« Le passe sanitaire est intenable d’un point de vue épidémiologique et médical »

Etre favorable à la vaccination mais pas à son obligation, défendre la levée des brevets, critiquer le passe sanitaire et les suspensions affligeant les non vaccinés : tel est le complexe exercice que tente de résoudre la gauche radicale. Militant bisontin du mouvement Ensemble, composante de La France insoumise, Gabriel Viennet, ancien médecin hospitalier, déplore le « sectarisme » de la gauche classique et regrette l'absence de « défense syndicale nationale » des soignants suspendus.

La critique de la stratégie sanitaire du gouvernement n’est pas l’apanage de l’extrême-droite qui bénéficie de complaisants relais médiatiques, voire politiques quand il s’agit d’amalgamer toutes les positions divergentes. C’est ce qu'explique Gabriel Viennet, ancien médecin hospitalier à Besançon, militant d’Ensemble, un mouvement auquel adhèrent par exemple les députées LFI Clémentine Autain et Caroline Fiat.

Il participe ainsi au groupe interne de médecins et de chercheurs qu’Ensemble a constitué pour le suivi et l’information sur le Covid : « nous avons sur notre site sept notes pour répondre à la situation sanitaire et politique ». Une position quasi inaudible médiatiquement, regrette-t-il en soulignant que « même quand Mélenchon a évoqué les 32 heures, et le respect des barrières sanitaires, personne n’a repris. Pourtant, Il a une audience significative auprès des journalistes ». Gabriel Viennet déplore sur ce point « le sectarisme et le délabrement de la gauche PC-EELV-PS : ils font tout pour ne pas l’entendre, ne veulent pas engager de discussions politiques sur le sujet. Au niveau syndical, c’est pire, à part Solidaires qui s’est prononcé contre les menaces de suspension. Il n’y a pas de mise en œuvre correcte d’une défense nationale syndicale. » Cette analyse relative au syndicalisme rejoint celle d’Olivier Soulier... 

« On n’a pas besoin de QR code, ni de vaccination obligatoire qui est une tradition française »

Favorable à la vaccination qu’il estime « efficace », Gabriel Viennet défend la levée des brevets « car pour enrayer la pandémie il faut que tous les pays aient accès aux vaccins ». Il est aussi très critique de la stratégie retenue par le pouvoir : « le passe sanitaire est intenable d’un point de vue épidémiologique et médical. On n’a pas besoin de QR code, ni de vaccination obligatoire qui est une tradition française. Un simple carnet de vaccination est un outil très efficace. Le passe sanitaire a été inventé car les conseils de Macron ont une vision moderniste du contrôle des populations. On s’achemine vers un modèle social comme le crédit social chinois. Les militants le perçoivent, les organisations aussi, mais ça débouche sur une forme d’impuissance. »

En fait, comme nombre de militants de gauche et de syndicalistes, ceux d’Ensemble sont plus que réservés vis à vis des motivations de certains manifestants contre le passe sanitaire. Gabriel Viennet témoigne avoir été « agressé verbalement dans une manif anti passe sanitaire en raison de [sa] pancarte oui à la vaccination, non au passe sanitaire par des gens d’extrême droite ». Il est de ceux qui refusent de défiler au côté « des antisémites et des fêlés ». Il est loin de partager les orientations du fondateur de RéinfoCovid, le Dr Fouché dont il critique la proximité avec Pierre Rabhi et son mouvement des Colibris, qui défende des positions très conservatrices sur le plan moral. « Mais ça ne veut pas dire que tout le monde est comme ça à RéinfoCovid », nuance le Dr Viennet.

« Des militants vaccinés et non vaccinés ne peuvent pas se réunir au café ou dans une salle municipale ! »

Reste que la gauche semble ne pas avoir d’angle d’attaque, notamment sur le plan social, coincée qu'elle est entre l'approbation vaccinale, des positions divergentes sur l'obligation, des critiques à géométrie variable du passe sanitaire.

« J’entends Barbara Steiger qui, dans Un tract, explique que les néolibéraux se saisissent de toutes les situations de crise pour aller plus loin , c’est la théorie du choc, mais ce point de vue n’agrège pas les positions critiques... », note Gabriel Viennet en poursuivant : « La gauche est pitoyable, les organisations syndicales en hibernation. L’état pitoyable de la mobilisation sociale a un effet négatif sur la réflexion et les capacités de mobilisation. On voit même des militants vaccinés et non vaccinés ne pouvant pas se réunir au café ou dans une salle municipale ! La rigidité du pouvoir et sa fermeté amènent les militants à ne plus fonctionner. »

Question : Les effets secondaires d’un médicament ou d’un vaccin sont-ils globalement sous déclarés à l’ANSM comme le disent RéinfoCovid ou Libération ?

« En chimiothérapie, il y a 90 % d’effets secondaires gênants mais pas gravissimes : les complications mortelles sont minimes... A l’hôpital, tout événement indésirable est signalé, on est très près des 100 %... Je ne sais pas en libéral, mais ce sont des médecins de ville qui ont signalé de très nombreux cas d’effets indésirables du Lévotirox... »

Les vitamines D et C, le zinc auraient un effet préventif sur le covid...

« Mon médecin m’a dit que la plupart des personnes âgées ont des carences en vitamine D, ce qui favorise la déminéralisation osseuse... Et on synthétise moins la vitamine D en hiver... »

Est-ce une bonne idée de ne pas vacciner si on est immunisé ?

« Je suis d’accord avec le Dr Soulier pour qui la médecine ne consiste pas seulement à traiter une maladie quand elle survient, et qu’elle doit être dans l’anticipation. Quand on est homéopathe, acupuncteur ou phytothérapeute, on a une vision holistique de la santé des patients, une vision plus globale, familiale, sociale... Mais on sait aussi que les lymphocytes qui circulent dans le sang établissent des contacts dans le cerveau, et quand il y a fatigue ou stress, cela peut avoir un retentissement négatif ou positif sur la santé. Cela est établi, mais l’examen médical empêche que chaque médecin ait cette vision là de la santé du patient... Et on peut avoir un trouble immunitaire du fait du génome... Même une vie très saine n’empêche pas d’être malade. Ce qu’on sait, c’est que le vaccin diminue des vaccinés et des protégés d’avoir une forme grave de Covid. Un agent pathogène virulent n’agit pas en une minute, mais en quelques heures, voire quelques jours : des gens meurent de méningites fulgurantes en 48 heures car leur organisme n’a pas identifié une bactérie alors même qu’ils ne sont pas immunodéprimés... »

Certains déplorent l’absence de débat scientifique public...

« Il n’y a pas d’initiative dans les milieux scientifiques et médicaux. Il y a des règles : si on ne les accepte pas, on est hors du champ scientifique... »

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