Ces fromages AOC qui résistent à la mondialisation

« Ce serait une tout autre approche de la mondialisation si le principe des appellations d'origine se généralisait », estime Jean-Charles Arnaud, patron de Juraflore et président du comité des produits laitiers, alimentaires et forestiers de l'INAO.

Jean-Charles Arnaud 24 janvier 2013

Affineur de comté à Poligny, président de l'un des deux comités nationaux de l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO), celui des produits laitiers, agroalimentaires et forestiers (l'autre est celui des vins), M. Arnaud tenait vendredi soir une conférence au centre diocésain de Besançon à l'invitation de l'Ecole Nationale de l'Industrie Laitière de Mamirolle-Poligny. 
Bien entendu, il a loué la filière comté, son organisation et ses effets sur l'économie de la région, les 3.000 exploitations agricoles, 160 fruitières et 15 maisons d'affinage qui concourent à sa réussite. « Le cahier des charges du comté avec celui du beaufort (dont la production est presque dix fois moindre) font référence à l'échelle internationale. »
L'activité humaine, le terroir et le produit sont le triptyque indispensable à la reconnaissance d'un produit agricole brut ou transformé en tant que produit d'appellation d'origine contrôlée (en France) puis protégée (dans l'Union européenne). « Au plan économique, l'appellation est un outil de (re)localisation. Un terroir doit être identifié, situé dans des limites très précises. Il faut que le produit ait déjà une notoriété établie, qu'il soit spécifique voire unique et qu'un contrôle soit accepté et effectué. L'INAO décide d'instruire les dossiers d'appellations. La charge de contrôler lui revient immédiatement ensuite. » Les contrefaçons et fraudes diverses ne manquent pas, les tentatives industrielles de créer des ersatz de produits traditionnels et de « capitaliser sur les appellations » non plus. M. Arnaud ne peut d'ailleurs pas ne pas reconnaître l'importance des grands circuits de distribution dans la diffusion populaire des produits en question. A consulter le site de l'INAO, on peut s'étonner de constater que le palmarès 2012 du « mois de l'origine et de la qualité » soit dans toutes les régions uniquement attribué à des « grandes surfaces ». On pense également à la prochaine association du comté avec la chaîne McDonald (voir le billet de blog).
M. Arnaud avait auparavant précisé, en soulignant la nécessaire démarche collective et fédératrice des producteurs qui montent un dossier, qu'une « AO ne peut pas être une propriété privée ». Le terroir et le produit valent un label par et pour le travail des hommes et des femmes. Le président et conférencier avait d'ailleurs relevé « la longue et nécessaire phase d'appropriation de la contrainte du cahier des charges par les producteurs avant que cela ne soit pour eux ensuite un vrai champ de ressources de valeur ajoutée ». Si c'est une manière de dire que le mérite des labels ne doit pas échapper aux producteurs et qu'une juste rétribution doit leur revenir, on souscrit à une démarche qui ne soit pas principalement identitaire et commerciale.

  

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