« Exercice illégal de l’agriculture… »

La Stratégie de l'abeille, one man show théâtral d'anticipation totalitaire inquiète par sa véracité et rassure parce qu'il parle des risques que font courir les biotechnologies associées à la banque, l'industrie et les neurosciences. A voir si vous passez par Saint-Etienne les 17 et 18 mai, ou la Saône-et-Loire cet été…

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Une petite scène d'une dizaine de mètres carrés. Un lit tubulaire de collectivité, une couverture sombre, une écuelle et un gobelet posés par terre pour tout décor.

On est dans la salle du conseil municipal de Montain transformée en théâtre et le jour passe encore à travers les baies vitrées que le rideau noir du fond n'a pas complètement occultées. Habillé d'une salopette, Antoine Demor monte sur la scène, demande au public d'une voix neutre de faire comme si c'était le noir, se couche sous la couverture dans la position du dormeur et devient Loïc.

Un haut-parleur strident le réveille en sursaut. Il s'assied sur la paillasse et très vite commence un long monologue. Il explique être en prison depuis deux ans et remonte le temps pour qu'on comprenne comment il en est arrivé là. Nous sommes en 2048. Il est condamné pour la déprogrammation de la puce numérique que chaque humain a, implantée dans la nuque.

Avant, il ne se posait pas de question. Avant il travaillait, consommait, exprimait ses désirs aussitôt comblés et aussitôt débités de son compte bancaire. Un jour, un accident. Il passe dans les mains d'un neurochirurgien résistant qui modifie le programme de la puce. L'enlever aurait été trop risqué. Le voilà qui comment à douter. L'esprit critique lui vient. Il se souvient de son grand-père disparu qui tenait de drôles de discours. Il finit par aller voir ailleurs, chez des paysans de montagne qui résistent, en pratiquant le troc, à l'obligation de ne vendre qu'à l'industrie agro-alimentaire…

Un jour, ils sont arrêtés pour pratique illégale de l'agriculture… Au fil de la pièce, un monde totalitaire se révèle, une dictature numérique et consumériste, basée sur l'alliance de l'industrie des biotechnologies et d'une presse à ses ordres…

Fiction ? Antoine Demor, qui est l'auteur du texte, sourit. Quasiment tout ce qu'il évoque est déjà là : technologies, interconnexion des fichiers, études truquées, corruption, arsenal juridique… Il a puisé son inspiration aux meilleures sources. Son imagination a fait le reste : aller plus loin dans le contrôle social. Exagère-t-il ? A vous de voir. En tout cas, il saisit le public, le fait rire et l'émeut, l'emmène dans une spirale dont il pourrait ne pas sortir indemne s'il ne proposait une lueur d'espoir. On ne vous dit pas laquelle…

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