Des patates bio contre les OGM

Le collectif pour une Franche-Comté sans OGM organise une plantation militante samedi 20 avril à Dannemarie-sur-Crête. Henri Renaud explique pourquoi. Claude Vermot-Desroches parle des contrôles au sein de la filière comté qu'il préside.

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Pourquoi avoir choisi de planter des patates sur un champ où vous avez planté du maïs ?
D'abord parce qu'il y a eu ces plantations en Belgique. Et puis, cela fait deux ans qu'on met du maïs au même endroit : on ne va pas faire nous-mêmes ce qu'on reproche aux autres. On pratique la rotation...

Y a-t-il des OGM en Franche-Comté ?
Pas à notre connaissance dans les champs. Il n'y a pas encore d'intérêt économique pour les patates, et le maïs OGM n'est pas adapté au climat de la région. Mais les OGM viennent sous une autre forme dans l'alimentation des porcins, voire des ovins, on a vu un cas en Bretagne avec des croisements de filières. Il y a moins de nécessité en Franche-Comté car on est habitué aux rotations de culture et à la polyculture, même en Haute-Saône et dans le nord du Jura. 

L'action se tiendra près de la gare de Dannemarie-sur-Crête dès 10h30 sur la parcelle où du maïs bio a été planté ces deux dernières années. Elle intervient après la journée internationale des luttes paysannes du 17 avril de Via Campesina «contre l'accaparement des terres, de l'eau, de nos semences traditionnelles et contre la criminalisation de nos luttes». 
L'action de samedi a une revendication plus immédiate : l'abrogation de la loi sur la Certification d'obtention végétale du 8 décembre 2011, considérée comme l'anti-chambre de la brevetabilité du vivant. Il s'agit aussi de soutenir les onze accusés d' «association de malfaiteurs» qui ont «remplacé des patates OGM par des patates bio sur une parcelle expérimentale» et doivent comparaître le 28 mai devant un tribunal belge.

La filière porcine franc-comtoise achète des aliments OGM pour nourrir ses animaux...
Oui. Dans l'Ain, on a vu un éleveur de cochons cultivant du maïs OGM... Il disait qu'il n'avait ainsi pas de pyrale du maïs, donc pas de moisissure, donc pas de toxine dans les grains, donc que ses cochons se portaient mieux.

C'est un argument qui peut s'entendre, non ?
Non. Les larves disparaissent l'hiver. Là où elles subsistent, c'est dans les grandes cultures où l'on ne brise pas les tiges ou une partie seulement. C'est un travail de les broyer et de déchaumer.

La filière bovine ne produisant pas de lait AOC-AOP est-elle susceptible d'être concernée ?
Il y a toujours des risques. L'exportation de soja OGM se fait par les mêmes ports que celle du soja non OGM au Brésil. Les négociants ne savent pas toujours à qui ils vendent. Plus il y a d'intermédiaires, plus il y a de risques.

La contamination peut-elle se faire par les entrepôts ?
Oui, on l'a vu dans l'ouest... Et il n'y a pas d'échange d'informations entre les organismes certificateurs.

Les OGM s'achètent aussi par internet...
C'est sûr... Il y a ainsi des possibilités de fraude dans la filière comté.  

On avait vu un producteur de lait à comté découvrant qu'on lui avait livré des aliments OGM. Le fabricant, Néolait, avait annoncé arrêter les OGM...
La filière comté est sans OGM, mais ça n'écarte pas les pollutions croisées. C'est vite fait si deux entrepôts sont très proches. Il suffit d'un intérimaire à qui on demande d'aller chercher du soja sans préciser lequel, et il se trompe. Le plus simple serait que les fabricants non OGM ne fassent pas d'OGM. Monsanto a ainsi une filiale qui fait du bio...

Claude Vermot-Desroches, président du comité interprofessionnel du comté : «Il faudrait plusieurs fraudes pour qu'on prononce une exclusion...»
«Avec les Savoyards, nous avons agréé un aliment non OGM, sans huile de palme ni azote de synthèse... Il n'est pas obligatoire, mais conseillé. Les éleveurs qui l'utilisent son garantis. S'ils achètent d'autres aliments, on peut exiger des analyses complémentaires à leur charge ou celle du vendeur. Nous allons chez la quarantaine de fabricants, ils veulent tous en être !»
Certains font-ils les deux : OGM et non OGM ?
«C'est arrivé, quand ils n'ont pas deux sites distincts, qu'il y a un problème de pollution...»
N'y a-t-il pas quand même un problème avec la filière porcine régionale où certains nourrissent leurs porcs avec des aliments OGM en mettant en avant les prix ?
«Ils pensent d'abord à la rémunération des porcs, avant le cahier des charges... Ils aimeraient davantage d'efforts des transformateurs».
Y a-t-il eu des contrôles positifs dans la filière comté ?
«Oui... Dont un cas de notre fait, sur du lait en poudre. Et quelques autres cas où les marchands d'aliments et les fabricants ont dû se conformer à notre cahier des charges».
Néolait a-t-il vraiment arrêté les OGM ?
«Oui ! Quand il y a des contrôles positifs, les fabricants le reconnaissent... Chez les éleveurs, on exige une mise en conformité, mais on ne prononce pas d'exclusion : il faudrait plusieurs fraudes...»
Combien y a-t-il de contrôles ?
«Chez les marchands d'aliments, une à deux fois par an. Ils doivent aussi fournir leurs documents d'auto-contrôle».

 

 

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