Les Sandales changent de mains

Quand, en novembre dernier, Élisabeth Cerutti a annoncé aux libraires des Sandales d'Empédocles qu'elle arrêtait, les regards se sont tournés vers Catherine Alliot. « J'avais envie que ça continue, je me suis jetée à l'eau parce les autres me suivaient », dit-elle.

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Quand, en novembre dernier, Élisabeth Cerutti a annoncé aux libraires des Sandales d'Empédocles qu'elle arrêtait, les regards se sont tournés vers Catherine Alliot. « J'avais envie que ça continue, je me suis jetée à l'eau parce les autres me suivaient », dit Catherine.

Hélène des Ligneris : « les librairies sont des lieux de résistance »

 

Vous êtes désormais actionnaire majoritaire avec 180 parts sur 515. Pourquoi reprendre une librairie bisontine, vous une Bordelaise?

Parce que mon compagnon, Christian Jacquot, est bisontin ! Quand il y a eu des difficultés financières, il y a un an et demi, j'ai racheté quelques parts et amené du capital. C'est un engagement personnel pour protéger et défendre la librairie générale indépendante. C'est indispensable qu'existent des lieux comme ça.

Qu'apportent-ils ?

J'avais déjà racheté la Machine à lire, à Bordeaux, une petite soeur des Sandales, pour ne pas qu'elle meure. Je suis fille de viticulteur et pour des raisons familiales, j'ai subi une séparation de propriété. Cela m'a donné un petit revenu dont j'ai voulu faire quelque chose qui ait du sens.

Vous connaissez bien les Sandales...?

Avant que Christian vienne à Bordeaux, je venais souvent à Besançon. Là, il vient à Besançon une semaine par mois, je l'ai délégué pour qu'il s'en occupe. On est là pour défendre l'équipe dirigée par Catherine, porter avec elle le projet. Mais il n'y a pas besoin de notre présence quotidienne.

C'est quoi une librairie pour vous ?

Je suis une amoureuse des livres. Les librairies sont indispensables à la culture. Ce sont des lieux de résistance. Quand on sort une loi sur les Tziganes, on fait une vitrine sur les Tziganes. Ce sont des lieux d'information et de partage.

Ancienne étudiante en histoire de l'art et archéologie rue Mégevand, elle était partie une dizaine d'années à Lyon. Elle y a travaillé dans un parc animalier, s'est occupée de rapaces, s'est retrouvée chez Flammarion, une grande librairie de la place Bellecour. C'est là qu'en 1995 Élisabeth Cerutti l'a appelée, conseillée par un représentant d'éditeur. Deux ans plus tard, la librairie fondée en 1973 par Claire Grimal place Victor-Hugo, emménageait 95, Grande rue.
Il y a six ans, les Sandales ouvraient une boutique « jeunesse » au 97. Elle est aujourd'hui fermée pour amoindrir les coûts et les ouvrages rapatriés au 95, dans la pièce du fond qu'ils occupaient avant : « C'est plus cohérent », dit Christian Jacquot, ex-directeur de Gare-BTT à qui Hélène des Ligneris a délégué ses pouvoirs. « Une librairie, c'est comme une entreprise d'insertion. Il lui faut une identité forte, et faire des affaires pour défendre la création littéraire et le débat d'idées. »
Après quelques mois difficiles, les six libraires ont réorganisé les rayons. Les sciences humaines, la BD et les guides redescendent au sous-sol. Les littératures restent dans l'espace principal. « Le magasin est plus dense », dit Catherine Alliot. La responsable jeunesse, Claire Bretin est partie travailler à Limoges, remplacée par Jérémy Brun.
Face au numérique, les Sandales entendent jouer leur rôle de conseil : « Un libraire lit trois à quatre livres par semaine, c'est un animal curieux qui lit la presse, écoute la radio, est à l'affût de ce qui se passe », dit Catherine qui ne craint pas la FNAC : « Plus une ville a d'endroits où les gens lisent, plus on y lit ». Elle met l'accent sur les animations, la présence dans les colloques, les partenariats avec les théâtres ou les musées.

 

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