La fin de vie en questions…

Invitée par l’Association JALMALV (Jusqu’A La Mort Accompagner La Vie), Anne Kunvari cinéaste sera à Besançon le 28 janvier : elle présentera « Le moment et la manière », un film sur la fin de vie. Chaque projection sera suivie d’un débat.

momentmaniere

Depuis 14 ans, Anne Matalon se bat contre un cancer. Malgré les traitements lourds et la chronicité de sa maladie elle garde le moral, s’investit dans la vie ; en 2005, elle créé L’Embellie, une boutique offrant ses services aux femmes atteintes du cancer. Par la suite, avec plusieurs artistes, elle crée le Collectif Créatif des Corps Divergents dans le but de réinventer béquilles, cannes attelles en y mettant de la fantaisie, de l’humour et de l’élégance afin que ces prolongements du corps ne soient plus stigmatisants.

Anne Kunvari est cinéaste, Anne Matalon écrivaine. Elles sont amies depuis vingt ans. Après avoir réalisé un film sur la relation médecin/malade, la réalisatrice demande à son amie si elle peut la filmer. La jeune femme accepte.

Au cinéma Victor-Hugo, rue Gambetta à Besançon, mercredi 28 janvier à 15h, 17h30 et 20h.
Le site du film ici.
Le site de Jalmalv-Besançon .

Au départ, les deux femmes voulaient faire un film sur la chronicité du cancer : comment ne pas douter du sens de la vie quand chaque instant n’est plus que douleur ? « Les médecins disent que vivre depuis 14 ans avec un cancer, c’est formidable. Mais non, ce n’est pas formidable, je ne suis pas contente », dit Anne Matalon au début du film.

Filmer la maladie

Alors comment filmer l’intimité du cancer ? Pour la réalisatrice il s’agit d’impliquer la caméra et d’en faire une complice entre les deux amies, un lien entre la malade et le milieu médical, de regarder le quotidien de la maladie et surtout de chercher et de trouver la bonne distance. Pour Anne Kunvari, filmer quelqu’un de malade, c’est filmer avec la malade, c’est mettre la caméra à la hauteur des sentiments, des doutes, des rires dans un permanent souci d’équité. C’est dans cet entre-deux que le spectateur peut ensuite se forger ensuite sa propre réflexion et se confronter à ses propres questions existentielles et éthiques.

Et quand la maladie semble gagner la partie, Anne, qui refuse de mourir dans la souffrance, explique calmement devant la caméra : « ce qui me rassure, c’est de pouvoir décider de comment je vais arrêter de vivre. Choisir le moment et la manière. Je ne veux pas d’une mort qui dure un mois dans ce service. Cette idée m’apaise et me rend calme. Sinon, j’ai peur d’être piégée, de subir la mort ». Elle veut surtout ne pas être dépossédée de sa mort ; elle s’interroge sur la possibilité de se rendre à Zurich pour se renseigner sur le suicide assisté mais avant de prendre sa décision, elle aurait aimé faire un voyage exploratoire. N’ayant pas pu le faire elle souhaite être transportée à l’Hôpital Saint Antoine, connu par elle pour la qualité des soins. Mais il n’y a pas de place et elle sait que la relation humaine n’est pas à la hauteur de la technicité.

Débattre sur la fin de vie

La caméra est là, pudique et attentive. Menant discrètement la réflexion à côté de la malade ; elle capte la vie ponctuée par ces questions fondamentales ; elle saisit les instants de joie à l’image de l’essayage d’une perruque, d’un émouvant anniversaire ou d’une discussion sur Pina Bausch, quand la vie est encore là. Avec des cadrages serrés et des plans non appuyés, elle s’approche de la maladie et souligne la belle relation avec Elisabeth Angellier, oncologue amie de la malade. Avec le même souci de vérité, elle montre les carences hospitalières ; absence de réponses aux questions fondamentales au prétexte du manque de temps. Et quand la fin approche, la caméra se tourne à plusieurs reprises vers les arbres bercés par le vent. Par pudeur, et pas seulement : notre finitude n’est-elle pas inscrite dans le mouvement de la vie ? On pense à Still the water, film récent où la fin s’inscrivait avec simplicité dans le cycle de la vie.

L'écrivaine Anne Matalon s’est éteinte en juillet 2012 après quatorze ans de souffrance et de lutte contre le cancer.

A l’issue du film le débat portera sur le droit de mourir dans la dignité et l’évolution de la loi Léonetti-Claye actuellement soumises au débat à l’Assemblée nationale et qui fera l’objet d’un vote au printemps.

 

 

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