Du bitume et des plumes : l’an II se prépare…

Les organisateurs du festival de la place du Jura, à Besançon, s'activent pour la deuxième édition qu'ils ont tenu à organiser malgré le départ de bénévoles impliqués dans la première. Rendez-vous le premier week-end d'octobre pour trois jours de cirque, de musique et de convivialité.

goudron

D’immenses plumes blanches sont posées provisoirement devant le 4 de la place du Jura. Il y a des plantes sur les fenêtres. Des petites touches de couleurs. La porte est ouverte. Ils s’activent déjà les organisateurs du Festival, à la scie, à la peinture et derrière tout ça, à la vie, en cultivant le lien, le partage, l’utopie, à l’écart de la société de consommation, là où un autre monde est encore possible…

Clémentine Guenot, présidente de l’association du Goudron et des plumes explique : « Ce n’était pas simple de relancer une seconde édition. Certaines personnes qui s’étaient impliquées n’étaient plus là. Nous étions désemparés. Nous nous sommes dit qu’il fallait prendre une décision car le festival ne nous appartient pas à nous, mais à tout le quartier et aux bénévoles. Nous avons organisé des réunions. Faire un Festival avec 20 personnes serait l’idéal mais nous étions moins. On s’est dit, on le fait : c’est la rencontre entre nous et le quartier qui est en jeu ».

Le Festival appartient au quartier

« La première édition s’est faite avec 500 euros. Pour la seconde nous attendons encore un financement de la Mairie qui nous apporte aussi un soutien logistique avec un prêt de matériel (bancs, chaises, barrières), et, l’impression de flyers. Nous avons les soutiens financiers de la Région (FIR) du Conseil Général, de l’Université (CROUS) et du CRIJ (Clap). Au total nous avons 4000 euros pour faire le Festival ».

« Pour compléter ce budget, nous avons eu recours à un financement participatif. Nous n’étions pas tous d’accord pour le faire. Malgré les financements publics, il nous manquait une partie du budget pour avoir une vraie scène et défrayer les artistes. En réalité, nous ne sommes pas aidés par des mécènes mais des amis… » Les financements participatifs sont le terreau de la démocratie. Est-ce que cela voudrait dire que le Festival appartient aussi à ceux qui aident ? : « Les gens qui participent ne sont pas vraiment consultés sur le programme. Ils permettent à l’événement de se faire mais ils ne peuvent pas l’influencer. C’est donc relativement démocratique. »

Des cours privées et l’espace public

Nichée au pied de la Citadelle, la Place du Jura sera un espace de fête pendant les trois jours avec deux lieux de spectacle : la grande scène dédiée à ce qui est sonorisé accueillera les troupes et les groupes inscrits et au sol, un mas circassien, les arts du cirque, la danse et les personnes qui souhaitent participer, artistes ou pas. Sous les arbres, des ateliers seront proposés aux enfants : théâtre, sérigraphie, dessin à la craie…

Faire un Festival dans un quartier, c’est aussi entrer dans les cours, investir l’espace public, trouver des lieux de rencontre : « De nouvelles personnes nous ont proposé des cours et la grande majorité des participants de l’an dernier continueront d’accueillir des spectacles. Nous avons surtout de nouveaux lieux publics dans la ville : Granvelle, les bords du Doubs, le cloître du Conseil régional, le Lycée François-Xavier. Il nous manque encore la Fac, le Scénacle. Un jour peut-être… »

Un cortège de plusieurs centaines de cyclistes

« La vélorution c’est en quelque sorte la révolution du vélo ; il s’agit de montrer à toute la ville que nous sommes contents de faire du vélo, dans la joie et la bonne humeur grâce à un cortège de plusieurs centaines de cyclistes animé par un sound-système mobile », se plaît à dire Clément, membre de l’équipe du Festival. « Programmer la vélorution pendant le festival c’est l’ancrer dans une nouvelle vision du monde, une nouvelle perception du temps de la vie, des espaces. Sur le parcours, il y aura des surprises…», poursuit Clémentine.

L’association du Goudron et des plumes est connue pour son approche du collectif. « En étant nombreux on peut faire vibrer tout un quartier et toute une ville », reprend avec passion Clémentine. « Il faut se battre contre la société de consommation dans laquelle nous sommes enrôlés. Elle nous rend individualistes et nous fait perdre l’essence de la vie. Nous, on veut restaurer le collectif ; c'est pour cela que nous faisons de la récupération dans les grandes surfaces, à Biocoop, au magasin Vival du quartier, et nous utilisons ces aliments à date limite pour faire des repas. On fait des meubles avec des palettes. On récupère des tissus des peintures. Emmaüs va nous prêter des meubles ».

Dans ce quartier, rien ne sera plus comme avant ; depuis la première édition où les fenêtres étaient habillées de couleurs, où la gaieté s’était invitée pendant trois jours, jusqu’aux premiers coups de pinceau pour la préparation du second festival, quelque chose de ce monde s’éveille. Le quartier cultive le lien, en marge de l’indifférence et l’individualisme.

Et ce qui est en train de naître vaut le bien le détour : rendez-vous du 2 au 4 octobre

 

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