Trois femmes et un confinement / Jour 17

Magari ! C'est mon mot préféré de la langue italienne : magari. Magari est un mot qui a plusieurs significations, un peu comme wesh, mais personnellement je préfère nettement magari à wesh, (même si wesh est un mot très futé et très rigolo)...

magari

Suite à un problème technique indépendant de notre volonté, le jour 15 est paru le jour 16, en conséquence de quoi il n’y a pas eu de jour 16. Nous passons donc directement au jour 17. Enfin, je crois… On ne sait plus vraiment quel jour on est. Pas vous ?

JOUR 17 – MIMI

Jour 16, ou jour 17, je ne sais plus très bien où nous en sommes…

Hier, 1er avril, Nina m’a gratifiée d’un poisson collé dans le dos, sans que je m’en aperçoive… Nina est une jeune fille qui veille à ce que les traditions soient respectées, et elle a raison. Il est si charmant, ce poisson, tout rond, un peu rigolard, un chapeau pointu sur le sommet du crâne, que je l’ai scotché au mur sous un dessin original de paysage au crayon, d’Adrien Schultz (1851-1931). Si Adrien Schultz était céramiste, il s’est intéressé aussi à la peinture. Bords de Marne, forêt de Barbizon, rives du Loing… bref, le poisson de Nina cohabite très bien avec le paysage de Schulz. Puisque grâce à ce poisson nous abordons le règne animal, je vous fais part d’une préoccupation. Cela fait des années que, sur une des deux fenêtres de ma cuisine, je donne à manger aux moineaux. J’adore leurs pépiements, leur insolence, leur indépendance. Il arrive que deux pigeons viennent s’imposer parmi eux, les faisant fuir. Je n’aime pas les pigeons, que je trouve lourdingues et crasseux. Comme leur cohabitation ou non cohabitation ne me regarde pas, je les laisse régler cela entre eux. Mon problème est le suivant : je me demande si les moineaux ne sont pas, eux-aussi, soumis à une mesure de confinement, puisque ça fait deux jours que le riz bio, dont ils sont friands d’habitude, est toujours dans la jardinière sur le bord de la fenêtre. Mystère, mystère… Je change de sujet.

Vous êtes nombreuses et nombreux à avoir demandé qui était l’homme-canon. Il s’appelait Jean-Baptiste Vuillod. Né en 1850 à Lons-le-Saunier, mort en 1917, à Tananarive.

Engagé volontaire en 1870, il participe à la charge de Reichshoffen, où il est blessé par un éclat d’obus. En 1881, à la suite d’un pari, il se produit pendant deux mois aux Folies Bergère sous le nom de scène d’Achille « l’homme-canon », étonnant les spectateurs en arrêtant un boulet de canon avec une planchette qu’il tient dans ses mains. Il prend ensuite la direction d’une imprimerie et d’un journal, L’Écho de la Montagne, s’engage en politique et est élu maire de Saint-Claude (1892-1893 et 1897-1906). Auteur de La Nouvelle-Calédonie et ses produits en 1890 à l’issue d’une mission qu’il a effectuée dans l’archipel pour le compte du sous-secrétariat des Colonies, Vuillod est pressenti pour devenir administrateur du Sénégal en novembre 1892. Sa nomination est cependant annulée au dernier moment en raison des persiflages sur son passé d’« homme-canon ». Député du Jura de 1893 à 1897, inscrit au groupe de la Gauche démocratique, il est élu sénateur en 1897. Tout au long de sa carrière politique, Vuillod accordera beaucoup d’intérêt aux questions coloniales.

Voilà, chères amies et chers amis, qui était l’homme-canon. Il se dit qu’il était un membre de la branche paternelle de ma famille, enracinée dans le Jura.

La prochaine fois, je vous parlerai d’ailleurs de mon grand-père, tailleur de diamants.

JOUR 17 – ANOUK

Aujourd’hui, je voudrais vous parler de mon mot préféré de la langue italienne : magari. Magari est un mot qui a plusieurs significations, un peu comme wesh, mais personnellement je préfère nettement magari à wesh, (même si wesh est un mot très futé et très rigolo) et vous allez comprendre pourquoi (au-delà sans doute du « conflit » générationnel).

Magari – comme wesh – change de signification en fonction de son contexte grammatical (euh pour le coup je ne suis pas tout à fait sûre que wesh change de signification en fonction du contexte grammatical, mais bon, nous étudierons wesh un autre jour) mais aussi en fonction du contexte plus général, du contexte dans lequel il est prononcé, souvent sous la forme d’une exclamation, plus ou moins virulente.

Vous aimeriez que je vous le traduise ? Magari ! (si c’est moi qui réponds à ma propre question, alors dans ce cas il peut signifier : ça va venir, ou bien on verra, si vous êtes sage. Si c’est vous qui répondez, alors cela signifie : Bin oui ! T’attends quoi ! ou : On aimerait bien, en effet ! Tu penses ! Tu m’étonnes ! Carrément ! Pour vous en donner une (ou plutôt plusieurs) traductions, commençons donc par faire appel au dictionnaire. Dans mon exil confiné, j’ai dû partir sans mon Garzanti, mais nous trouvons toutefois quelques ressources en ligne. Dans son très joli roman appelé justement Magari, Éric Valmir cite en exergue le célèbre dictionnaire franco-italien de Raoul Boch qui en propose plusieurs définitions : si seulement ; j’aimerais bien ; qu’il plaise à Dieu ; quand bien même ; ça ne viendra pas mais attendons quand même ; sans doute ; probablement ; peut-être pas… 

Le Larousse Italien Français disponible sur Internet nous propose lui aussi plusieurs traductions : Si seulement ; et comment ! pourquoi pas ; peut-être ; éventuellement. Tentons de l’appliquer à notre situation actuelle pour vous en donner quelques exemples :

Tu aimerais que le confinement se termine ? Magari ! (et comment)

Je pense que le confinement va durer. Magari (peut-être)

Le confinement ne finira jamais… Magari (on verra bien)

Je voudrais que le confinement dure toujours (dans le cas d’un jeune couple confiné, par exemple, alors que leurs parents s’opposent à leur union et qu’ils vont être séparés quand tout sera terminé). Magari ! (si seulement !)

Si on profitait de ce confinement pour se remettre au piano ? Magari ! (Chiche, pourquoi pas ?)

Je crois que le confinement va bientôt se terminer et que tout ira bien. Magari (S’il plait à Dieu ou : oui oui, c’est ça, cause toujours).

Éric Valmir, je le cite encore, dit que magari est un état d’âme, qui se décline à l’infini. Que c’est un sentiment d’incertitude, de désirs, de rêves cachés, mais qui peut aussi porter en lui la négation et la résignation. Magari est tout cela à la fois : désir et résignation, impatience et acceptation, défi et enthousiasme… le mot le plus zen de la langue italienne en somme, puisqu’il exprime en trois syllabes toute la palette de sentiments dont nous disposons pour accepter sans nous soumettre, pour courber l’échine sans nous rompre, pour pleurer et craindre tout en gardant confiance. Magari est vraiment le mot dont nous avons besoin en ce moment.

Quand nous sortirons de là, j’irai me le faire tatouer sur l’avant-bras, comme d’autres écrivent sur leur peau le nom de Dieu. Oui, j’irai faire ça.

Magari.

JOUR 17 - NINA

Le bac va surement être en contrôle continu. Mon problème ? J'ai pas envoyé de devoir. Oups. C'est l'heure de s'y mettre. Comme d'habitude, je fais les choses au dernier moment. Du coup aujourd'hui, j'ai fait un devoir de maths et la moitié d'un devoir de SES et au moment d'envoyer le devoir de maths: (roulement de tambours) le site du Cned bug, évidemment. Entre le Corona virus, moi qui fais tout au dernier moment, et le site du Cned qui ne veut pas coopérer, ça va être complique de l'avoir, ce bac. Enfin… Concon m'a dit de ne pas paniquer et de préparer le plus de devoirs possible jusqu’à ce que le site re fonctionne, donc c'est ce que je vais faire! Il est super, ce Concon.

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