Ces murmures qui font d’une cave une scène de théâtre…

...et du caveau d'une emmurée vivante un espace de recouvrement de la liberté. Léopoldine Hummel est émouvante et convaincante dans l'adaptation par José Pliya du Goncourt des lycéens 2011 Du Domaine des murmures, de Carole Martinez. C'est au programme du neuvième Festival de caves, inventé à Besançon, aujourd'hui européen...

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Le jeu de Léopoldine Hummel est taillé dans le roc et le roseau. Solide et souple, tonitruant et doux. Il le faut pour habiter Esclarmonde, la princesse médiévale choisissant d'être emmurée vivante qu'a peinte Carole Martinez dans son roman Du Domaine des murmures. Il le faut pour jouer la colère confinant parfois au délire sinon à la folie, pour montrer l'apparition par petites touches d'une spiritualité inattendue, faire revivre les traumatismes intimes, provoquer les visions hallucinées d'une croisade repentir.

Le festival de caves : l'essence intime du théâtre
Inventé à Besançon par Guillaume Dujardin et la compagnie Malanoche, le festival de caves est maintenant européen !
Voir le programme complet ici de la neuvième édition.
Principe : on choisit son spectacle, on téléphone à un répondeur pour réserver, et on est recontacté pour se faire indiquer le lieu de rendez-vous où l'on achète son billet, et d'où l'on est ensuite conduit au lieu de spectacle : la cave qu'un particulier ou une institution met à disposition.
Historique du festival .

Il faut que le jeu de l'actrice emplisse l'espace menu de sa prison qui la transforme en sainte. Car la prison n'est matérialisée que par les deux murs d'angle de la cave où se joue le spectacle, quelques pierres enserrant des graviers sur un mètre carré, un minuscule tabouret de bois, un pied de micro en guise de barreau... Seule en scène, avec une économie de gestes et de postures, un registre dramatique efficace, elle emmène le public dans un monde intérieur refuge d'une liberté bafouée par la domination masculine d'une époque régie par la croyance et la magie. 

Il y a des mythes comtois dans ce spectacle où l'emmurée fait songer à Berthe-de-Joux, mais le château de Hautepierre au bord de la Loue est celui de Montal au bord du Lot... Qu'importe, il y a l'universel de la relation magnifiée, sanctifiée, d'une mère à son fils. Il y a un questionnement distancié sur le mythe de la Vierge qui, elle aussi, est sur la Croix du Christ dont elle partage, forcément, la souffrance. Il y a la culpabilité insoupçonnée du croisé, l'intérêt honteux des gardiens du temple, la tension permanente de l'énergie vitale.

A voir et déguster lentement. Encore jeudi 22 mai et vendredi 23 à Mouthier-Hautepierre, samedi 24 mai à Pierrefontaine-les-Varans, dimanche 25 mai aux Hôpitaux neufs, mercredi 28 mai à 20 h Dole, du 1er au 5 juin à Besançon, le 6 juin à Montbozon, le 11 juin à Andlau, le 12 juin à Nordheim, le 13 juin à Strasbourg, le 17 juin à Thann, le 18 juin à Karlsure, le 19 juin à Mulhouse, le 27 juin à Morteau.

 

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