Au moment où j’écris les dernières lignes de cette chronique, la catastrophe qui se déroule sous nos yeux, dans les Alpes-Maritimes, dans la vallée de la Vésubie, montre une fois de plus qu’il est grand temps d’écologiser la société… et la planète.
Deux essais de Dominique Bourg pour comprendre… et agir : Le marché contre l’Humanité, et Retour sur Terre. 35 propositions.
« Il est bien tard pour passer à l’action. Mais supposons qu’il nous reste dix années pour enfin affronter le monde tel qu’il est devenu, à savoir de moins en moins favorable à nos existences, et à celle des autres êtres vivants. Dix ans pour un virage politique très serré. Dix ans pour nous débarrasser de nos lubies productivistes et consuméristes. Dix ans pour apprendre à régénérer une nature en voie de destruction accélérée. Dix ans pour resserrer nos inégalités, tout en redonnant sens à nos existences. Dix ans, enfin, pour commencer à bâtir une civilisation nouvelle. Si c’était possible, voici ce que nous aurions à vous proposer » (4 de couv de Retour sur Terre)
Dans l’épilogue de cet essai, Dominique Bourg écrit :
Nous avons cherché à construire une réponse à la situation tragique que nous connaissons, à la hauteur des difficultés, et surtout idéale, puisque nous n’avons pas tenu compte des frictions et pesanteurs sociales, tout en restant proches du contexte hexagonal.
Dans Le marché contre l’Humanité (p 153) il développe l’idée, et en justifie la nécessité, du passage de la liberté négative à la liberté positive, avec une réduction du pouvoir individuel arbitraire de nuire […] Cela concerne nos modes de consommation, et non les libertés fondamentales de penser, croire ou s’associer.
Dire que Dominique Bourg tire la sonnette d’alarme, c’est dire peu. Il sonne le tocsin d’une Terre et d’une Humanité en voie de disparition, si des mesures radicales, drastiques, ne sont pas prises.
Toujours dans son introduction de Retour sur Terre, une charge sans complaisance contre le gouvernement Macron, avec, entre-autre, la dénonciation des violences policières et le rappel du nombre de personnes éborgnées, de celui des mains arrachées. Il conclut :
Ce gouvernement ressemble à une équipe de commerciaux formés à l’aune d’une prétendue science économique, amorale, sans le moindre sens de la chose publique, considérant les citoyens comme des concurrents à éloigner de la manne publique à capter, ou ce qu’il en reste. Il n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’on appelait naguère gauche ou droite. Il n’est qu’une expression parmi d’autres d’un vaste mouvement de destruction de l’héritage démocratique d’après-guerre, lequel puisait à des racines plus anciennes. […] (p 20)
Dans ses deux essais, le philosophe affirme sans ambiguïté que les questions écologiques, environnementales, climatologiques... s’accompagnent du traitement et de la réduction des inégalités sociales, de revenus… qu'elles s'accompagnent d'un renouveau démocratique dans lequel la parole des citoyennes et des citoyens est véritablement prise en compte.
En ce qui concerne la gauche, ou les gauches, il fait un amer constat après un autre constat non moins amer : […] Pis encore, les États sont eux-mêmes devenus des agents économiques en concurrence mutuelle au sein d’un marché sans régulateur, ou si peu, condamnés qu’ils sont à un dumping fiscal et donc social. Du coup, on ne s’étonnera guère de la disparition des partis socialistes et sociaux-démocrates, de l’abandon avoué des classes populaires, de la volonté de reconstruire la gauche autours des questions de mœurs et de minorités, toutes questions en marge des grands enjeux du marché. Et une fois instauré, ce marché globalisé est comme un piège dont aucun État ne saurait sortir seul ; et c’est là l’une des raisons de sa persistance. (p 44 Retour sur Terre)
Quant aux classes moyennes, Or, force est de le constater aujourd’hui, les classes moyennes sont à la peine et pourraient finir par disparaître à leur tour, une dynamique qui rend possible la montée des populismes et les tendances illibérales que nous connaissons. (p 145 Le marché contre l’Humanité)
Au sujet des gouvernants des grandes puissances que sont les USA, la Russie et la Chine, il les qualifie de mafieux.
C’est dire s’il y a de quoi être inquiets !
À la fin de la lecture de ces deux essais roboratifs, une question quand même :
Nous, les citoyennes et les citoyens, ne sommes-nous plus que des marionnettes manipulées par les puissances invisibles (ou presque) de l’argent ?
35 propositions nous sont faites, pour redevenir acteurs et responsables de nos vies, de celle des autres, de celle la planète.
10 ans pour infléchir politiques et pratiques qui nous détruisent, c’est peu ! C’est demain !
Que s’est-il passé pour que nous en arrivions à un scénario de film d’horreur ? De film catastrophe ?
Plus qu’un scénario ! Les signes avant-coureurs du drame à venir sont bien là ! La Terre se meurt… et nous avec si nous ne mettons pas en place des mesures parfois drastiques. Les alarmes se multiplient. Dérèglement climatique, inondations ou sécheresses, fonte des glaciers…, Hausse du nombre des cancers, notamment, en raison d’un environnement saturé de molécules d’origine industrielle. (p 53 Le marché contre l’Humanité). Plus loin, dans le même ouvrage (p 99-100)
Rappelons quelques données concernant au premier chef l’activité numérique : la consommation d’énergie de cette industrie (ordinateurs, smartphones et data centers) croît de 9% par an. La part du numérique dans les émissions globales de gaz à effet de serre s’élève à 3,7%, mais ces émissions ont augmenté de moitié depuis 2013. Ce sont les vidéos qui sont le plus énergétivores alors que leurs échanges explosent ; s’y ajoute la multiplication des périphériques numériques et leur taux de renouvellement. À quoi s’ajoutent la multiplication des périphériques numériques et leur taux de renouvellement. À quoi s’ajoutent la consommation d’énergie due aux activités minières nécessaires à l’extraction des nombreux métaux indispensables à cette industrie (cuivre, nickel, zinc, étain, arsenic, gallium, germanium, thallium, tantale, indium).
De façon générale, les activités extractives consomment 10 % de l’énergie primaire mondiale, sans même mentionner leur coût environnemental lourd. Ce que l’on nomme transition numérique est en réalité incompatible avec la transition écologique.]
Alors ? Faut-il vivre comme les Amish ? se moque Emmanuel Macron à qui Dominique Bourg répond.
https://www.franceculture.fr/emissions/linvitee-actu/dominique-bourg
Dans Retour sur Terre, d’autres chiffres (p29) Faut-il rappeler que 48 000 personnes meurent par an en France de la pollution atmosphérique, 15 000 des effets du chômage, et que la canicule de 2003 a fait 19 000 morts.
Sans parler, mais nous en parlerons quand même, de la pandémie mondiale due à un virus. Ce virus étant la conséquence directe de nos incohérences en matière environnementale.
"La nature a eu ainsi raison de nos économies et de notre folie consumériste ordinaire"
Parler de nature n’est pas ici une clause de style. Le coronavirus nous a sévèrement rappelés à notre vulnérabilité, à savoir à notre animalité, en nous ramenant toutes et tous à notre condition humaine biologique. Nature encore, parce que cette crise est d’origine écologique. Le Covid-19 est l’une de ces zoonoses qui se multiplient depuis quelques décennies parce que nous détruisons des écosystèmes, et donc l’habitat de certaines espèces qui se rapprochent alors de nos habitats ;[…]
[…]
C’est ainsi la nature, et plus exactement les effets de notre action sur elle, c’est-à-dire de notre destructivité, qui nous a répondu sous la forme d’une radicalité qui détermine la nature de nos réponses, elles aussi radicales. (p 19 Retour sur Terre)
Outre le fait que la crise sanitaire du Covid-19 met en lumière les coûts exorbitants de l’inaction (Retour sur Terre p 77), […] La pandémie a jeté un jour neuf sur ce que nous avions plongé dans l’obscurité. En faisant l’épreuve de la maladie, du confinement et des difficultés qu’il entraîne pour chacun de nous, nous prenons conscience qu’il n’est rien de plus précieux que la vie, ni rien de plus réconfortant que la solidarité. (p 80).
Dans Retour sur Terre, 35 propositions d’action. Nous en citerons quelques-unes, plus loin.
Dans Le marché contre l’humanité (p 30), Dominique Bour fait référence à l’essai de Pablo Servigne et Gauthier Chapelle, L’entraide. L’autre loi de la jungle. Tout un programme dans ce seul titre. Dominique Bourg écrit : Par ailleurs, le désir de justice et la résistance à l’oppression disposent très probablement d’un fondement anthropologique, puisqu’ils demeurent même là où un habitus de soumission est culturellement installé.
Mettre fin au capitalisme de prédation, ranimer le désir de justice, appeler à des formes de résistance et/ou d'entraide, c’est bien ce dont il est question dans les propos de Dominique Bourg
Deux essais, donc, pour comprendre pourquoi et comment nous courrons à notre perte, si rien ne change : Retour sur Terre, 35 propositions, coécrit avec Gauthier Chapelle, Johann Chapoutot, Philippe Desbrosses, Xavier Ricard Lanata, Pablo Servigne, Sophie Swaton, et Le Marché contre l’Humanité.
Ces deux essais s’appuient sur de nombreux travaux de scientifiques, d’anthropologues… sur quelques références à l’Ancien Testament… Ils retracent la longue histoire du développement parfois chaotique de l’Humanité. Du Néolithique, à aujourd’hui, en passant par la création de l’État, par le développement des technologies. Une réflexion sur ce qu'est la progrès, que Dominique Bourg écrit, parfois avec un P majuscule.
L’heure n’étant plus à celle des uniques constats et analyses, il faut agir. Reste à savoir comment. Reste aussi à savoir comment lutter contre les adversaires d’un changement radical de civilisation, de société…
Le marché contre l’Humanité
Un nouveau pouvoir : le marché
Nous avons longtemps considéré l’État et le marché comme deux réalités hétérogènes, l’une relevant de la sphère politique, souveraine, l’autre de la sphère économique, indépendante. Le néolibéralisme nous oblige pourtant à reconnaître l’apparition d’une souveraineté inédite puisque le marché globalisé a permis l’émergence de décideurs surpuissants, qui façonnent nos existences. Ce pouvoir nouveau échappe à tout contrôle démocratique et s’affirme au moment où nous devons affronter des menaces majeures.
Des menaces majeures
Celles du réchauffement climatique, du déclin du vivant et de l’épuisement des ressources terrestres ; et celle du tout numérique, qui pourrait ruiner cette autre souveraineté proprement humaine que nous exerçons sur nous-mêmes en détruisant nos capabalités. (4 de couv de Le marché contre l’Humanité)
Dans son introduction, Dominique Bourg écrit :
Or, il y a trois domaines dans lesquels les choses ont changé si puissamment qu’il est devenu impossible d’en attendre des conséquences analogues à celles du passé : le marché, les techniques, voire l’association marché-techniques, et l’environnement.
[…]
Dans ces trois domaines, sont en jeu des aspects fondamentaux de notre humanité. Un marché ouvert, plus ou moins global, en tous cas transnational, rétif à une régulation territoriale puissante, menace désormais notre humanité et porte atteinte à son expression même. Ce marché quasi global autorise l’avènement d’agents économiques hyperpuissants, aux budgets supérieurs à celui de bien des États, et impose sa logique à tous les secteurs de la société.
Des menaces pèsent sur notre souveraineté politique, puis sur notre souveraineté morale et anthropologique.
Dominique Bourg s’emploie à en faire la démonstration dans les deux premiers chapitres de son essai.
Avons-nous encore un État ? La question est fondamentale. Si nous n'avons plus d'État, qui gouverne ?
Dans les premières lignes de ce chapitre 1 : Menaces sur la souveraineté politique
Fin des années 1990, je me souviens d’avoir été invité par une organisation qui s’intitulai G9. Le thème […] était la scénarisation du futur. Tous imaginaient alors un scénario où les États avaient disparu, abandonnant la place aux seules grandes entreprises.
Plus loin, page 63 :
La dynamique actuelle pourrait-elle nous conduire jusqu’à une disparition des États au profit des seuls grands groupes ? C’est un scénario possible, mais peut-être moins probable qu’une sorte de scénario mixte où quelque agence, au statut situé entre celui d’un État d’autrefois et celui d’une entreprise d’aujourd’hui, assurerait moyennant finance les basses œuvres de police ou la défense d’un territoire ?
L’affaire Benalla peut-elle être lue comme une première pierre, ou tout au moins la plus visible à cause d’un incident de parcours, non prévu, posée par le gouvernement Macron, dans cette direction ?
Toujours dans ce chapitre 1, Dominique Bourg fait un retour dans le passé, dans celui de notre Histoire, du néolithique à nos jours, retour nécessaire afin de comprendre d’où nous venons, comment s’est construite la notion d’État…
Rappelons la différence entre un État digne de ce nom et une entreprise : le premier s’adresse à tous les citoyens, alors que la seconde ne vise que ses clients. […] Pour autant qu’il est qu’il est le mode d’expression de la rivalité entre acteurs économiques, le marché est le lieu même d’une violence franche mais médiate ; non pas celle d’une action physique et immédiate, mais celle qui résulte des conséquences indirectes de l’action économique, laquelle vise à vendre plus que vos concurrents et, si possible, à les racheter ou à les faire disparaître.
[…] …les États : ils sont les seules instances aptes à contenir cette violence économique, d’où le monde ensauvagé dans lequel nous entrons, bien loin du « doux commerce » imaginé par les libéraux. (p 66)
[…]
L’État a pris dans l’histoire, du néolithique à nos jours, des formes très différentes, depuis le contrôle des grains et céréales jusqu’à l’État totalitaire stalinien en passant par le développement de l’État providence d’après-guerre. […] On aura compris que l’État que j’ai pris en référence, et dont l’affaissement ouvre le malheur néolibéral, est la forme allant de l’État Hégélien, appuyé sur sa bureaucratie rationnelle, jusqu’à l’État-providence plus ou moins social-démocrate, où un intérêt authentiquement général a en partie prévalu. (p 68)
[…]
… – mais pour l’heure, la moins mauvaise affaire serait une réaffirmation accompagnée d’un approfondissement démocratique de la forme étatique ; […] (p 69)
De Rousseau à Hegel en passant par Marx
Plus loin, dans le chapitre 3, Menace écologique versus souveraineté économique, Dominique Bourg fait référence à la tradition de la philosophie politique et trace un itinéraire, de la pensée de Rousseau à Hegel, en passant par Marx. Trois pensées dont il fait une relecture et en propose une synthèse pour chacune d’entre elles. Il conclut :
Compte tenu des contraintes qui pèsent désormais sur la production de richesses en raison de la donne écologique, nous sommes reconduits à une posture proche de celle de Rousseau ; ou, à minima, entre la posture hégélienne et un seuil relativement plus faible de la division sociale du travail.
[…]
Sans resserrement des inégalités, point d’écologisation de la société. (p 146)
Pas de progrès sans régrès
Dans le chapitre 2 : Menaces sur notre souveraineté anthropologique, Dominique Bourg revient, entre-autres, sur la notion de progrès, signalant qu’il n’y a pas de progrès sans régrès. Notre évolution n’est pas linéaire. Et le progrès, technologique, n’est pas toujours source de progrès en ce qui concerne le sort des Hommes, des animaux et de la nature. Il peut même en organiser la disparition, après avoir accentué les inégalités sociales.
Puisque la saga aveugle du Progrès pourrait nous conduire à la vallée des larmes qui attendait Adam et Ève à leur sortie honteuse du jardin d’Éden, il est temps de revenir sur cette notion confuse et indistincte. J’écris Progrès avec une majuscule pour distinguer la conception occidentale par excellence de l’aventure humaine, […] Le progrès est un récit, celui du parcours de l’humanité empruntant la voie de nécessités des techniques et de l’industrie en vue d’atteindre une fin ultime et radieuse. (p 71)
Il y a, dit Dominique Bourg, un côté sombre dans ce récit. Celui des armes de destruction, avec l’arme atomique, par exemple.
Puis il nous est apparu que le côté sombre et destructeur des techniques n’était pas le seul fait d’une éventuelle embardée militaire, mais bien plutôt le recto du verso qu’est le consumérisme moderne. (p 73)
Plus loin, (p 89) : Avec l’avènement du logos, de la raison abstraite, et le retrait du muthos, du mythe, la manière dont nous appréhendons notre identité collective semble avoir changé. Alors qu’elle était et reste pour les peuples dits premiers inséparables de leur milieu – de leurs lieux, rivières, animaux et autres forêts –, elle renvoie plutôt nous concernant à un récit temporel brassant histoires et abstractions diverses. Même lorsqu’on peut appréhender un progrès, ce dernier semble ainsi s’accompagner d’un régrès simultané, non moins important.
Il est encore temps d'éviter la catastrophe
Quelques propositions, choisies parmi les 35 énoncées et développées dans Retour sur Terre.
Certaines paraissent frappées au coin du bon sens, d’autres sont audacieuses, d’autres, radicales, feront grincer quelques dents… Chaque mesure est développée, légitimée…
Les propositions qui suivent visent à réduire le potentiel destructeur de nos activités et des modes de vie dont elles sont solidaires. Elles visent également à concilier cet objectif avec une amélioration qualitative du bien-être et de la justice sociale, qui repose sur la reconnaissance de l’égale dignité de tous les êtres humains.
Mesure 1 – Nous aurons besoin d’indicateurs robustes sur les conséquences écologiques et énergétiques des niveaux de production, et sur leur incidence en termes de bien-être humain. On peut constater en Europe une timide percée de ce discours même au sein de la droite classique. […]
Mesure 6 – Dette publique : nous proposons que l’État français cesse de payer les intérêts de la dette publique cumulés depuis 1974, date à laquelle on a mis fin au privilège de la Banque de France de battre monnaie : c’est l’essentiel (70%) de la dette française qui serait purement et simplement effacée. […]
Mesure 9 – Mise en place d’un Revenu de transition écologique. Le RTE est un outil visant à accélérer la création d’emplois dans la transition. […]
Mesure 10 – Il faudrait par voie de conséquence prévoir l’encadrement des écarts de revenus (salaires, revenus du capital), à l’intérieur d’une fourchette dont l’amplitude est à définir de manière démocratique par référendum. […]
Mesure 12/13/14/15 – Agriculture : vers une « agroécologie décarbonée » (sans énergies fossiles). Il est urgent de mettre en place un modèle agricole à très haute productivité par unité de surface et à faible productivité par unité de travail. Une telle agriculture exigera de mobiliser à terme de 15 à 30 % de la population économiquement active (PEA), d’abandonner presque entièrement la motorisation à énergie fossile et d’avoir massivement recours à l’énergie musculaire (animale ou humaine).
[…]
Ce modèle inclut également un retour à l’intégration des arbres dans nos pratiques agricoles, entre forêt-jardin, systèmes agro-forestiers et sylvo-pastoraux (soit le démembrement du remembrement).
[…]
… nous proposons que cette mobilisation concerne toute la population économiquement active, sous la forme d’une activité agricole à temps partiel, spécialement dans les périodes où les besoins de main d’œuvre sont très élevés (récoltes, préparation des sols, désherbage, etc.).
[…]
– Un « réempaysannement » des terres. La préservation et la répartition du foncier agricole, qui disparaît toujours au rythme de 1 département tous les 6 ans en France, est un enjeu majeur pour notre société. Les terres arables garantes de notre avenir alimentaire s’effondrent dans la plus totale indifférence.
[…]
– Fin à terme de la métropolisation. L’alternance décrite (voir notre mesure 11) exige de rapprocher les lieux de résidence des espaces agricoles, afin de réduire la dépense énergétique liée au transport des personnes et des productions (circuits courts).
[…]
Mesure 18 – Fin des paradis fiscaux. Pour faire disparaître totalement le recours des entreprises aux paradis fiscaux, la loi prévoirait des sanctions pénales applicables aux dirigeants (actionnaires compris).
Le rapatriement fiscal des avoirs détenus par les sociétés et les particuliers permettrait de restituer à l’État des ressources (la perte fiscale est actuellement estimée à près de 5 milliards par an, les avoirs nets des ressortissants français détenus par les paradis fiscaux, à plus de 300 milliards d’euros) qui pourraient être consacrées à la conversion écologique. (p 53)
Mesure 27 – La rédaction d’une Déclaration internationale pour une politique du vivant, portée par l’Assemblée générale de l’ONU ou par un groupe d’états volontaires, poserait notamment les fondements d’un protectionnisme concerté et solidaire.
[…]
Mesure 29 – Jubilé des dettes publiques. Les dettes publiques « odieuses » (contractées par des régimes corrompus) les dettes publiques de tous les pays à faible revenus, les dettes publiques contractées suite à la crise de 2008 pour sauver le système bancaire, de même que les dettes contractées auprès des banques, seraient purement et simplement annulées.
[…]
Le jubilé des dettes n’est pas une lubie : il a une réalité historique. Nous nous contentons ici de rappeler le jubilé des dettes des pays pauvres effectué en l’an 2000 à la suite d’une campagne internationale.
Mesures 34 – Une politique de coopération reposant sur des partenariats bilatéraux de « transformation écologique et sociale ».
Mesure 35. – ces partenariats donneraient naissance à des formes institutionnelles nouvelles, des coordinations ou alliances dont l’objectif est l’autonomie et la viabilité et qui devraient être les briques de l’ordre international.
Régénérer le vivant
Une politique pour régénérer le vivant que nous avons abimé et lui donner à l'avenir la prépondérance absolue sur toutes les autres finalités humaines, voilà ce à quoi nous appelons. Cette politique nous rendra plus libres car elle nous restituera l'essentiel, sans quoi la liberté est un leurre. Elle a pour nom écologie. Elle est révolutionnaire en ceci qu'elle vise à l'autonomie de chaque être et la fin de toute forme de domination sociale, qu'il s'agisse de la société des hommes ou plus largement de la société des êtres vivants, dont les humains font partie et qu'ils se sont employés jusqu'à présent à subordonner exclusivement à leurs finalités mondaines (au sens où elles répondaient à leur petit monde et à lui seul), sans mesurer à quel point cette politique les condamnait tôt ou tard à une mort certaine. (p 83)