Toufik de Planoise à nouveau au tribunal

Notre correspondant local était cité à comparaître devant le tribunal de police de Besançon le 15 septembre pour « participation à une manifestation interdite » le 30 juillet 2019 alors qu'il la couvrait. L'audience a été reportée au 13 octobre.

Le 30 juillet 2019 était une journée nationale de rassemblements après que le corps de Steve Maia Caniço eut été retrouvé dans l'estuaire de la Loire. L'affaire de ce jeune homme tombé nuitamment à l'eau après une charge de police contre les auditeurs d'un concert lors de la fête de la musique à Nantes, avait provoqué une grande émotion cet été 2019 dans tout le pays. Parmi les dizaines d'initiatives mémorielles ou protestataires, un rassemblement s'était tenu à Besançon devant le commissariat de police de la Gare d'Eau, en présence d'une cinquantaine de personnes venues dire leur colère et leur tristesse, allumer des bougies et observer une minute de silence.

Toufik de Planoise couvrit l'événement pour Factuel et rédigea donc un compte-rendu rappelant le contexte global des rapports conflictuels entre police et manifestants. L'article évoquait d'emblée l'interdiction par arrêté préfectoral dont avait fait l'objet le rassemblement bisontin. Il renvoyait à un lien permettant d'accéder à cet arrêté et précisait que l'interdiction avait été notifiée par un fonctionnaire aux manifestants.

Bref, Toufik de Planoise a fait du journalisme. Aussi, quand quelques semaines plus tard il a reçu une contravention de 135 euros pour « participation à une manifestation interdite sur la voie publique », nous sommes tombés de l'armoire. Car notre correspondant ne participait pas à la manifestation, mais la couvrait. C'est bien davantage qu'une nuance. Cela l'a conduit, avec notre accord, à contester, dans les formes légales, le bienfondé de cette contravention. Il avait également contesté une autre contravention, dressée le 13 juillet précédent par les gendarmes alors qu'il couvrait un rassemblement de gilets jaunes à Marchaux. Mais à l'inverse de cette dernière qui n'a pas donné lieu à citation de Toufik devant le tribunal tandis que des manifestants l'ont été en août dernier, le ministère public (le parquet) persiste à vouloir lui infliger une amende pour sa présence au rassemblement pour Steve Maia Caniço.

Pour Factuel, il va de soi qu'en toute indépendance du pouvoir politique, la justice ne peut pas confondre un manifestant et un journaliste, fut-il correspondant local de presse, et doit appliquer le droit en prononçant une relaxe. Il en va du respect d'une liberté constitutionnelle fondamentale, « pierre angulaire de la démocratie » pour reprendre une jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme : la liberté de la presse. Celle-ci consiste notamment, et en l'espèce, à couvrir des manifestations interdites. Le jour où la presse n'aurait plus le droit de le faire, c'en serait fini de cette liberté et du droit de savoir des citoyens, et nous serions dans un autre régime.

  

 

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