« Faire confiance aux êtres humains plutôt qu’être dans une stratégie commerciale… »

Ce pourrait être la devise du festival de caves, quatorzième du nom, qui propose jusqu'au 28 juin une vingtaine de créations théâtrales originales dans une centaine de caves du pays dont plus de quarante en Franche-Comté. Soirée de présentation vendredi 10 mai à Besançon.

caves1

Revoilà le festival de caves. Né à Besançon, il en est à sa quatorzième édition et s'est largement exporté. Ce festival de théâtre de petites formes jouées dans des caves, lieux intimistes et secrets, aux spectateurs limités à dix neuf pour raisons administrativo-sécuritaires, permet toutes les audaces. La prise de risques, c'est être tout près du public. Ne pas se rattraper au décor, le plus souvent minimal sinon minimaliste. Etre souvent seul en scène, parfois à deux, plus rarement davantage.

Le risque, c'est aussi celui d'être à contre-courant de l'économie du spectacle vivant qui, depuis quelques décennies, repose sur des metteurs en scène faisant appel à des comédiens mercenaires. Là, c'est quasiment une troupe permanente qui a été constituée au fil du temps et au sein de laquelle les rôles tournent. Une année sur scène, une autre à la régie ou à la mise en scène.

Des apports extérieurs stimulent régulièrement l'aventure et lui permettent de continuer au-delà des sept semaines que dure ce festival proposant vingt-trois créations dont une reprise et quatre travaux d'étudiants, dans une centaine de lieux et/ou localités dont plus de quarante en Franche-Comté à l'occasion d'environ 200 représentations. Les années précédentes, environ 4000 spectateurs s'y étaient rendus…

Ecoutons Simon Vincent, ancien étudiant en théâtre : « J'ai d'abord été régisseur, puis metteur en scène depuis la deuxième ou troisième édition, quand Guillaume Dujardin m'a proposé de travailler à partir d'un texte de Virginia Woolf avec Josée Devron… Cette année, j'ai écrit et mis en scène Baleine, inspiré par la littérature maritime. C'est un homme qui n'arrive pas à embarquer… »

Nouvelle dans le festival qu'elle a connu grâce au CDNle Centre dramatique national de Franche-Comté, la metteure en scène parisienne Aurélia Guillet propose Le Réveil d'un homme, variation à partir du Rêve d'un homme ridicule de Dostoïevski : « C'est l'histoire d'un homme qui veut se suicider et s'endort au moment de se tuer. Il fait un rêve et se réveille avec le désir de vivre… » Pour Thomas Champeau, le comédien, il s'agit avec ce festival de « résister toujours aux mêmes choses : être éveillé, solliciter le public… Mais avant tout, on résiste à la dé-socialisation en étant solidaire : le festival apporte une énergie collective ». Aurélia Guillet traduit avec d'autres mots : « il faut faire confiance aux êtres humains plutôt qu'être dans une stratégie commerciale… »

On attend aussi avec une certaine gourmandise de voir Anaïs Mazan dans Le Roi au masque d'or de Marcel Schwob, mais aussi dans L'Amour est une région bien intéressante, tiré de L'Ours et La Demande en mariage de Tchekov qu'elle interprète avec Thomas Champeau. On est curieux de voir comment Guillaume Dujardin a adapté et mis en scène Régis Goudot dans L'Ecriture ou la vie, d'après l'expérience concentrationnaire de Jorge Semprun.

On verra certainement avec plaisir Nicolas Dufour revisiter Arthur Rimbaud, avec la complicité de Ghislain Montiel et Marie-Hélène Basset, dans Un Coeur sous une soutane qui remplace les deux spectacles où devait jouer Pauline Bertani qui doit renoncer pour des raisons de santé : Je suis drôle et La Française des jeux a un lien avec le Christ qui n'ont pas pu être retirés du programme…

  • Les spectacles démarrent à partir de samedi 11 mai. Une soirée de présentation a lieu ce vendredi à 18h30 à la salle Proudhon, place Granvelle à Besançon. Voir le site pour l'ensemble des dates et lieux, des conditions tarifaires, de réservation (obligatoire) et des abonnements sur le site du festival ici.

  

 

 

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !