Les Center-parcs disparaissent du schéma régional du tourisme

C'est un premier pas vers l'abandon des projets de Poligny et du Rousset, mais ceux-ci demeurent compatibles avec le document qui doit être soumis au vote des conseillers régionaux le 13 octobre. Deux associations appellent d'ailleurs à un rassemblement ce jour-là à Dijon pour demander l'annulation, dans le budget 2018, des 16 millions provisionnés depuis plusieurs années pour participer au montage financier.

foret

Le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté est-il en train d'abandonner son soutien aux projets de center-parcs de Poligny et du Rousset ? On en aura le cœur net lors du débat d'orientation budgétaire, en début d'année. Mais force est de constater que la mention « center-parcs » a disparu du Schéma régional de développement du tourisme et des loisirs 2017/2022 (SRDTL), un document de 145 pages qui devrait être adopté lors de la session du 13 octobre prochain.

La mention figurait pourtant dans le plan de mandat diffusé l'an dernier, et dans une version provisoire du SRDTL en juin dernier. Son objectif stratégique n°2 consistait ainsi à « soutenir, par une politique d’investissement ciblée, la création ou la modernisation des équipements » qui prévoyait notamment de développer le « tourisme à visée familiale ». Au soutien aux «  équipements d’accueil et de promotion structurants comme la Cité de la gastronomie à Dijon et les Cités des vins de Beaune, Mâcon et Chablis », s'ajoutait celui à « d’autres opérations venant compléter l’offre de tourisme familial et tous publics, s’ils sont confirmés par les porteurs de projet privés tels que les Center Parcs du Rousset (71) et de Poligny (39). » C'est cette dernière partie de phrase qui a été supprimée.

« L’inadéquation de ce projet avec notre époque »

Les opposants peuvent-ils pour autant se réjouir comme le fait FNE-BFC en invoquant le « fruit de [notre] travail assidu pour convaincre de l’inadéquation de ce projet avec notre époque et les orientations du tourisme rural souhaitable en Bourgogne Franche-Comté » ? Rien n'est moins sûr tant plusieurs objectifs revendiqués restent tout à fait compatibles avec ces projets. Le chantier n°4 stipule explicitement « soutenir les grands projets d'équipement touristique », après que Marie-Guite Dufay a mentionné dans son introduction au SRDTL : « la croissance mondiale du tourisme est tirée par l'Asie, récoltons les fruits de cette tendance sans précédent ». Or, Pierre&Vacances est engagé dans un partenariat très étroit avec HNA, compagnie aérienne chinoise très présente dans l'hébergement touristique international, qui est récemment entrée dans son capital.

La Chine est citée à plusieurs reprises dans le rapport. Pierre&Vacances a d'ailleurs en projet la construction de quatre villages de vacances (resorts en anglais) en Chine en partenariat avec HNA pour deux d'entre eux et avec le promotteur immobilier Riverside pour les deux autres. Leur ouverture est annoncée pour 2020.

On sait depuis le rapport Latourenie-Wolfrom que les engagements passés entre la région et l'industriel sont désormais caducs. La contestation en justice du PLU de Poligny a, en outre, gelé les velléités des protagonistes. Ce qui leur faire dire que rien n'est abandonné, seulement repoussé. « Notre position n'a pas changé depuis septembre 2016 », explique aujourd'hui le groupe qui expliquait il y a un an dans un communiqué « confirmer sa volonté de construire et gérer » les deux projets de Poligny et du Rousset, précisant qu'il poursuivrait ses études dès que les PLUplan local d'urbanisme seraient « définitivement validés ».

« Pas la peine de faire de la provocation »

Quant au vice-président au tourisme du conseil régional, Patrick Ayache, il assure que les projets de Center parcs n'ont « pas disparu » du Schéma régional de développement du tourisme et des loisirs et figurent dans un « chapitre sur les grands équipements ». Pourquoi alors ne sont-ils pas nommés explicitement ? « Ça ne change rien. Ce n'est pas la peine de faire de la provocation... Il n'est pas sûr qu'on les verra sortir de terre avant 7 ou 8 ans, le PLU de Poligny étant attaqué... »

Une autre bonne raison d'éviter de se réjouir trop vite d'un éventuel abandon des center parcs, c'est le fait que le schéma n'est pas prescriptif. Autrement dit, on peut tout à fait passer outre ses orientations. D'ailleurs, celles ci sont multiples, ce qui paraît de bon sens avec trois massifs montagneux, des cours d'eau à foison, un patrimoine riche et varié (vins, architecture...), des hébergements collectifs, des campings (des spécialités jurassiennes) et de nombreux gites et chambres d'hôtes... A tel point que le schéma établit presque un inventaire à la Prévert. On y décèle aussi quelques contradictions comme le fait de vouloir à la fois attirer des clientèles internationales et de demander au tourisme d'être « durable », c'est à dire de contribuer aux enjeux de la COP 21.

L'hébergement diffus négligé ?

Et si les intentions qu'il fallait relever étaient ailleurs ? Par exemple dans la perspective de voir la région ne plus aider l'offre diffuse représentée par les meublés et chambres d'hôte, ce qui est contenu dans l'interrogation : « le conseil régional est-il le bon niveau pour accompagner ces hébergements ? » Ou encore dans les critères d'éligibilité des aides aux « équipements touristiques structurants d’envergure régionale, nationale ou internationale (voir encadré ci-contre) ?

C'est sans doute pour ça que deux associations d'opposants, le Pic noir et EcoLogicAction71 appellent à un rassemblement à Dijon devant le siège de la région, le jour de la session. Ils écrivent notamment qu'elle « dispose aujourd’hui d’informations suffisantes pour prendre la décision qui s’impose : le retrait définitif de tout soutien financier aux projets Center Parcs du Rousset et de Poligny. »

S'appuyant sur « plusieurs enquêtes et rapports dont ceux de UFC-Que choisir, de la DGCCRF et de l’émission de FR2 Complément d’enquête [qui] ont récemment souligné les pratiques malhonnêtes de P&V » ainsi que sur « la Chambre régionale des comptes [qui] mettait en doute les retombées économiques estimées par P&V », les deux associations demandent par conséquent « l’abandon du projet de financement public des Center Parcs et l’annulation, dans le budget 2018, des 16 millions d’euros provisionnés régulièrement pour ces projets depuis 2015. » (le communiqué complet est ici).

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !