Quand l’agonie de l’Europe a-t-elle commencé ?
En 2008, lors de la crise financière ? Lors de celle de la dette publique grecque ?
En juin 2016, lors du référendum sur le retrait du Royaume-Uni de l’Union Européenne ?
Bien avant ?
La liste des évènements alertant sur l’état de l’Europe est longue. Elle montre que la patiente ne va pas bien. Que des facteurs de propagation de la maladie qui la rongent comme une lèpre, qui la désagrègent, n’ont pas encore trouvé leurs remèdes. Il faudra sans doute en trouver plusieurs, tant les manifestations de son mal être se multiplient, se diversifient.
On nous avait vendu un beau rêve. L’Europe, belle dame, forte dame, nous en ferait finir avec des guerres fratricides. Elle nous permettrait de circuler librement, de penser librement, d’échanger librement. Elle nous promettait plus d’égalité, plus de fraternité. Presque le bonheur.
Aujourd’hui, depuis hier également, le constat d’échec est affligeant.
Crise grecque. Brexit. Montée des nationalismes. Terrorisme. Immigration sans véritable politique d’intégration…
En France, tout particulièrement, les mêmes maux auxquels on peut ajouter les mouvements sociaux réprimés avec une grande brutalité. Des attaques ciblées en direction du monde du travail, contre les acquis dus à nos anciens. Des syndicats inaudibles donc ni écoutés, ni entendus. Un gauche en miettes dont certaines sont devenues folles. Des débats au ras du sol, sur les sujets importants comme la violence, le terrorisme, l’égalité hommes-femmes, le racisme, le statut de l’école, la laïcité… On s’invective plus qu’on n’échange des arguments. On se cherche querelle plutôt que de s’attacher à trouver des dénominateurs communs qui permettraient de sortir de l’impasse.
La France est divisée, fracturée, archipellisée, ghettoïsée, indigénisée, violente… Raciste ?
La France se déchire sur la question du statut des religions. La loi de 1905, qui légifère sur la séparation des églises et de l’État est, au mieux, incomprise, au pire niée. Revient sur le tapis, la revendication de la suprématie de la loi de Dieu, contre la loi des hommes.
Le XXI° siècle sera laïque, ou ne sera pas ?
Le XXI° siècle, aurait écrit Malraux, sera religieux ou ne sera pas.
N’est-ce pas plus juste d’écrire que le XXI° siècle sera laïque, où ne sera pas ?
Sur la question de la laïcité, on peut lire la contribution d’Henri Pĕna-Ruiz, dans la revue de Michel Onfray, dont il va être question dans cette chronique.
Devant tous ces maux, que faire ? Une nouvelle revue, Front populaire !
Dans la nouvelle revue de Michel Onfray, Front populaire donc, des analyses, des rappels de faits significatifs de l’état de notre pays, des diagnostics.
Une revue intéressante à lire. Une revue qui bouscule le prêt à penser. Une revue qui invite à réfléchir. À faire le point sur nos certitudes, sur nos incertitudes.
« Soyez résolus à ne plus servir et vous voilà libres ! »
Pour Michel Onfray et pour les autres contributeurs à la revue, une solution pourrait empêcher la mort de l’Europe : le souverainisme !
Le mot s’inscrit en lettres majuscules et en rouge, sur la couverture de cette revue qui se veut celle des souverainistes de droite, de gauche, d’ailleurs et de nulle part.
Toujours sur la couverture, une citation de La Boétie : « Soyez résolus à ne plus servir et vous voilà libres ! »
La liste des maux qu’il convient de traiter sont également annoncés sur la couverture : Pandémie. Oligarchie. Illettrisme. Communautarisme. Néolibéralisme. Mondialisation. Immigration. Paupérisation.
Et la question : Que faire ?
18 contributeurs à cette revue numéro 1.
Dans son édito, Michel Onfray écrit :
Voilà une vieille idée qui a toujours échoué, s’entend-on dire depuis que nous avons fait connaître notre projet ! Ça n’est pas faux, mais essayer de comprendre pourquoi permet d’envisager qu’on ne commette pas les mêmes erreurs qui ont fait qu’effectivement, ce projet n’a jamais abouti.
D’abord, convenons qu’en effet c’est une vieille idée et qu’elle a brillé au moment inaugural d’une Europe qui se construisait au prix de la destruction des États, donc des nations. […] Le capital vendait alors sur plan un château en Espagne qui n’avait que des avantages.
Le projet réel ne fut pas clamé sur tous les toits : avec l’accord et le soutien des Américains, il s’agissait de transformer la vieille Europe de Goethe et de Dante, des Descartes et de Cervantès, de Shakespeare et de Pessoa, en un continent où le marché ferait la loi – l’objectif étant d’en finir avec les cathédrales et les bibliothèques au profit des supermarchés et des Macdrive.
[…]
Dispositif à la fois libéral et autoritaire
Treize années d’Europe maastrichtienne ont montré qu’elle était vraiment la nature de ce dispositif à la fois libéral et autoritaire. C’est sa marque de fabrique. Car en lieu et place de l’amitié entre les peuples, du plein-emploi, de la fin des guerres, de la construction d’un peuple, autant d’horizons radieux promis par les maastrichtiens pour vendre leur marchandise, nous eûmes l’augmentation de la xénophobie et du racisme à cause de la concurrence exacerbée entre les travailleurs, le dumping social associé à la destruction du droit du travail, le chômage de masse et l’ubérisation de la société, les petites guerres, (c’est un concept de Clausewitz pour signifier les guérillas…) civiles dans les territoires perdus de la République, le soutien aux grandes guerres coloniales américaines contre nombre de pays musulmans et l’explosion des revendications communautaristes. Joli bilan de cette Europe de Maastricht !
Des fondateurs de l’Europe au passé peu glorieux
Un peu plus loin dans son édito, Michel Onfray rappelle le passé peu glorieux de certains fondateurs. Connivence probable, avec les nazis pour Jean Monnet. Walter Hallstein , le premier président de la Commission européenne, et ce pour un mandat de dix ans, a été un professeur de droit instructeur des soldats nazis et que, de ce fait, il a porté l’uniforme d’officier national-socialiste ; que Robert Schumann, l’un des pères de l’Europe unanimement reconnu comme tel, s’est fait réformer afin d’éviter de combattre pour la France lors de la première guerre mondiale ; qu’il a opté pour la nationalité allemande en 1914 ; […]
Défense de la civilisation judéo-chrétienne…
Michel Onfray est clair sur la question.
Nous souhaitons installer le combat de Front Populaire sur le registre des civilisations. Pour être plus précis : sur celui de la défense de la civilisation judéo-chrétienne. Nous souscrivons à l’idée forte et riche de Marc Bloch qui, on le sait, tient dans une même main historique le sacre des Rois à Reims et la fête de la Fédération.
Du col Mao au Rotary
En fin de son édito, Michel Onfray livre une charge sans complaisance contre les gauchistes, issus de 68.
Faut-il s’étonner que ceux qui souhaitaient cette décadence à l’époque en faisant leurs génuflexions devant Marx et Marcuse, Mao et Trotski, Debord et Che Guevara poursuivent le même objectif cinquante ans plus tard en se faisant les porteurs d’encensoirs de l’Europe de Maastricht qui contribue au projet internationaliste – même si c’est aujourd’hui celui du capital ? Les gauchistes qui sont passés du col Mao au Rotary – au « siècle » si l’on veut actualiser…– Pour reprendre l’excellente formule de Guy Hocquenghem, sont désormais les dévots d’Emmanuel Macron et du front populicide auquel nous opposons ce front populaire. Ces soixante-huitards sont nombreux à s’activer dans les soutes de de l’État profond – auquel nous consacrerons une analyse prochaine…
Que la fête commence !
La fin de cet édito vient faire un peu pâlir ce qui est écrit peu avant, une proclamation de vouloir élever le débat. La référence à Guy Hocquenghem est peut-être malheureuse. Si l’on ne peut résumer l’homme à cela, il faut rappeler qu’il a été un défenseur de la pédophilie. Qu’il a nié la réalité du sida… Ce n’est pas rien, tout de même. À son sujet, un article qui parait bien documenté, sur France culture, signé par Frédéric Martel, à lire ici.
Quand on vilipende d’un côté, peut-être faut-il faire attention à qui fait office de référence ?
Tout l’édito de Michel Onfray est intéressant à lire, non seulement parce qu’il présente les axes de sa revue, mais aussi parce qu’il montre que nombre de faits, personnels ou historiques (ce sont bien des femmes et des hommes qui font l’histoire) nous remontent à la… figure.
Le temps des certitudes des uns et des autres paraît terminé, celui d’une pensée binaire aussi. Donc, ça patauge dur dans les discours, dans les analyses de là où nous en sommes, et là où il faudrait aller. On pourrait dire que tout l’ouvrage est remis sur le métier. Quel sera le nouveau tissu qui sortira de ce remue-méninges ?
La revue Front populaire permet de re discuter. On peut être d’accord, pas d’accord, partiellement d’accord, partiellement en désaccord… Il y a du grain à moudre !
Un cri de guerre plus qu’un appel au dialogue
Quant au Que la fête commence ! final de Michel Onfray, ça ressemble plus à un cri de guerre qu’à un appel au dialogue.
Poursuivant la lecture de la revue, une « surprise ». Deux pleines pages de pub, alors que la revue était annoncée sans pub et financée par les pré-abonnements. L’une pour Valeurs Actuelles, l’autre pour Causeur. Pubs ayant donné lieu à rémunération ?
Plusieurs contributions suivent.
Celle de Thibaud Isabel, qui justifie la construction d’un front populaire contre la mondialisation.
Un entretien croisé entre Philippe de Villiers et Jean-Pierre Chevènement, ardents défenseurs du souverainisme et fins théoriciens.
Georges Kusmanovic part de la pandémie qui touche le monde et l’Europe. Il montre en quoi un virus invisible, produit un effet loupe, sur les travers de la mondialisation, sur l’incapacité de l’Europe à faire face à la protection sanitaire de ses ressortissants.
D’autres contributions encore, qui tendent à montrer, à démontrer, qu’une solution est possible pour faire face à la multitude des maux énoncés : celle du souverainisme, dont une forme de définition se dessine au cours des contributions.
Danièle SECRÉTANT
Front Populaire : déversoir des remugles de la fachosphère
(Par Georges Ubbiali)
J’ai commencé par me boucher le nez quand la rédaction de Factuel.info m’a proposé de faire un papier sur la revue éditée par Michel Onfray. Il faut dire que sous le titre ronflant de « Souverainisme », se rassemble une belle pléiade de réactionnaires patentés. On peut commencer par Michel Onfray lui-même qui après s’être déclaré anarchiste, a soutenu Besancenot à l’occasion de sa première candidature présidentielle, puis a opté pour Jean-Luc Mélenchon, avant dans la dernière période se proposer de rassembler les souverainistes des deux rives (soit, en pratique ainsi que le grand entretien croisé y invite, Jean-Pierre Chevènement et Philippe de Villiers).
Pour cela la rédaction rassemble une belle palette où la prétendue gauche est là pour faire la figuration (Henri Pena-Ruiz, qui s’est récemment revendiqué comme « islamophobe » et Céline PinaNotons d’ailleurs au passage que sur 18 contributeurs à ce premier numéro, on compte 5 femmes. Les deux rives, oui, les deux sexes, à condition qu’elles ne prennent pas trop de place. , en rupture de PS). Pour le reste, on peut compter un sérieux ancrage à droite. Le Figaro, quotidien de la bourgeoisie conservatrice louchant vers le RN fournit un bon bataillon (Alexandre Devecchio, Eugénie Bastié, Mathieu Block-Côté, Philippe Bilger, ex-procureur de son état). Il serait contre nature de s’arrêter en si bon chemin. Thibault Isabel (pas moins de deux articles, c’est dire la hauteur de la pensée) est un cadre de la Nouvelle Droite, rédacteur en chef de la revue Krisis (créée par Alain de Benoist, idéologue en chef du GRECE, laboratoire intellectuel de l’extrême droite). Jacques Sapir, économiste obsédé par la sortie de l’euro et clignant de l’œil devant le RN (il a droit lui aussi à une double contribution). Pour faire bonne mesure, ajoutons encore Stéphane Simon, directeur de la revue, a longtemps été un proche du journaliste se proclamant royaliste, Thierry Ardisson.
Etant donnée la prétention d’Onfray de représenter le peuple (face aux populicides, dixit S. Simon), il offre une tribune libre à la plus drotières des représentantes auto-proclamée représentante des Gilets Jaunes, Jacline Mourraux, candidate avortée aux dernières municipales. Comme ça manquait, une petite touche de souverainisme bien épais, une tribune est offerte à l’ex Insoumis Georges Kuzmanovic, celui là même qui a fondé après son pas de deux avec Jean-Luc Mélechon, le site République souveraine où il versait des larmes à propos de l’incendie de Notre Dame de Paris et du passé religieux du pays« Il rappelle à tous, Parisiens ou visiteurs, que Paris et la France ne viennent pas de nulle part, mais qu’ils sont le produit d’une histoire que nous devons connaître et honorer ».
Tout ça faisait lourd quand même pour donner un peu d’élan pour lire la prose développée par cet aéropage de penseurs. D’autant qu’après l’édito programmatique d’Onfray (« Nous souhaitons installer le combat de Front Populaire sur le registre des civilisations. Pour être même plus précis : sur celui de la défense de la civilisation judéo-chrétienne (…) Le problème n’est plus d’opposer ceux qui croient en Dieu et ceux qui n’y croient pas, ceux qui votent à droite et ceux qui votent à gauche, mais ceux qui croient à la France et ceux qui n’y croient pas », p. 10), on a droit à une page de pub, pour Valeurs actuels, hebdomadaire qui s’essaie à remplacer Minute, puis, histoire de faire bon poids, à une suivante pour Le Causeur le mensuel de la réaction éclairée animé par Elisabeth Lévy.
Bien écrit mais rien de nouveau…
On conviendra qu’il faut du courage pour lire ce genre de revue. Je m’y suis attelé et pour être franc (d’entrée de jeu), je n’ai pas apprécié particulièrement. La plupart des articles sont bien écrits (c’est le moins qu’on puisse attendre d’une revue intellectuelle), même si l’on n’y apprend pas grand-chose de franchement nouveau. C’est le cas de la contribution de Henri Pena-Ruiz qui répète papier après papier sa même confiance dans une perspective laïque à la sauce jaurésienne, sans trop s’attarder, depuis le nuage des idées, à la réalité d’une France qui finance hardiment les écoles privées, qui paie le salaire (et les retraites) des prêtres, pasteurs et rabins (pas les imams, faudrait pas trop tirer sur la corde) grâce au Concordat en Alsace-Moselle et qui met largement la main à la poche dès qu’il s’agit de restaurer un clocher.
Mathieu Bock-Côté, dans une critique acérée de la modernité, dresse une ode aux appartenances localisées, variante de la rengaine pétainiste d’une terre qui ne ment pas. Les immigrés, eux par contre, non seulement sentent (Chirac et l’odeur), mais en plus ne reconnaissent pas les bienfaits de la souche : « L’immigration massive, qui a transformé démographiquement les pays occidentaux en l’espace de quelques décennies, a contribué à les déstructurer en les participants à la formation dans leurs frontières de communautés nouvelles, souvent mal intégrées, au point qu'elles en sont venues à former de nouveaux peuples », p. 136.
Si le message n’était pas suffisamment clair, Céline Pina en rajoute une couche : « Ceux qui refusent cette égalité ne sont pas intégrés ni intégrables qu’ils soient sur notre (combien l’as-tu payé ?) territoire depuis des générations ou qu’il viennent d’arriver », p. 133. Eugénie Bastié n’a pas peur de commencer son article (« Pour un souverainisme vert »), ajoutant la nécessaire touche d’écologie en ces temps de grande atteinte à l’environnement, par une citation du chancelier autrichien Sebastian KurzDirigeant du Parti populaire, il a présidé une coalition avec le FPO (extrême droite), et désormais avec les Verts. « Il est tout à fait possible de protéger le climat et les frontières ». Ça c’est du souverainisme intelligent, qui fait progresser notre compréhension des dégradations en cours. Les atomes du nuage radioactif de Tchernobyl ont dû faire un écart quand ils sont arrivés à la frontière autrichienne. On suppose de même que le réchauffement climatique a frappé à la porte avant de commencer à faire fondre à grande vitesse les massifs glaciaires de ce pays.
Le manque de mémoire de Jean-Pierre Chevènement
A défaut de pouvoir rentrer dans le détail de chacune des contributions au risque de provoquer une lassitude parfaitement compréhensible chez les lecteurs et lectrices de Factuel.info, arrêtons sur l’échange entre les deux géantsMichel Onfray dans son édito, p. 9, n’a pas peur de verser dans l’amphigourisme en évoquant « (…) les pères fondateurs (du souverainisme) – j’ai nommé Chevènement et de Villiers (…) ». Pasqua doit se retourner dans sa tombe et Dupont-Aignan grincer des dents pour cette éviction flagrante. « (d’un) retour d’un idéal français » : Chevènement et de Villiers. Evidemment à ce niveau de réflexion, pas question de trouver la moindre trace de racisme à peine déguisé comme dans d’autres contributions. Dans les nuages, l’air est sain ! Tout leur échange se porte sur une critique de l’Union européenne, ce que Stéphane Simon désigne comme son texte introductif comme « nos dépendances à l’Union européenne, du dépeçage de nos héritages, du démantèlement de nos industries, des profits de la grande braderie, du laisser passer et du laisser-faire, de l’internationalisation du travail, de la mutualisation de nos faillites et de la mondialisation à marche forcée », p. 3.
Loin de moi l’idée d’essayer de défendre le bilan de la faillite qu’est l’UE. Mais j’ai un peu plus de mémoire que Jean-Pierre Chevènement pour me souvenir que « L’Union européenne a mis la démocratie en congé », cette caractéristique faisait partie du programme du PS, dont le Che était membre à cette période là. La promotion de la conception d’une Europe via l’UE figure comme un des dogmes du Parti socialiste et ce, dès les années 1950. Bien des critiques développées peuvent rencontrer l’adhésion. Mais quand de Villiers tonne contre « La mondialisation [qui] est un système de spoliation », on se poile. Que n’a-t-il défendu lorsqu’il était député, député européen, président du Conseil général de Vendée, secrétaire d’Etat à la culture ? L’internationalisme prolétarien ? Il a largement partagé le fait que « Bruxelles n’est pas un corps politique, mais un corps juridique ». Remarque tout à fait pertinente pour qui s’intéresse d’un peu près à la manière dont se construit l’UE. Mais c’est se mettre le doigt dans l’œil jusqu’à la garde (et attention, ça fait mal) que de prétendre que la nation constituerait le rempart à ce processus. Parce que la nation, française, en l’occurrence, est totalement co-responsable de l’édification de cette Europe. Faut il le rappeler ? La base de construction de l’UE repose sur l’intergouvernementalisme. TOUTES les décisions importantes concernant l’UE sont le résultat des tractations entre différents gouvernements européens. De fait, le prétendu projet de » destruction de la civilisation judéo-chrétienne », « si nos sommes amalgamés dans le brouet du même », p. 152, cela correspond à la volonté des dirigeants actuels et passés de la Nation (La majuscule s’impose évidemment).
On l’aura compris, les comparses d’Onfray, en se gargarisant avec le peuple et la Nation comme alternative au développement européen, en érigeant Front Populaire comme « revue des souverainistes, de droite, de gauche, d’ailleurs et de nulle part » (4e de couverture), ne fait que préparer la voie à la constitution de l’arc de cercle autour de la candidature de Marine le Pen. La gauche, celle qui réfléchit sur la base de l’existence des classes sociales, ne peut que se positionner contre cette variante à peine renouvelée du fascisme. Faut il rappeler que c’était la vocation du Front populaire à son époque et non la frauduleuse captation qu’opère Onfray and co avec ce titre.
Georges UBBIALI