C’est possible

En faisant ajouter les deux petits mots « si possible » à l'excellente résolution de diminuer de moitié en 10 ans le recours aux pesticides, le lobby de l'industrie chimique qui les fabrique et le syndicalisme agricole majoritaire ont rendu un bien mauvais service à la santé publique. Ils montrent qu'ils sont surtout sensibles au maintien d'une agriculture hyperproductive et industrielle, concédant seulement le vocable « agriculture raisonnée » qui n'est en réalité que l'engagement de respecter la loi.

En faisant ajouter les deux petits mots « si possible » à l'excellente résolution de diminuer de moitié en 10 ans le recours aux pesticides, le lobby de l'industrie chimique qui les fabrique et le syndicalisme agricole majoritaire ont rendu un bien mauvais service à la santé publique. Ils montrent qu'ils sont surtout sensibles au maintien d'une agriculture hyperproductive et industrielle, concédant seulement le vocable « agriculture raisonnée » qui n'est en réalité que l'engagement de respecter la loi. Ils argumentent en brandissant la balance commerciale agricole excédentaire de la France d'une dizaine de milliards, en assurant qu'il faut nourrir le monde. Dans le même temps, à mesure que ce modèle d'agriculture intensive se déploie sur la planète, il chasse de leurs terres des paysans qui sont les principales victimes de la malnutrition, de la famine, des contaminations aux pesticides. Il faut le dire, la plupart sont des poisons.
Que l'administration régionale en charge, notamment, de produire des statistiques agricoles, soit incapable de fournir une évaluation chiffrée de l'évolution de l'usage des pesticides, en dit long sur les pressions exercées par ceux qui veulent des pouvoirs publics désarmés. Ils ne peuvent même pas vérifier comment et à quel rythme on n'arrive pas à atteindre l'objectif. Histoire d'apporter en route les correctifs. On le comprend, il s'agirait alors de changer radicalement le mode de production en agriculture.
Dans l'enquête de Roland Vasic, il n'y a en fait qu'une bonne nouvelle : l'élevage à vocation laitière de la zone de production des fromages AOC-AOP (comté, morbier, gex, mont d'or) ou IGP (gruyère) est moins touché par les pesticides que la partie céréalière de la région. Il n'y a en réalité qu'une seule manière d'en finir avec ce fléau : la conversion générale à l'agriculture biologique. En prenant le temps nécessaire, c'est « possible » puisque cela avance déjà plus vite chez les agriculteurs que chez les jardiniers amateurs. On comprend que cela inquiète l'industrie des pesticides qui serait remplacée par le savoir agronomique des paysans ! 

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