Anaïs Marty bouleversante en Clara Haskil

Nuits dans les jardins de la gare du Midi est une pépite du festival de caves. Ecrit et mis en scène par Serge Kribus, le spectacle est magnifiquement interprété par la jeune comédienne qui donne corps et souffle à l'étonnante vie de la pianiste virtuose disparue en 1960.

anaismarty

Bouleversante. Dès les premières secondes de Nuits dans les jardins de la gare du Midi, Anaïs Marty prend son public et jamais ne le lâche une heure trois quarts durant. Elle l'emmène de la descente de train de Clara Haskil, à la gare du Midi de Bruxelles, un soir de décembre 1960, à sa chute fatale dans les escaliers de cette même gare. Entre les deux, elle se souvient de tout.

La comédienne dit avec une justesse à couper le souffle, et dans une tension permanente, le texte écrit et mis en scène par Serge Kribus. Elle joue tous les âges de la vie exceptionnelle et tragique, sensible et douloureuse de cette pianiste virtuose « née pour jouer Mozart »... Elle les joue autant qu'elle les dit, les murmure, les raconte ; comme si elle jouait sa vie ; elle interprète tous les personnages interagissant avec elle, passant de l'un à l'autre sans équivoque. Née à Bucarest, surdouée, dotée de l'oreille absolue, Clara Haskil est dès trois ans capable de reproduire une mélodie qu'elle vient d'entendre...

La pièce, d'une totale sobriété de décor laissant toute la place à l'interprétation, est un tourbillon où les événements s'enchaînent sans répit. Les premiers professeurs, la famille, le chat, la mort du père, les cours à Vienne, Berlin, Paris, Bruxelles... Les médecins, les concerts, les deux guerres mondiales, le trac, la peur, la reconnaissance tardive... L'admiration de Chaplin, de Casals, son refus du mécénat des pianos Gaveau qu'elle n'aime pas, son passage en zone libre, son arrivée en Suisse en 1942, son triomphe à New York, son piano Stenway revendu...

Anaïs Marty n'est pas musicienne mais qu'importe. Le fait qu'elle ne mime pas la pianiste à son clavier, se contentant d'arrêter le geste des mains allant s'y poser, y compris, et surtout, quand la bande son délivre quelques rares et précieux enregistrements, confère à son jeu une puissance évocatrice reposant sur les mots et sa seule présence. Littéralement saisi, spectateur d'une vie dont les moments clé se déroulant en accéléré sous ses yeux, le public est subjugué, envahi, abandonné à des émotions que seul le spectacle vivant offre.

 

Premier tableau...

 

 

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