- Comment analysez-vous la désaffection pour les disciplines nordiques dans le massif jurassien ?
Comme un enjeu touristique fort. La pratique du ski de fond a explosé après les JO de Grenoble, en 1968. L'essor du skating est venu 10 ans après. On a alors pensé que l'enseignement du ski de fond devait être un enseignement du skating... Le ski de fond est aussi devenu cher avec redevance, la sophistication du matériel... Dans le massif jurassien, les hébergements sont insuffisamment nombreux et qualitatifs. Et le ski est concurrencé par la marche, la raquette...
- Que faire ?
Revenir aux fondamentaux. Ce qui a fait le succès du ski de fond, c'est une politique familiale.
- Comment ?
- Il faut des sites où l'on trouve l'ensemble des pratiques nordiques, réfléchir à l'aménagement. Nous proposons de créer un site pilote sur le Haut-Doubs.
- Où ?
- On n'en est pas encore là et la Région n'est pas maître d'ouvrage, elle incite en subventionnant des études. La communauté de communes du Mont d'Or et des deux lacs est candidate. Il faut pouvoir organiser des compétitions, de grands rassemblements qui apportent une image. À l'inverse des Alpes, nous avons dans le massif des clubs dynamiques, avec un bénévolat important, des sites toutes saisons.
- Que tirez-vous des enquêtes touristiques ?
- Il faut des lieux de pratiques douces avec des moniteurs compétents, des jardins, des fils neige... 62% des touristes viennent en famille, c'est à prendre en compte dans l'animation des sites, avec un espace accueil, un espace sportif, un espace contemplatif. Voyez Prénovel qui propose une palette de pistes de 5 à 40 km. L'atout du Jura, ce sont ses espaces naturels qui varient beaucoup en quelques kilomètres, à la différence des Vosges ou du Vercors.
- Le Grand-Bornand aimerait bien récupérer le centre national de ski de fond qui est aujourd'hui à Prémanon...
- Ils ne l'auront pas ! La culture nordique est jurassienne. Ils veulent avoir la coupe du monde de biathlon, mais ils n'ont pas d'équipement. Ce n'est pas en dézinguant les autres qu'on avancera. On avancera si on est bon. Dans le massif jurassien, nous avons un problème : l'accueil. La population est accueillante, certains gîtes vous accueillent comme un membre de la famille, le problème n'est pas là. Nous manquons d'accueil spécialisé professionnel. Quand on arrive à quatre dans un restaurant à 20 h 30 et qu'on dit non, il y a un problème. Quand la délégation officielle italienne qui avait prévenu qu'elle arrivait à l'hôtel entre minuit et 1 h trouve l'hôtel fermé, il y a un problème. Quand une délégation de sénateurs visitant le massif n'a pas de petit-déjeuner le matin, il y a un problème. Dans les Alpes, ils sont peut-être moins sympas, mais ils vous font à manger à 22 ou 23 h.
- Il n'y a pas que l'accueil, quand même !
- L'avenir nordique est la survie touristique de la montagne. Il faut par exemple pouvoir mettre à disposition du public le pas de tir de biathlon en été. Il y a aussi une demande pour des pistes non tracées, du ski-nature...