Université : le conseil de discipline pourrait ne pas être saisi

« Ce n'est pas bon que ceux qui ont des revendications syndicales aient peur d'une garde-à-vue », explique le recteur Jean-François Chanet qui a accueilli au rectorat lundi matin le conseil d'administration de l'université de Franche-Comté. Dans l'entretien qu'il a accordé à Factuel, il joue l'apaisement. Le 14 février, Jacques Bahi a refusé de parler aux étudiants qui ont investi le CA, alors que la police le lui a demandé.

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Selon des informations concordantes, le directeur départemental de la sécurité publique, Benoît Desferet, a demandé lors de l'occupation du conseil d'administration de l'université du 14 février, au président Jacques Bahi, qui n'était pas dans la salle au moment de l'irruption des 19 militants, d'aller discuter avec eux. Interrogé sur ce point, Benoît Desferet ne confirme ni ne dément : « je ne vous répondrai pas ». L'information est cependant parvenue aux oreilles du recteur Jean-François Chanet.

Ceci étant, à entendre d'anciens administrateurs de l'université, l'actuel titulaire du poste a commis plus qu'une erreur, non seulement en ne discutant pas avec les « envahisseurs », mais aussi en faisant intervenir la police. Jean-François Robert, qui était président en 1986, se souvient d'avoir eu à faire face à une contestation étudiante avec envahissement du siège du CA. « On recevait toujours une délégation pour écouter ce qu'ils avaient à dire, ils s'expliquaient puis ils partaient ».

Claude Condé, qui fut président avant Jacques Bahi, se souvient qu'un de ses prédécesseur, Michel Woronoff, fut également envahi, et connut même une nuit d'occupation : « il reçut un coup de téléphone du préfet qui lui demanda s'il voulait l'intervention de la police. Il lui a répondu : "non, non, je suis avec les étudiants"...

Lors de son discours inaugural, le recteur Jean-François Chanet, historien du mouvement ouvrier, souligna, comme ça en passant, qu'il est « important de garantir la poursuite d'études pour ceux qui le peuvent et le veulent ». Il cita aussi Germaine Tillion, dont le nom sera donné à l'esplanade entre Saint-Jacques et l'ancien arsenal qui accueille désormais la MSHE : « nous pouvions lutter parce que nous pouvons comprendre... »

Le recteur Jean-François Chanet : « Je déplore qu'on en soit arrivé là. »

Le recteur a accueilli lundi matin le CA de l'université qui avait été interrompu le 14 février. Plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés devant le rectorat et une délégation a été reçue. Factuel a interrogé le recteur lundi après-midi après l'inauguration de la Maison des sciences de l'homme et de l'environnement.

Le CA de l'université devait à nouveau aborder la sélection en master lundi matin au rectorat...

C'est une décision sur les capacités d'accueil. Il s'agit d'informer l'ensemble des étudiants de France de ce qui existe comme offres de master à l'université de Franche-Comté. On déplace le problème de M2 à M1, sauf pour droit et psychologie qui feront l'objet d'un décret. C'est un instrument d'orientation plutôt que de sélection.

Il y a des problèmes de capacité en sciences et en droit...

Oui. En même temps que définir les capacités d'accueil, on donne la possibilité aux étudiants [qui n'auraient pas d'affectation] de saisir le recteur pour trois capacités d'inscription en master...

Que pensez-vous de ce qui s'est passé le 14 février ?

Ce que nous avons fait ce matin est de nature à désescalade. J'ai reçu une délégation de l'intersyndicale avec des enseignants et des étudiants environ deux heures. On s'est écouté les uns les autres, c'était courtois... Je déplore qu'on en soit arrivé là. Je l'ai dit, le président le sait. Les acteurs se sont infligé les uns les autres des souffrances. L'évacuation s'est faite dans les règles, mais les gardes-à-vue entraînent des souffrances, le sentiment de séquestration aussi.

Y aura-t-il conseil de discipline ?

Il n'est pas encore saisi. Le président a dit qu'il réfléchissait. Cela donne une indication de tendance...

Le CA qui se tient au rectorat, ça ressemble à une mise sous tutelle !

C'est une solution pragmatique. La salle du conseil avait subi des dégradations, elle est devenue anxiogène pour tout le monde...

Il paraît que le directeur départemental de la sécurité publique a demandé à Jacques Bahi d'aller voir les étudiants pendant l'action du 14...

J'entends la même chose. Il fallait y mettre fin rapidement. Ce n'est pas bon que les dirigeants aient peur d'être envahis, pas bon que ceux qui ont des revendications syndicales aient peur d'une garde-à-vue.

Solidaires-Etudiants demandait un débat public au sein de l'université sur la sélection en master...

C'est légitime... Le président a dit qu'il rencontrerait tous les syndicats, y compris SUD...

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