Charly Marty, musicien et comédien de la finesse…

Habitué du Festival de Caves, cet artiste lyonnais est dans deux spectacles de l'édition 2018 qui dure jusqu'à la fin du mois de juin. On l'avait apprécié dans Charly Chanteur et Amours de loin avec Léopoldine Hummel. Il va plus loin dans Les Garçons ne pleurent pas. Et s'attaque à Shakespeare avec Juliette...

garcons

Charly Marty est un sacré numéro. Dans des précédents spectacles, il explorait les ressorts de l'adolescence, ses rapports à la chanson, voire la chansonnette. Il interrogeait la construction des désirs, faisant sourire avec une fausse candeur.

Dans Les Garçons ne pleurent pas, une pièce de Julie Ménard mise en scène par Thibault Rossigneux, il va un peu plus loin. Campant le personnage d'un chanteur de charme collectionneur de midinettes, il revisite l'évolution des mœurs des vingt à trente dernières années. Quelques chansons emblématiques, dont certaines furent des tubes, jalonnent un parcours conduisant à l'âge adulte et aux questions graves.

Du tombeur juvénile usant de sa guitare comme piège à filles, il passe à l'homme découvrant l'immensité des féminités dont certaines le laissent pantois. Ce faisant, on réalise qu'il est un interprète subtil de Johnny, Christophe ou William Sheller, taquin des Rolling Stone et des Cure qu'il n'a voulu chanter qu'en français.

Parti de l'idée simpliste (et fréquente) que les filles sont à la disposition des garçons sachant s'y prendre, sous tendue, sous-entendue et assumée par nombre de chansonnettes, il arrive à l'irruption de la question du consentement. Celle-ci arrive, via l'espace public, vaste caisse de résonance médiatique, dans la cervelle peu préparé de notre héros. Elle ne cache pas longtemps la complexité, la densité de l'amour, du désir...

On rit, on sourit, on se marre franchement... On fredonne des ritournelles enfouies, on se souvient des tubes, comment les oublier tant ils furent, tant ils sont, matraqués... On se dit que ceux qui ont échappé aux clichés des hit parades et de la grande presse, en se tournant très tôt vers ce qu'on appelle la chanson de qualité, ont eu la chance de développer un brin d'esprit critique. Tant littéraire que comportemental.

Et là, on s'aperçoit que Charly Marty, alias Charly Chanteur dans de précédents spectacles-performances, vise juste. Entre le fourre-tout des lieux communs, qu'il est utile de connaître, et la culture qui permet l'ironie, la mise à distance, l'humour y compris sur soi-même... De ce point de vue, le comédien-musicien, par ailleurs metteur en scène, démontre une finesse qui fait du bien.

  • Se joue encore trois fois cette semaine dans le sud de la France après plusieurs représentations comtoises du festival de Caves. Voir ici.
  • Ça donne envie de voir Charly Marty dans Juliette, d'après Shakespeare, qui revient dans la région à partir du 14 juin.

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