« On emprunte la forêt de nos petits-enfants »

Gilbert Magnin vous guide dans la forêt de Chaux, la deuxième plus grande forêt domaniale de France, comme à la découverte du trésor. Le trésor se trouve entre vallée du Doubs et vallée de la Loue, de part et d'autre des routes forestières qui quadrillent son étendue, autour des sept colonnes de pierre qui permettent de se repérer aux carrefours, le long des ruisseaux qui y ont leur source et leur point de confluence. Une charte Natura 2000 spécifique au massif sera signée lundi entre l'ONF et le Grand Dole.

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Gilbert Magnin vous guide dans la forêt de Chaux comme à la découverte du trésor. Le trésor, c'est tous les 20.000 hectares de la deuxième plus grande forêt domaniale de France. Le trésor se trouve entre vallée du Doubs et vallée de la Loue, de part et d'autre des routes forestières qui quadrillent son étendue, autour des sept colonnes de pierre qui permettent de se repérer aux carrefours, le long des ruisseaux forestiers qui y ont leur source et leur point de confluence. 

L'ONF, qui gére la forêt domaniale, signera lundi 15 février avec la Communauté d'agglomération du grand Dole la Charte Natura 2000 « Forêt de Chaux » (engagements volontaires par types de milieux naturels, forestiers, agricoles du Creux à Pépé, des rivières, étangs et mares et de portée générale sur tout l'écosystème du site). Elle s'y est engagée l'année dernière pour l'ensemble de ses parcelles de production. Gestionnaires forestiers et services de l'Etat ont élaboré la charte ensemble « pour coller précisément à la réalité du terrain ». Propriétaires et gestionnaires de parcelles appartenant au site Natura 2000 peuvent y adhérer. La commune de Fraisans l'a fait en 2010.  

Retraité de l'Office National des Forêts, il est resté un forestier qui partage sa passion après avoir travaillé en équipe, collaboré avec des universitaires (phytosociologie), dialogué avec écologistes et chasseurs et assumé seul sa responsabilité de « gardien du trésor » dans la zone qui lui revenait. 

Industries et salines ont menacé la forêt au XIXème siècle 

Il explique : « La forêt de Chaux est unique en ce sens qu'elle n'est pas restée domaniale (propriété de l'Etat) mais que des surfaces ont été distribuées aux communes, aux 32 villages autour. » Il y a également quelques parcelles privées. La forêt est longue de 28 kilomètres et large de 15. « C'est aussi cette étendue du massif qui l'a préservée des abus. Avant l'installation des salines, un cinquième de la forêt avait été saccagé, aux endroits les plus accessibles, comme entre les villages d'Etrepigney et de Chissey où six mille arpents (trois mille hectares) avaient été déboisés. Les salines, qui ont fonctionné de 1774 à 1840 avec le bois, ont tapé fort. Il fallait sortir en moyenne tous les ans 60.000 stères pour chauffer les habitants et de 140 à 150.000 pour les industries, salines, verrerie à la Vieille Loye, poterie à Etrepigney, fours et forges. Si on prend 300 ou 400 stères à l'hectare, déjà une bonne densité, ces besoins pour l'industrie à la mesure de l'étendue de la forêt de Chaux la compromettaient à ce rythme à l'échéance de vingt-trente ans. C'est le régime forestier des Eaux et forêts de Colbert sous Louis XIV qui a instauré une gestion et une préservation sous la forme d'abord d'un service financier. Les forestiers étaient des percepteurs. Des révoltes comme celle des Demoiselles ont contesté ce nouvel ordre. Puis à la Révolution, les contraintes ont encore été rejetées. Sous l'Empire, une nouvelle régulation se met en place. Mais de tous temps, la forêt a été l'objet d'un bornage en même temps qu'elle apportait des ressources, nourriture, chauffage, habitat, indispensables aux plus pauvres. » 

Un biotope et aussi un milieu humain

Faune et flore y sont toujours variées : aigles bottés, busards, pics, chats forestiers, blaireaux, cerfs, insectes, champignons, fougères, hêtraies et chênaies notamment.  
« Ecologie et économie ont été opposées, mais l'une ne peut aller sans l'autre. Bien sûr, les visions citadines et rurales ont toujours été différentes sur la forêt. Il y a longtemps, c'était pour les uns un milieu inquiétant avec bêtes féroces et sorciers, pour les autres un refuge et une ressource, « mère nourricière » pour hommes et animaux. Maintenant encore, ce regard est différent, même s'il peut s'être inversé. Pour les agriculteurs par exemple, la forêt peut être vue comme une gêne pour la culture, pour les citadins écologistes il ne faudrait pas y toucher. En fait, de tous temps, la forêt a été un milieu humain, la forêt de Chaux tout particulièrement. Elle est maintenant ouverte aux loisirs et il faut concilier cette fonction avec la nécessité de préserver un équilibre. »

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