Besançon : des livres bilingues dans huit langues pour les enfants…

L'association Miroirs de femmes de Planoise a fourni les traductrices et les médiathèques les livres. Les enseignants ont un outil de plus pour impliquer et valoriser les parents issus d'immigrations africaines ou d'Europe orientale.

miroirs

C'est une histoire qui montre l'efficacité des coopérations de terrain. Elle démarre dans les écoles primaires et maternelles de Planoise où, plus qu'ailleurs à Besançon, les élèves sont issus de nombreuses immigrations. Des enseignants participent à l'occasion à des lectures à voix autres organisées par les médiathèquesMandela à Planoise, Clairs-Soleils, Pierre-Bayle au centre-ville avec des bénévoles de l'association Miroirs de femmes qui a plus de 150 adhérentes d'une trentaine de nationalités. Ces animations nées il y a quelques années à la médiathèque Nelson-Mandela réunissent parents, enfants, bibliothécaires autour de lectures, chants, contes, saynètes des pays d'origine de ceux qui les présentent.

Ce sont des moments de contact avec les livres, notamment les ouvrages pour enfants qu'on peut consulter sur place ou emprunter. Les enseignants réalisent que les seuls livres bilingues le sont en anglais ou en allemand. « Ça ne correspond pas à notre réalité », ont-ils souligné, mettant le doigt dans l'engrenage d'un projet, plus en phase avec la diversité ethno-linguistique de Planoise. Lancé il y a trois mois, il a été présenté lundi 19 décembre dans une salle du CCAS.

« On ne traduit bien que dans sa propre langue »

Il s'agit de transformer deux livres choisis par les enseignants en ouvrages bilingues, La Chenille qui fait des trous, d'Eric Carle, et Roulé le loup, de Praline Gay-Para et Hélène Micou. Écrits en français, ils sont enrichis d'une seconde langue,  déclinée en huit idiomes : russe, serbe, portugais, arabe, rom, turc, mahorais et albanais. Bénévoles, les traducteurs sont issus de Miroirs de femmes : « il n'y a pas que la langue, mais aussi la dimension culturelle : on ne traduit bien que dans sa propre langue », souligne Jackie Kerveyan, active retraitée qui donne depuis deux ans des cours de français langue étrangère. « C'est un projet à moyen terme, il y aura d'autres livres», assure-t-elle.

« Les instits sont contents, ils peuvent ainsi impliquer davantage les parents, les valoriser », explique Tanja Nikolova, animatrice de l'association. « Ces bouquins comblent un manque car on s'exprime par nos langues, ils aident », ajoute la présidente Christine Ngbakoto. « Si les enfants voient leur langue dans un livre comme ça, ils auront plaisir de lire. Quand on parle notre langue, on sent ce qu'on dit. Quand je parle français, qui n'est pas ma langue maternelle, je ne suis pas toujours vraiment sûre de ce que je dis... Ma langue maternelle est le kikongo que je parle avec mes parents, et le lingala est celle de mon pays, la République démocratique du Congo... »

Du livret d'accueil des locataires au café des langues

Ayant pour premier objectif la promotion des langues et des cultures, Miroirs de femmes n'est pas à son coup d'essai. En lien avec les bailleurs sociaux et l'association de locataires CLCV, elle a contribué à la traduction d'un livret d'accueil des locataires HLM en plusieurs langues. Elle propose, on l'a vu, des cours de français langue étrangère, de débutant à niveau avancé, avec Jackie Kerveyan, mais aussi Marie-Claude Charles et bientôt un troisième intervenant, notamment pour un cours dispensé à partir de janvier à des demandeurs d'asile.

Chaque premier mardi du mois à 19 heures, l'association organise un très animé Café des langues à la Brasserie de l'Espace où il n'y a jamais moins de cinquante personnes. Cela consiste à tenir une table avec langue, on y vient pour approfondir quelque chose dans cette langue : comment dire bonjour par exemple. Il y a même la langue des signes... Mais « quand Christine chante Zilazoulousur la route du ciel, en lingala..., toutes les femmes chantent avec elle », sourit Julienne Emouengue Oyere...

On y croise aussi parfois de discrets éducateurs de prévention : « Miroirs de femme est un important lieu-relais. Dans notre travail, on doit connaître tout le monde pour avoir des opportunités. Nous nous intéressons à tout ce qui fonctionne », dit l'une qui sait le bonheur d'une expérience réussie pour une jeunesse en quête de repères.

 

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