Thiéfaine, l’énergie du verbe

« Marylin met son treillis d'Antigone... On n'en finit jamais d'écrire la même chanson, de rejouer Guignol... » Cette chanson, aux infinies variations, à la poésie science-fictionnesque, n'en finit pas d'envoûter les amoureux de la torsion du verbe.

Une scénographie au néon bleu émerge du noir qui succède au groupe Oslo, première partie aux belles mélodies rock. Puis l'insistante introduction d'Annihilation met les 4.000 fans en transe immédiate. HFT embouche un harmonica entre deux couplets. « Marylin met son treillis d'Antigone... On n'en finit jamais d'écrire la même chanson, de rejouer Guignol... »
Cette chanson, aux infinies variations, à la poésie science-fictionnesque, n'en finit pas d'envoûter les amoureux de la torsion du verbe. Ceux à qui parlent des questions comme « qui donc pourra faire taire les grondements de bête, les hurlements furieux de la nuit dans nos têtes ? ». Ceux qui s'amusent de finesses telles que « vous est un autre je et j'aime jouer mélo ».
Mais l'animal est un homme qui dit simplement, après le prologue, « bonsoir, merci d'être venus, merci de votre fidélité ». Comme on accueille un ami, un voisin, avant d'enchaîner sur la séduction romanesque et désespéré de Lorelei Sébasto Cha dont la foule reprend le refrain. « Séduire pour mieux détruire », chante-t-il plus loin.
Il est rock, chante Soleil, tombe la veste, balance les souvenirs d'enfance d'Infinitives voix. Il blague sans rire. « J'ai mis 200 chansons sur la table, enlevé alcool, drogue, sexe, Dieu, la mort... J'avais un super-concert, super-clean... de douze minutes. Alors j'ai fait comme d'habitude. » Ovation. « La folie m'a toujours sauvé et m'a empêché d'être fou... » La preuve par la fièvre qui lui fait écrire dans une chambre de la Bouloie, vers 69-70, « le fou a chanté 17 fois... et sa tête tombe de son socle de rêve... ». Micropolis chavire.
Longtemps après « l'algèbre des mélancolies », les « siècles d'insomnie », un univers scénique bilalien (Enki, la BD) s'installe pour Aligator 427. « Vivre est un calembour, la mort est un état permanent. » Une telle critique existentielle est forcément politique, sociale, totale.
Du grand art, maîtrisé, comme les nouveautés. Les intermèdes de son fils Lucas, accompagnant à la « gratte » « Mathématiques souterraines », de Jean-Marc Poignot, chantant une chanson pêchue, sont des présents, comme on apporte une bouteille aux vieux potes. Au dessert, l'inusable Fille du coupeur de joint fait lever la salle entière. D'enthousiasme et d'énergie. Comme toute bonne littérature...


 

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