Son président a été nommé en septembre et sa composition devait être connue en octobre. Mais nous n’avons encore, officiellement, aucune nouvelle du GEEC, le Groupe d’étude de l’environnement et du climat souhaité par Anne Vignot, la maire EELV de Besançon. Composé d’experts pluridisciplinaires, celui-ci aura pour mission de rendre des avis scientifiques sur les dossiers environnementaux de la mairie, à commencer par le projet miné des Vaîtes. Ce premier rapport était attendu pour décembre, il n’en sera rien. Le GEEC ne sera pas officialisé avant fin janvier ou début février et sa présentation aux élus lors du prochain conseil municipal. Son avis très attendu sur l’urbanisation des Vaîtes est donc, forcément, différé lui aussi.
À la mairie, on nous explique que le retard s’explique pour deux raisons : la situation sanitaire et les difficultés pour trouver un statut juridique à ce groupe de travail dont les contours sont relativement inédits. « Sur un sujet aussi sensible que l’éco-quartier des Vaîtes, on n’est pas à quelques semaines près. Et là clairement, le Covid est prioritaire, on a des commerces du centre-ville menacés, des questions sanitaires brûlantes… », justifie-t-on.
Cependant, et malgré son absence de cadre légal, le GEEC est déjà, presque, opérationnel. Selon nos informations, Hervé Richard, professeur émérite au laboratoire chrono-environnement de l’université de Franche-Comté, dont la nomination en tant que président du GEEC par Anne Vignot a été épinglée par les opposants à l’urbanisation des Vaîtes en raison de son soutien à la maire élue lors de la campagne, a déjà constitué son équipe. Il a nommé 13 autres membres, dont deux sont d’ores et déjà écartés du travail sur les Vaîtes parce qu’ils avaient été impliqués dans des études concernant ce projet. Le GEEC a déjà demandé, et obtenu, des documents de la mairie et débute, tant bien que mal, son analyse en travaillant par visio-conférence sans pouvoir se rendre sur le terrain.
Un marché public lancé pour trouver l’architecte urbaniste conseil
Si la ville traine pour mettre au point le GEEC, elle continue toutefois d’avancer sur le sujet des Vaîtes. Après avoir validé de nouveaux budgets sur cette opération, Besançon a publié un marché public pour renouveler le contrat de l’architecte-urbaniste-conseil associé aux Ateliers des Vaîtes, qui réunit aussi la ville et l’aménageur Territoire 25. Ces ateliers ont pour but de « garantir la cohérence d’ensemble et la conformité vis-à-vis des objectifs attendus de la Collectivité ».
L’avis d’appel public à la concurrence a suscité la colère de l’association des Jardins des Vaîtes, qui mène un combat judiciaire jusqu’ici victorieux, et qui demande l’abandon du projet. « On était franchement outré », relate Claire Arnoux, sa présidente. « Quand on voit un appel d’offres déjà lancé, pour nous le jeu est déjà biaisé puisqu’en gros, quoi qu’il se passe, l’abandon n’est pas envisagé ».
Les documents qui accompagnent ce marché public reproduisent en effet l’état du projet tel qu’il était défini avant l’élection de la maire écologiste Anne Vignot, même s’il mentionne toutefois un éventuel réexamen et une possible reconception après l’avis du GEEC et de la conférence citoyenne qui devrait suivre. « Comme on l’a dit aux Jardins des Vaîtes, toutes les options sont sur la table, c’est un engagement de campagne », tient-on à souligner du côté de la mairie qui évoque la nécessité pour elle de rédiger cet appel d’offres. « De l’abandon au maintien, en passant par tout un tas de projets alternatifs, on aura besoin de ce marché. Imaginons que l’on aille sur un abandon, il faut pouvoir remettre en état le site, finir les travaux de voiries commencés et remettre en état les zones humides ».
Pas de quoi rassurer les Jardins des Vaîtes, qui dénoncent l’opacité qui entoure ce dossier. L’association a demandé à être reçue par le GEEC, elle indique avoir d'abord essuyé un refus puis plus aucune réponse. « On ne connait pas la composition du GEEC, ni leur méthodologie, ni les documents consultés ». Malgré la promesse de la mairie de rendre public l’ensemble des documents consultés par le GEEC une fois que celui-ci aura rendu son avis, l’association ne se fait guère d’illusion sur la suite. « On n’est suffisamment pas naïves pour savoir que lors des consultations citoyennes, selon comment s’est fait, selon comment on choisit, le pouvoir politique peut tout à fait décider d’orienter ça d’une manière ou d’une autre. Ce n’est pas probant en termes de démocratie et de transparence », s’inquiète Claire Arnoux. Et avec la Covid et les difficultés à réunir plusieurs dizaines de personnes, les modalités pratiques de la conférence citoyenne, qui devait rendre un avis après les conclusions du GEEC, apparaissent bien floues.