Quand on veut tuer son canidé, on l’accuse…

Dans la série des maladies réelles et fictives du Goupil, la rage selvatique, l'échinococcose, la boreliose... Et si tuer Goupil avait l'effet contraire à celui recherché ?

Il est pour le moins curieux que Goupil soit régulièrement accusé de véhiculer moult maladies. Inversement le gibier est sain de sain. Et pourtant, en manipulant ou consommant du gibier, il y a infiniment plus de risques qu’en regardant passer un renard ou un blaireau.

L' épizootie de rage selvatique a été éradiquée d'Europe de l'ouest par la vaccination. Les campagnes de destruction initialement utilisées n'ayant pour effet que de faire progresser le front plus rapidement (créant un vide).

Plus de rage, mais encore une rage de... carnage

Parfois commandés par des préfectures sur demande expresse des milieux cynégétiques, des campagnes de destruction massives endeuillent nos campagnes. Mais ces tirs de nuit et autres pratiques drastiques visant à éliminer Goupil provoquent un effet « domino » occasionnant un chaos dans les effectifs vulpins, et produisent l'effet contraire. Les populations vulpines décimées sont déstabilisées : familles éclatées, tenanciers de territoires éliminés, territoires vacants… Le chaos et la confusion s’installent, les petits meurent de faim, mère et mâle ayant disparu.

La paix dans les campagnes, le soi-disant but recherché, n’est pas au rendez vous... Mais ces opérations de destruction visent plus à satisfaire un lobby-groupe de pression qu’à oeuvrer pour la richesse de la diversité naturelle. Depuis la raréfaction du loup, le renard a été promu bête à détruire.

Un proverbe ancien disait : « les loups étant morts les renards les remplacèrent... » Y compris comme Bouc émissaire...

L’ acharnement anti renards semble donc peu justifié, Goupil étant avant tout un dératiseur. En fait, le tir d'été du renard sert d'entrainement sur cible vivante. Ce phénomène mortifère tend à disparaître, mais restent quelque acharnés par endroits, là où le renard se fait rare. La destruction des renards semble un défoulement, un « plaisir » de se faire une bête vivante et non un pigeon d’argile ; les ball-trap disparaissant pour diverses raisons.

Tirer un renardeau qui s’en vient vers vous, tout curieux, confiant et imprudent, relève -t-il de l’exploit ou d’une pathologie ? Le massacre des renards en été a une fonction de préparation pour les lâchers d’oiseaux d’élevage à l’ouverture, gibier d’élevages concentrationnaires, abêtis et bourrés de granulés et d’antibiotiques. Certains appellent cette hécatombe «  table rase », «nettoyage »... Les chats aussi sont nombreux à disparaitre à cette période.

Echinococcose du renard : chiens de chasse et félidés en première ligne

L' échinococcose, due à un ver, est peu transmise à l'homme. Il faut pour la contracter manipuler des crottes de mammifère contaminé (rongeurs, chiens et autres canidés...) ou se contaminer par le sang en dépeçant des animaux sauvages. L'échinococcose touche 500 personnes par an. Ce n’est pas le cancer ou la cirrhose du foie, elle se soigne efficacement si elle est diagnostiquée au plus tôt.

L'échinococcose est causée par un ver intestinal type ténia qui se trouve dans les crottes des rats, chiens, chats , renards... et non pas dans l’urine. La fausse information sur des herbes ou fruits souillés par la pisse de renards est une intox orchestrée par certains anti Goupil selon le vieux stratagème selon lequel quand on veut tuer son chien...

Il ne viendrait à l'idée de personne de manipuler des déjections dans la nature. Et l’on ne laisse pas des bébés jouer avec avec des crottes d’animaux familiers . Les plus exposés sont les ennemis des renards : lors des déterrages, les cadavres de renards sont manipulés à mains nues par les déterreurs. Les chiens de chasse sont eux aussi en contact direct et forment le maillon infectieux le plus dangereux de par leur voisinage avec l'humain.

Les chiens et chats errants représentent plus de la moitié des relevés des pièges photographiques, selon le programme de la Fédération départementale des chasseurs du Jura. Cette source de contamination est à prendre en compte sérieusement puisque le risque de transmission est important.

La rencontre et le touché de goupil ou de ses excréments est donc quasiment nulle, hormis par les piégeurs et autres intervenants intrusifs. L'information-prévention est de prime importance, notamment dans les milieux sensibles : cynégétiques, élevages canins, enclos de chasse….

Le galeux Goupil élimine Lyme

La gale sarcopique ne semble présenter aucun danger d'épidémie même pour les chiens de chasse (soins en une prise efficaces). Si on veut contrer cette zoonose, la vaccination s’impose. On éradique une maladie en s'y attaquant (ici un ver sous cutané), pas en éliminant le porteur victime (base élémentaire en médecine, sinon adieu l'humanité en cas de pandémie !)

Quant à la maladie de Lyme ou borréliose, le renard est un barrage naturel et un frein à cette maladie dangereuse (article de la Royal Society ici en anglais). Les acariens présents à l'état larvaire s'attaquent aux organismes les plus faciles d'accès, généralement des rongeurs.

Les goupils, peu réactifs à la bactérie Borrellia, participent à la diminution du risque de leur transmission à l'homme en réduisant les populations de rongeurs.

Le Jura et sa ville préfecture se positionnent dans les soins et lutte anti Borrellia. Il serait judicieux de les voir aussi précurseurs en matière de lutte naturelle en favorisant l'action vulpine sur les tiques. Suggestion : des études sur la réceptivité et la résistance du renard à la maladie ainsi que son action en tant que filtre naturel des tiques porteurs de maladie seraient peut-être opportunes...

Quoi qu'il en doit, détruire le renard, barrage de la maladie, semble paradoxal si on veut enrayer la propagation par les tiques porteurs de borrellia...

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