Grâce à Belin et son belinographe, la photo voyageait

L'inventeur de l'appareil à transmettre les photos par téléphone, né à Vesoul, est mort il y a cinquante ans. Jusqu'au 18 mars à la bibliothèque Louis-Garret, une exposition retrace son parcours méconnu d'ingénieur et de précurseur. Un buste sera installé ce lundi 4 mars.

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Phototélégraphie ou téléphotographie, cela a longtemps été le moyen de réduire les distances pour partager des photos. Le belinographe était encore en usage il y a quelques années dans la presse. Nombre de journalistes ont manipulé le « belino » portatif pour transmettre les illustrations de leurs reportages. On se souvient assez peu que le vésulien Edouard Belin en a été le créateur tout comme il fut partie prenante de la course à l'invention de la télévision.

Né à Vesoul le 5 mars 1876, il n'est retourné en Haute-Saône qu'en 1951, en pleine notoriété et y devenant citoyen d'honneur. Notoriété relative, selon Geneviève et Maurice Coussement, maîtres d'oeuvre de l'exposition, « du fait certainement d'une culture scientifique peu valorisée en France. » A sa mort, le 4 mars 1963 à Territer en Suisse, la ville de Vesoul lui a rendu hommage en donnant son nom à une rue, à un lycée et en déposant une plaque sur sa maison natale. Ce lundi 4 mars, un buste réalisé par Estelle Cermelli, professeur à l'école municipale de dessin, sera inauguré à la Roseraie de la maison Cousin près de la bibliothèque. Le père d'Edouard Belin, avocat, réfugié alsacien, l'oriente d'abord vers des études juridiques, mais l'adolescent se passionne pour la mécanique et la photographie. En deuxième année de droit à Dijon, il assiste à une projection des Frères Lumières. Son imaginaire est vivement stimulé.

Dès août 1896, il « envisage la télévision » (le mot n'existe pas encore) en associant un cinématographe enregistreur et un cinématographe projeteur. En septembre 1898, il part faire ses études à Vienne dans la plus ancienne école d'Etat consacrée à la photographie. C'est l'essentiel de sa formation. En 1905, il met au point le télégraphoscope simplex puis multiplex, « appareil qui tend vers la télévision ». 

Pour répondre au défi de l'Allemand Korn, il crée en 1906 le téléstéréographe (image en relief). Les essais de transmissions, motivés alors par l'essor de la presse, aboutissent le 9 novembre 1907 à la diffusion réussie d'une photo de chapelle alsacienne sur la ligne télégraphique Paris-Lyon-Bordeaux-Paris. Le bélinographe est né, sa version portative attendra 1913. En avril 1914, une première photo de reportage est communiquée dans « Le Journal » : Poincaré et Herriot à la foire de Lyon. En 1921, Belin parvient à transmettre les images par ondes radio. Six ans plus tard, le système optique remplace le système mécanique, ce qui permet d'utiliser directement une photographie. Entre temps, ses travaux sur la télévision ont repris, sans succès, la netteté des images fait défaut. C'est l'Anglais Baird qui en sera l'inventeur en 1930. 

Le belinographe a ainsi été utilisé jusque dans les années 1960-1970, et dans certaines rédactions de journaux au début des années 1990 où on l'appelait tout simplement « un belin ». Son fonctionnement a directement conduit à ceux du télécopieur et du photocopieur. Edouard Belin disait de son invention : « vous me demandez quelques mots ayant trait à la bélinographie. C'est bien simple : qu'elle puisse aider au rapprochement de tous, qu'elle soit un instrument de paix et qu'elle ne devienne surtout jamais un instrument de guerre. »

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