peuple qui souffre, je n’oublie pas mes petits (pardons, mes grands) tracas. Je me tiens au courant. François dit encore une connerie à la radio. Je pleure, je pleure, j’ai les yeux gonflés et rougis. Heureusement, j’ai un stock suffisant d’anticernes.

Ouf ! Nous respirons !

D’habitude, dans mes chroniques, je cherche et je trouve de belles phrases, de belles images, de belles pensées que je restitue in extenso. Là, rien !

Ou alors ce qui suit ?

Deux conseils...

Suis-je en état d’y aller ? Je me lève, je tiens debout, nauséeuse. Non seulement je veux y arriver mais il faut que je brille à ses yeux. Je veux qu’il me voie lui, qu’il me regarde enfin. Je décide de ne pas porter la robe rose prévue, mais une robe longue Dior, sublime, ornée de strass, prêtée pour un dîner d’État.

Aujourd’hui, je voudrais le grand jeu !

Où encore cela ?

Qu’ai-je ressenti en pénétrant dans le jardin de l’Élysée par la porte Marigny ? C’est par cette entrée discrète et jamais par la cour d’honneur que j’avais pris l’habitude de rejoindre le palais. Je ne me suis jamais vraiment autorisée à entrer par la cour d’honneur. Comme si, au fond de moi, je m’étais toujours sentie illégitime. J’y ai pourtant vécu vingt mois avec le Président dont je partageais officiellement la vie.

Signé : Cosette, ai-je envie de commenter.

On peut leur en faire dire des choses, aux petites phrases !

Pour conclure cette chronique, je donnerais bien deux conseils.

Un au Président de la République.

Monsieur le Président de la République. Si vous voulez stopper cette malheureuse polémique au sujet des « sans dents », faites en sorte que les soins dentaires, qui ne sont pas du luxe, soient convenablement pris en charge, pour tout le monde, pauvres et moins pauvres, par notre bonne vieille sécurité sociale.

Il n’y aura plus de sans-dents, et vous éviterez peut-être le retour des sans-culottes.

L’autre à Madame Trierweiler.

Madame Trierweiler. Taisez-vous ! Sur ce sujet du privé qui devrait se régler en privé, tout au moins. Il me semble me souvenir que vous écrivez que vous-même avez suggéré la phrase au Président, alors qu’il devait faire face à une de vos bourdes. Les affaires privées se règlent en privé.

Et veillez bien sur vous. Il parait que bien mal acquis ne profite jamais.

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