Des inégalités de revenus criantes à Besançon

Une étude de l'INSEE montre que les 10% les plus aisés gagnent 9,4 fois plus que les 10% les plus pauvres qui vivent avec moins de 3.963 euros par an par « unité de consommation ». Au niveau de l'agglomération, les 10% les plus pauvres sont ceux qui gagnent moins de 11.187 euros.

planoise

Les 10% les plus riches de l'agglomération de Besançon disposent d'au moins 38.100 euros par an et par unité de consommationL'unité de consommation est un système de pondération attribuant un poids spécifique à chaque membre d'un ménage afin de permettre les comparaisons de niveaux de vie : le premier adulte compte pour 1, les autres plus de 15 ans pour 0,5, les moins de 14 ans pour 0,3. et ont un revenu fiscal 6,3 fois plus élevé que les 10% les plus pauvres qui perçoivent moins de 6.050 euros. Le revenu médianrevenu médian : la moitié gagne plus, la moitié gagne moins. est de 19.550 euros. C'est l'un des enseignements de l'étude que vient de réaliser l'INSEE sur les Disparités sociales infra-urbaine dans la communauté d'agglomération du Grand Besançon. 

Sur la seule ville de Besançon, le revenu médian est de 17.700 euros et l'écart entre riches et pauvres est plus grand : les 10% les plus aisés gagnent au moins 37.231 euros et 9,4 fois ce que touchent les 10% les plus pauvres qui sont à moins de 3.963 euros. Sur les 58 autres communes de l'agglomération, le revenu médian est de 22.100 euros et les 10% les plus aisés gagnent plus de 39.625 euros, soit 3,5 fois plus que les 10% les plus pauvres qui perçoivent moins de 11.187 euros.

La pauvreté concentrée sur onze quartiers dont dix à Besançon

Autrement dit, ces chiffres témoignent d'inégalités de revenus plus importantes en ville qu'au niveau de l'agglomération, mais aussi de la concentration de la pauvreté à Besançon, notamment dans une dizaine de quartiers, et de la plus grande dispersion sur le territoire de l'agglomération des ménages aisés. Cela se voit notamment sur la carte de la « ségrégation résidentielle » qui montre les quartiers où les plus pauvres sont surreprésentés : Planoise, le quartier le plus peuplé de la ville, puis Clairs-Soleils, Montrapon-Fontaine-Ecu, Palente-Orchamps, Brûlard (les 408), l'Amitié, les Hauts de Saint-Claude, avec une « intensité moins fort » Battant, et dans l'agglomération le quartier Curie-Pasteur de Novillars.

Enjeux pour les futurs contrats de ville
Un des enjeux de la problématique étudiée par l'INSEE est de savoir quels quartiers figureront dans la cartographie des 200 quartiers de France retenus par l'agence nationale de rénovation urbaine parmi les quelque 1.300 potentiellement concernés. Pour l'instant, « les deux quartiers les plus pauvres, Planoise et les 408, devraient en être. On a demandé que les Clairs-Soleils, qui n'apparaît plus dans le classement de l'Etat, y soit aussi », dit Nicolas Bodin, l'adjoint à l'urbanisme de Besançon.

Les hauts revenus sont surreprésentés dans les quartiers bisontins de Bregille et Velotte, puis les quartiers nord des Tilleroyes, des Montboucons et de Saint-Claude, dans des communes de Tallenay, Châtillon-le-Duc, Miserey-Salines, Auxon-Dessus, Ecole-Valentin, Pirey, Pouilley-les-Vignes au nord de l'agglomération, ainsi qu'Avanne-Aveney, Morre et Montfaucon.  

 L'INSEE a comparé ces chiffres à ceux de cinq autres agglomérations de capitales régionales moyennes (Amiens, Caen, Limoges, Metz et Poitiers). Il en ressort que l'agglomération bisontine, est des six étudiées, la plus égalitaire en termes d'écart entre gros revenus et faibles revenus. Caen est l'agglomération la plus homogène avec les différences les plus faibles entre ville et banlieue. Poitiers est la ville au plus gros écart de revenus : les 10% les plus riches perçoivent 14,5 fois plus que les 10% les plus pauvres. Amiens est la ville au revenu médian le plus faible (16.200 euros) mais dont les communes voisines ont le revenu médian le plus élevé (22.500 euros).

Les limites de la comparaison des agglomérations d'une même strate

Pour mettre en évidence ses indicateurs de fragilité sociale des territoires, l'INSEE prend comme base de référence et de comparaison ces six agglomérations de la même strate de population. Il en ressort que la CAGB a deux facteurs de fragilité plus importants que les autres agglomérations : elle compte davantage de salariés en emploi précaire (intérim, emplois aidés, CDD) et à temps partiel : 3 points de plus. En revanche, avec moins de logements sociaux, d'allocataires du RSA socle, de bénéficiaires de la CMU, une moindre proportion de personnes à bas revenus ou de familles monoparentales, la CAGB est moins fragile que les autres.

Les fragilités par quartier
L'INSEE relève aussi pour Besançon une surreprésentation statistique des non diplômés à Planoise, Montrapon, Brûlard, Palente-Orchamps ; des personnes âgées vivant seules à Palente-Orchamps, les Chaprais, Montrapon ; des jeunes chômeurs de 15 à 24 ans à Planoise, Montrapon, Saint-Claude, Palente, Brûlard ; des familles monoparentales à Planoise, Montrapon, Brûlard, Clairs-Soleils, Saint-Claude.

L'ennui, c'est que limiter la comparaison à cinq agglomérations proches ne permet aucune conclusion quant à la fragilité sociale du territoire. Il aurait été intéressant de la situer dans un cadre régional et national, et non dans une sorte de concurrence avec d'autres petites capitales régionales, menacées de déclassement par la fusion des régions...

La ségrégation résidentielle renforcée

Audrey Mirault, démographe et co-auteur de l'étude, explique que la démarche retenue est nationale et constate que « les villes-centres ont des populations plus pauvres et plus riches ». Quant aux villes plus petites, qui ne figurent pas dans l'étude mais qu'elle connaît, « la pauvreté y est encore plus concentrée, par exemple Luxeuil ou Lure ».

Un autre constat a été fait, qui recoupe celui exposé par le géographe Christophe Guilluy dans La France périphérique, c'est la rotation relativement rapide dans le parc de logements sociaux : « plus particulièrement à Planoise et à la Cité Brûlard, plus de la moitié des ménages installés depuis 2000 ont des revenus faibles ». Parallèlement, les ménages les plus aisés « s'installent, depuis les années 2000, prioritairement dans les secteurs situés au nord de Besançon, et dans les communes limitrophes, plus particulièrement au nord-ouest, confirmant, voire renforçant la ségrégation résidentielle au sein de la CAGB ».

 

 

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