Néolait renonce au soja transgénique

Livrer 600 kg d'un complément alimentaire contenant 25% de soja transgénique à un éleveur produisant du lait à comté était « une erreur commerciale ». C'est ce que nous a indiqué hier, par téléphone, Bernard Humbert, directeur commercial de Néolait, l'entreprise d'Yffiniac (Côtes-d'Armor) qui a fourni la semaine dernière un sac de Néovo Masch C50 à Jean-Paul Henry, paysan anti OGM à Grand-Combe-des- Bois, qui voulait un produit facilitant la digestion des veaux sevrés.

Livrer 600 kg d'un complément alimentaire contenant 25% de soja transgénique à un éleveur produisant du lait à comté était « une erreur commerciale ». C'est ce que nous a indiqué hier, par téléphone, Bernard Humbert, directeur commercial de Néolait, l'entreprise d'Yffiniac (Côtes-d'Armor) qui a fourni la semaine dernière un sac de Néovo Masch C50 à Jean-Paul Henry, paysan anti OGM à Grand-Combe-des- Bois, qui voulait un produit facilitant la digestion des veaux sevrés. 
L'information a immédiatement provoqué une réunion de crise au plus haut niveau de la société. « Décision a été prise d'arrêter la commercialisation de ce produit qu'on ne fabrique pas, et de passer en filière non OGM », assure M. Humbert. « Nous avons aussi envoyé un message à nos 200 représentants sur le territoire, dont 6 sur la zone comté avec chacun 200 clients, pour leur demander d'être plus précautionneux dans les zones AOC ».
Le cahier des charges du comté interdit les OGM. Tous les animaux d'une même ferme sont concernés, les vaches laitières comme les veaux, possibles futurs taureaux reproducteurs, ou les génisses, futures laitières. Il s'agit de « respecter les coutumes locales, loyales et constantes » et d'encourager le « lien au terroir par davantage d'autonomie protéique des exploitations », dit Claude Vermot-Desroches, président du comité interprofessionnel du comté (CIGC). « Les filières non OGM se raréfient. On doit pouvoir répondre si un jour on doit se passer du soja américain ». Le CIGC délivre ainsi des agréments aux fabricants d'aliments. La démarche, facultative, est suivie par «  90% des éleveurs à comté ». Quant aux autres, certains passent des commandes, pas toujours fiables, via l'internet ou auprès de commerciaux faisant des coups ponctuels : « On est de plus en plus cerné par les OGM », constate Claude Vermot-Desroches. 
Pierre Dornier, fabricant à Bians-les-Usiers et à Bannans (filière bio), a choisi de les refuser : « Même si je fais de l'aliment pour porcs, une contamination est possible. L'agriculteur est responsable, mais le marchand aussi ». Vendu aujourd'hui 350 euros la tonne, le soja non OGM est plus cher de 50 euros que le soja transgénique. Sur un produit tel que le Néovo Masch C 50, la différence de prix serait de l'ordre de 8%.
D'autres agriculteurs de la zone comté ont-ils acheté du Néovo ? « Un autre éleveur allait être livré, on ne l'a pas fait. Sur les deux dernières années, on n'a pas eu de client en AOC », dit Bernard Humbert. Que fera-t-on du Néovo résiduel ? « On pourrait le vendre dans les zones laitières normales, on en écoulait depuis 5 ans, à raison de 130 tonnes par an, c'est peu par rapport aux 45.000 tonnes de nos compléments minéraux ». 
Si Néolait voulait se faire un bon coup de pub, elle irait au bout de sa démarche et détruirait ce qui lui reste d'OGM. Reste que, malgré l'interdiction des cultures transgéniques en France, leur commercialisation est autorisée. Cette ambiguïté est difficile à tenir.  « Pourquoi l'IGP saucisse de Morteau tolère-t-elle les OGM ? », s'interroge Jean-Paul Henry qui trouve « formidable » le renoncement de Néolait.

 
 

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